Quiétude et inquiétude à la fois. Il y a des oscillations entre ce qu'affirme le pouvoir sans cependant arriver réellement à tout à fait donner le cachet de la certitude à ses propos, et ce que des opposants disent ou même soutiennent, à savoir qu'il y a une paralysie dans la vie institutionnelle. Le balancier ne trouve pas une position d'équilibre. Douche écossaise que ce processus sans cesse de va-et-vient entre l'éclaircie et l'obscurité et qui est susceptible de désarmer le moral des populations. Ce n'est pas sans inquiétude mais aussi sans espérance qu'est approchée toute tentation de produire une lecture de l'évolution de la situation de politique et de sécurité qui aura cours prochainement. Les uns disent que le pouvoir politique sait ce qu'il fait, qu'il a la certitude que la situation évoluera conformément à ses aspirations qu'il présente comme allant dans le sens du rétablissement de la paix et de la relance de l'économie. S'il est admis que lui seul possède les données qui lui permettront de faire des projections dans le court terme, si est grande la tendance à oublier que la violence avait survécu à toutes les démarches, que la relance de l'économie n'a jamais été au rendez-vous, il y aurait alors des raisons d'intégrer des éléments de trouble dans les visions se rapportant à l'avenir. D'un autre côté, si les attentions se focalisent sur les lendemains des futures élections, si les convictions sont grandes que le changement positif ne sera pas pour la future législature, qu'il y aurait encore à tâtonner pour identifier la composante d'un nouvel ordre national interne à instaurer, que les diverses catégories politiques ne renonceront pas aux idées qu'elles se sont empressées de formuler en direction de l'opinion publique, mais probablement aussi et surtout en direction du pouvoir politique, il y aurait alors des raisons d'intégrer des éléments d'inquiétude dans les visions se rapportant à l'avenir. Il en est également de même pour les incertitudes sécuritaires qui naissent de notre environnement international et qui concernent les périodes où ne se commettent pas des actes de violence sans que l'on ne sache pas réellement s'il s'agit de pauses stratégiques ou de désorganisation dans les rangs des groupes armés. Il y a ce qui paraît une évidence. Le pouvoir s'attend à ce que la violence survive à toutes les démarches, et c'est pour cela que les rédacteurs de la charte ont introduit la disposition qui accorde plein pouvoir au Président à l'effet de prendre toutes les mesures qu'il estime appropriées et qui bien sûr ne figurent pas dans la charte. Deux alternatives extrêmes qui bordent le champ des nouvelles mesures à prendre, à savoir procéder à des concessions plus larges ou alors durcir la répression et considérer que seule une victoire militaire éradicatrice peut imposer une paix définitive.