Le grand jeu diplomatique autour du nucléaire iranien se poursuit à Vienne, sans aucune visibilité sur l'issue de cette négociation hors norme, qui était censée se conclure hier, mais pourrait se prolonger encore, faute de compromis sur des points décisifs. «C'est le grand inconnu» pour les observateurs. Les négociations, d'abord suspendues, ont repris avec une réunion des chefs de la diplomatie du P5+1 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie, Chine, France et Allemagne), suivie d'une plénière avec l'Iranien Mohammad Javad Zarif. Mais après onze jours de négociations acharnées dans la capitale autrichienne, les tractations butent toujours sur des questions jugées «décisives». Et même la possibilité d'un «échec» n'est pas exclue. Pour conjurer un tel scénario, qui ruinerait près de deux ans d'efforts destinés à apurer un contentieux qui empoisonne les relations internationales depuis plus de douze ans, les protagonistes parlent de prolongation des négociations. Initialement fixée au 30 juin, la date-butoir avait été repoussée d'un commun accord entre les parties. L'Iran a toujours démenti les accusations des Occidentaux devenues systématique de poursuivre des objectifs nucléaires militaires. En parallèle Téhéran revendique son droit à exploiter une filière nucléaire civile complète, y compris l'enrichissement d'uranium. L'Iran, comme les grandes puissances, ont exprimé leur volonté d'aboutir, tout en refusant de souscrire à un «mauvais accord». Les négociations butent sur les mêmes points clés depuis des mois, essentiellement la question des sanctions. Téhéran veut une levée substantielle et rapide des sanctions prises à partir de 2006. Le P5+1 insiste, lui, sur un processus progressif et réversible au cas où Téhéran ne tiendrait pas ses engagements. Téhéran demande que l'embargo sur les armes ne soit pas maintenu après la conclusion d'un accord. Ce qui ne semble pas agréer les Occidentaux. Les puissances régionales -Israël et les monarchies du Golfe- voient déjà mal un compromis avec l'Iran et dénoncent l'influence supposée de Téhéran sur tous les terrains de conflits régionaux: Irak, Syrie, Liban, Yémen. Un autre point d'achoppement concerne la PMD, la possible dimension militaire du programme nucléaire iranien. Les Occidentaux réclament des éclaircissements sur les recherches passées de l'Iran. Une autre pression contre visant Téhéran. L'Agence internationale de l'Energie atomique (Aiea), organisme onusien, exige l'accès aux sites, documents et scientifiques liés aux recherches. Téhéran soucieuse de sa souveraineté a toujours démenti avoir voulu se constituer un arsenal nucléaire militaire. Bien que l'Iran et l'Aiea semble avoir fait «un grand pas» sur ce dossier, au lendemain de la visite d'une délégation de l'agence atomique, le grand accord tant attendu reste sujet à de grandes pressions. R. I.