Toutes les rumeurs se sont avérées fausses. La journée d'avant-hier était une journée ordinaire pour les Algériens. Les commerces, le transport, tout fonctionnait le plus normalement du monde. Les commerces étaient ouverts depuis la matinée, au grand bonheur des Algériens qui vivaient dans la peur depuis quelques jours. Tous les produits nécessaires étaient disponibles. Mieux encore, les prix de tous les produits ont curieusement baissé. Des prix "attrayants" qui ont poussé le citoyen, encore une fois, à faire ses emplettes. Sur les étals, les prix des fruits et légumes ont baissé. à titre d'exemple, à Alger la pomme de terre était cédée à 30 DA, alors qu'elle était vendue entre 50 et 55 DA à j-1 de cette échéance. La carotte varie entre 50 et 60 DA/kg. La tomate fraîche était cédée à 50 DA contre 120 DA les jours précédents. Les produits de saison aussi ne sont pas épargnés par cette diminution inattendue. A savoir que les fèves vendues à 80 DA, contre 150 DA. Idem pour les petits pois qui ont été vendus à 80 DA. Le haricot vert est cédé à 100 DA. L'oignon à 25 DA/kg. Les prix des fruits aussi ont connu une baisse sensible au jour du scrutin. La banane à 140 DA/kg. L'orange est cédée à 50 DA. Les dattes à 400 DA/kg et le kilo du poulet est affiché à 250/kg. Notons que le lait en sachet, qui a connu, rappelons-le, une pénurie depuis le début de l'année en cours, était disponible hier, comme par magie, dans la majorité des points de vente. Cependant, on pouvait remarquer que presque toutes les superettes, boulangeries, étaient ouvertes hier, et cela dès le lever du jour. Il y avait même des files d'attente. C'est dire aussi qu'il y a eu beaucoup de familles algériennes qui n'ont pas été atteintes de la fièvre des achats et de la peur des élections. " Aujourd'hui les prix ont baissé, je profite donc pour m'approvisionner de quelques produits alimentaires et légumes. Je n'ai pas fait le marché hier, parce que les prix étaient inabordables. Je ne donne pas l'occasion aux commerçants pour m'imposer leur diktat. Et les Algériens doivent réagir de la sorte pour mettre fin à cette hausse fréquente des produits alimentaires. S'il y aura révolte ce n'est pas les 4 kilos de pomme de terre ou un sac de semoule qui sauveront les Algériens de la pénurie ", témoigne Na Zahra, rencontrée hier au marché Clausel, avant d'être interrompue par Lamia qui ironise : "Comme par miracle, les prix ont baissé aujourd'hui, on espère qu'ils garderont le même rythme après le vote ". Certaines informations diffusées il y a quelques jours, par la bouche-à-oreille ont semé une véritable psychose. Ces rumeurs ont fait état d'une véritable pénurie de produits alimentaires de base que subiront les Algériens, à partir du 17 avril, jour du déroulement du scrutin. Cette mauvaise blague a poussé de nombreux Algériens à prendre d'assaut les magasins d'alimentation générale, les supérettes et les marchés de fruits et légumes, pour s'approvisionner avant le terrible jour J, afin d'échapper à toute pénurie qui s'annoncerait éventuellement, en cas de perturbations qui pourraient avoir lieu après le 17 avril. Cependant, il a fallu aussi subir le " diktat " des commerçants qui ont profité de la situation pour revoir les prix de la quasi-totalité des produits alimentaires à la hausse, au grand dam des citoyens. En effet, la veille du scrutin, dès les premières heures de la matinée, les marchés de la capitale étaient noirs de monde. Et les commerçants exerçant au niveau des marchés populaires nous ont affirmé que les prix de ces produits de large consommation ont augmenté de 15 % par rapport aux jours précédents. D'ailleurs, il faut souligner qu'en dépit de cette hausse de la mercuriale " inexpliquée ", le consommateur n'a pas hésité à payer cher pour faire ses stocks, par peur des perturbations et de révolte. " Nous avons décidé de nous approvisionner en denrées alimentaires de première nécessité comme le lait, l'huile, la farine et les pâtes, histoire de tenir le coup durant les temps de disette que nous ne souhaitons vraiment pas voir venir ", nous fait remarquer une dame que nous avons croisée hier au marché de Kouba.