Y a-t-il un pays qui à lui seul peut sortir d'une situation de crise (terrorisme surtout) quand on considère que c'est un phénomène transfrontalier qui met à profit les instabilités politiques pour prospérer ? Serait-il possible qu'un pays s'en sorte indemne tout seul pendant que ses voisins s'enfoncent ? A contrario, serait-il possible que tous les pays voisins s'en sortent et qu'un seul d'entre eux s'enfonce ? Que peut-il se passer pour le terrorisme quand deux pays voisins aussi importants que sont l'Algérie et le Maroc se tournent le dos ? Imaginons le pire. Que peut-il se passer pour le terrorisme dans la région si une tierce puissance arrive à manipuler pour pousser ces deux pays à se menacer, à faire monter la pression et à créer une situation où des groupes armés tentent d'attenter à la sécurité tout en faisant accréditer la thèse que ce sont les gouvernants qui ont commandité ces attaques. Il serait vraiment utile d'analyser les comportements de chacun de ces Etats et de simuler des scénarios pour comprendre jusqu'où ils pourraient aller dans la montée des étapes de crise. Supposons encore que ne se dessine aucune perspective de règlement de la question sahraouie. Supposons encore que la même situation de crise perdure pendant des années ou des décennies dans un contexte, où des ensembles régionaux dans le monde se créent et vont vers des fusions pour dépasser le problème des nationalismes régionaux ? Que deviendra le Grand Maghreb, ou plutôt l'Afrique du Nord ? Il y a trop de données imprécises pour ce qui concerne le devenir de cet ensemble régional qu'est le Grand Maghreb ( ou l'Afrique du Nord) où nous ne nous posons plus la question du " comment nous en sortir ensemble, collectivement " au profit de " comment nous en sortir nous-mêmes". S'il est admis que la sortie de crise est collective, le Grand Maghreb dans ce cas est condamné à sa déstabilisation. Il ne faudrait pas confondre stabilité du pays avec inamovibilité des hommes à leurs postes. La sortie dans ces conditions ne sera ni collective ni individuelle. Et pourtant, on ne parle plus de politique, mais de géopolitique. Aucun pays ne peut rester indifférent à son voisinage. Voisinage immédiat d'abord. Puis, voisinage du deuxième cercle. Pour l'Algérie, on peut dire que cela se complique un peu, car elle n'a pas un seul voisin mais beaucoup plus en terme de géopolitique différenciée. Elle a un voisinage immédiat du fait de son appartenance à l'espace sahélo-saharien, et dans son implication opérationnelle en tant que membre des pays du Champ que sont la Mauritanie, le Mali, le Niger. Elle est membre d'un autre espace géopolitique dit maghrébin. Elle est membre également du groupe des 5+5, les cinq pays de l'arc Latin qui partagent avec nous une frontière liquide, soit la Méditerranée. L'Algérie (et les quatre pays maghrébins) est la dimension méditerranéenne de la politique de sécurité et de défense de l'Union européenne. Les pays du deuxième cercle sont les pays arabes du Moyen-Orient et du Proche-Orient. Les autres pays du deuxième cercle sont les pays africains. Evidemment, ce n'est pas seulement l'instrument militaire qui constitue toute la solution, bien qu'il soit indispensable, mais c'est sa combinaison avec la diplomatie qui permet d'aboutir à une paix durable.