Puisque dans tous les discours de la classe politique et même dans les échanges d'amabilité et d' " inamabilité " au sein de la société il y a toujours la référence à Dieu et à la religion, autorisons-nous à dire que nous avons fabriqué un système qui ne permet pas à l'opposition d'exiger du pouvoir qu'il s'applique le principe de l'euthanasie politique. " Haram " dit-on dans la religion musulmane. Dans tous les pays inclus dans notre espace civilisationnel, tous les présidents sont désignés puis nommés à vie. Or, seul Dieu, dit-on, retire la vie. Qui connaît les limites biologiques naturelles de chaque président ou de chacun de nous, à part Dieu? La présidence à vie, même les présidents de partis y sont accrochés. Les présidents des républiques pouvaient être renversés par des coups d'Etat, mais cela ne se fait plus. Pour les présidents de partis, le redressement est l'équivalent d'un coup d'état. D'ailleurs, le redressement en Algérie a remplacé le coup d'Etat de juin 1965. Trois concepts équivalents, à savoir coup d'état, redressement, sursaut historique. Il faut bien le dire à la suite de ceux qui l'ont déjà dit, les intellectuels ont beaucoup contribué à donner un contenu scientifique aux discours des pouvoirs successifs. Or, ce sont les intellectuels qui sont les éveilleurs des consciences. Pour l'action, il y a les jeunes. Pour en profiter, il y a les autres, ceux qui savent se mettre à l'abri car seuls ceux qui survivent en profitent. Alors, pourquoi attendre du pouvoir qu'il dise qu'il devrait remettre le pouvoir à ceux qui le réclament? Nous savons bien quel rapport au pouvoir (le kourci) nous entretenons. La stabilité dans le pays signifie la stabilité du pouvoir. La Constitution n'enferme pas le président dans " les obligations" mais bien au contraire lui ouvre le champ des possibilités. Nulle part il n'est écrit " le président doit " mais plutôt le " président peut ". L'alternance ? C'est un phénomène étranger à notre classe politique. Changement d'équipes, mais pas d'alternance. Même la mouvance islamiste est pour le changement d'équipes mais pas de projet qui doit rester le même pour tous, c'est-à-dire le projet islamiste. L'opposition sait bien qu'il n'y a jamais eu une majorité en provenance du champ politique, c'est-à-dire de partis politiques, sauf une fois, mais ce n'était pas pour instaurer la démocratie. Il ne sert plus à rien que trop de questions se posent sur l'impossibilité ou l'opportunité à faire appliquer des lois quand la perception de celles-ci dépend de la distance par rapport au pouvoir ou à l'opposition. De même, il n'apparaît plus que puisse exister une crise qui pourrait remettre en cause la légitimité acquise par les élections quand bien même que l'opposition aligne une batterie argumentaire. La nature des réactions dépend de la distance au pouvoir de leurs auteurs. Plus on se rapproche du pouvoir et plus on dément et plus on s'éloigne du pouvoir et plus on réclame la vérité. Maintenant qu'est avérée l'impuissance de l'opposition, il serait inévitable que le pouvoir cherche à réunir toutes les conditions, de la préparation d'un nouvel ordre national interne à instaurer pour s'assurer une pérennité au moins décennale.