La Syrie a accueilli avec aplomb les menaces américaines de frapper pour la première fois son armée en soutien à des groupes formés par Washington, dont l'action reste sujette à suspicion. Un porte-parole de la Maison-Blanche a prévenu que Damas «ne doit pas interférer» avec les actions des groupes formés par les Américains pour officiellement combattre l'organisation extrémiste Daech. Sinon, a-t-il dit, «des mesures supplémentaires» pourraient être prises pour les protéger, laissant planer une bravade sur d'éventuelles frappes aériennes contre les forces syrienne. Officiellement, les autorités syriennes n'ont pas réagi, mais la presse a qualifié Washington d'hypocrisie et de vantardise. «Les terroristes que Washington entend défendre ne sont que l'autre face de l'extrémisme dont souffre la Syrie et cette dernière les combattra jusqu'à l'anéantissement», a assuré le quotidien gouvernemental Al-Thawra. «L'Amérique ment ouvertement en affirmant qu'elle veut combattre Daech. La coalition internationale qu'elle a formée se borne à faire du grand spectacle dans le plus pur style hollywoodien en Syrie et en Irak». Damas considère comme «terroristes» l'ensemble des groupes en action sur le terrain et soutenus par l'extérieur depuis le début de la guerre en Syrie. Une coalition dirigée par Washington mène depuis septembre 2014 des frappes contre les positions de ces deux groupes djihadistes. Avec des résultats pour le moins mitigés. Bien que les Américains aient appelé à plusieurs reprises au départ du président syrien, ils n'ont jamais osé user d'action militaire directe contre Damas. Un haut responsable de sécurité syrien a minimisé les menaces américaines. «Il s'agit de propos destinés aux médias. Les Etats-Unis ont affirmé que la coalition allait écraser le terrorisme mais ce sont les forces sur le terrain (l'armée syrienne) qui fixent les lignes de front». «Depuis trois ans, ils (les Américains) parlent de zone tampon (dans le nord de la Syrie), mais les souhaits sont une chose et la réalité en est une autre». «Tout est possible dans la guerre, mais notre lecture montre que les choses vont vers l'apaisement et non vers une aggravation du conflit», a assuré ce haut responsable. Une source politique syrienne a révélé que «les Etats-Unis ont fait parvenir un message à Damas de ne pas s'inquiéter de ces déclarations, car il s'agit en fait de frapper durement Al-Nosra et non pas l'armée syrienne», a-t-il affirmé à l'agence française de presse. Ce groupe mènerait la chasse contre les 54 fameux rebelles armés et équipés par Washington, entrés mi- juillet en Syrie et censés lutter contre les djihadistes de Daech. Ils sont qualifiés de «rebelles modérés» par les Américains. Les Etats-Unis ont annoncé avoir mené vendredi leur premier bombardement aérien pour défendre ce groupe. L'analyste Charles Lister, du Brookings Doha Centre, exclut une confrontation entre les Etats-Unis et la Syrie estimant que les déclarations américaines marquent plus un changement dans le ton que sur le terrain. R. I.