Existe-t-il encore, dans un champ politique pratiquement fictif, ou alors là où la décision n'est pas fictive, c'est-à-dire dans les coulisses, des certitudes idéologiques bipolaires de celles dont on disait qu'elles étaient responsables du dévoiement du processus de " démocratisation " ? Il faut bien avoir l'honnêteté de beaucoup recourir au conditionnel pour localiser les vrais centres de décision et de s'abstenir de personnaliser ce qui revient au système, car c'est le système et non les hommes qui dicte les conduites non à des hommes mais aux " institutions ". Ceux qui ont été promus à de hautes et à de très hautes fonctions trouvent un moule pour s'y façonner. La feuille de route n'est jamais blanche. Il n'y a pas de moteur de la vie politique et il n'y a pas de moteur de la vie sociétale. Cela fait longtemps que les partis, de part et d'autre de la ligne de fracture qui sépare le pouvoir de l'opposition, ont renoncé à manifester leur présence au sein de la vie politique. Ce n'est pas aujourd'hui qu'il faudrait confondre les changements de discours avec le changement de stratégies actives. Si à l'observation, comme on dit à " l'œil nu ", il n'est pas apparent que des parties des populations soient entraînées encore à en découdre autour du clivage " démocratie, théocratie ", cela ne signifie pas qu'il serait impossible et pas du tout inquiétant qu'un parti en vienne à retourner à un passé condamné en demandant à (re) livrer les mosquées aux personnes non habilitées légalement à y prêcher. Il est vrai que cette fois-ci le discours du ministre des Affaires étrangères n'est pas complaisant. Alors que les partis légaux dits d'obédience islamiste qui s'en réclamaient sont pratiquement tous laminés par des redressements qui les ont désenracinés, ne pouvant plus en conséquence,(re) porter leurs anciennes convictions présentées comme non négociables, l'estocade au pouvoir vient de l'intérieur du pouvoir lui-même. Il était apparu quand même une profonde contradiction décridibilisatrice du Parlement au regard du fait que la proposition de dépénalisation du prêche soit estimée acceptable par la commission de l'ancienne législature, alors que c'est la même représentation politique, soit la majorité dite résumée par l'alliance, qui avait pénalisé le prêche. Que s'est-il passé entre-temps pour que les convictions changent, alors qu'il s'agit des mêmes partis politiques ? Cela nous ramène au nomadisme des " militants " dont sont rares ceux qui ont changé de partis pour rester fidèles à leurs idées mais par contre nombreux sont ceux qui ont changé d'idées pour rester fidèles à leurs intérêts. Cela nous rappelle également avec quelle fougue les mêmes avaient défendu la validité de la loi sur les hydrocarbures puis l'avaient "descendue en flèches pour l'invalider une année après. Il faut bien reconnaître qu'il y une réelle " disjonction " entre la classe politique et la société qui n'est encadrée ni par les partis politiques, ni par le mouvement associatif, ni par l'administration, dont il est vrai que cela n'est pas son rôle, et les phénomènes négatifs enregistrés en apportant la preuve. Un champ politique en décomposition ? Pourrait-il en être autrement avec les conceptions qui existent actuellement de la vie politique ? Un champ sociétal en décomposition ? Pourrait-il en être autrement quand les associations dites de la société civile n'existent en majorité que dans les textes ?