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Conférence des pays non-alignés de Bandung : Le temps de l'afro-asiatisme
Publié dans Le Maghreb le 18 - 04 - 2015

"Nous sommes unis par la haine du colonialisme, sous quelque forme qu'il apparaisse. Nous sommes unis par la haine du racisme et par la détermination commune de préserver et de stabiliser la paix dans le monde". (Soukarno dans son discours d'ouverture de la conférence de Bandung).

Du 18 au 24 avril 1955 s'était tenue à Bandung, en Indonésie, la première conférence internationale réunissant les pays d'Asie et d'Afrique nouvellement issus de la colonisation. 29 pays qui viennent pour la plupart d'accéder à l'indépendance et qui comptent bien désormais peser dans la politique internationale. Des pays que l'économiste français, Alfred Sauvi, dans un article du "Nouvel Observateur" de 1952, venait de désigner sous le terme de Tiers Monde, en référence au Tiers des Etats qui avait provoqué la Révolution française (...) car enfin, ce tiers-monde ignoré, exploité, méprisé comme le tiers Etat, veut, lui aussi, être quelque chose.
C'est l'occasion d'une grande conférence très médiatisée qui, pour la première fois, permet aux pays d'Asie et d'Afrique de s'"affirmer dans le débat international. Parmi ces invités quatre d'entre-eux se détachent comme figures charismatiques qui mènent les débats. Ahmed Soukarno, leader indonésien et puissance invitante. Il est clairement pro-occidental mais, après avoir obtenu l'indépendance face aux Néerlandais, il soutient les mouvements qui luttent contre la tutelle coloniale. Gamal Abdenacer pour l'Egypte, qui symbolise le nationalisme arabe. Jawaharlal Nehru, qui a succédé à Ghandi en Inde, et qui veut mettre en avant la nécessité d'une union et d'une lutte par des moyens pacifiques. Enfin, Zhou Enlai, Premier ministre chinois fort du prestige et de la puissance numérique de la Chine populaire.

*Premier jalon des victoires diplomatiques algériennes à l'échelle internationale
L'Algérie en pleine lutte de Libération nationale a pris part à cette Conférence à travers une délégation du FLN conduite par messieurs Hocine Aït Ahmed et M'hamed Yazid. Bandung a été la première victoire de la diplomatie internationale de la Révolution de Novembre 54. Trois mois après la tenue de la conférence de Bandung et, plus précisément, le 29 juillet 1955, 14 Etats des 29 présents à la rencontre avaient adressé une lettre au SG des Nations unies lui demandant d'inscrire la cause algérienne à l'ordre du jour de la 10e Assemblée générale tenue en septembre 1955. Face à cette initiative, la France avait mené une campagne diplomatique donnant lieu au report de l'inscription de la cause algérienne à la 11e session en 1956.
Les efforts déployés par la délégation du FLN à la conférence de Bandung 1955 ont été le premier jalon des victoires de la diplomatie algérienne à l'échelle internationale..
La conférence de Bandung a été sanctionnée par une décision attestant le "droit de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie à l'autodétermination et à l'indépendance" et appelant le gouvernement français à trouver un règlement pacifique à la question.
Bandung s'inscrit dans l'histoire de l'Asie. Le contexte d'avril 1955 est celui du tournant du XXe siècle, dix ans après la fin de la seconde Guerre mondiale et alors qu'achève, avec la conférence de Genève sur la Corée et l'Indochine, la première phase de la décolonisation. A l'invitation de cinq pays asiatiques, 29 pays d'Asie et d'Afrique, pour la plupart nouvellement indépendants, se réunissent indépendamment des "puissances", nouvelles ou anciennes, qui dirigent le monde. Les Grands de la nouvelle Asie participent à cette "première", bien sûr, en particulier Jawaharlal Nehru et Zhou En Lai, avec quelques leaders venus d'Afrique et du Moyen-Orient, à l'instar de Gamal Abdelnacer. Bandung s'inscrit ensuite dans une histoire plus universelle. La portée des décisions de la conférence, telles qu'elles figurent dans le communiqué final, le souligne. Sur la base de l'anticolonialisme, du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et de la volonté de la coopération internationale, un nouvel espace mondial prend corps et au fur et à mesure que se défont les empires. Le temps est venu de l'afro-asiatisme et, bientôt, du non-alignement, formellement constitué à la Conférence de Belgrade de 1961: Le Tiers-monde, terme qui indique la volonté de ces nations de se situer en dehors des deux blocs de superpuissances. Cette conférence déclencha des mouvements de solidarité parmi les peuples, les pays, les Etats et les nations d'Afrique et d'Asie. Elle rendit possible la représentation des pays africains et asiatiques à l'ONU et la reconnaissance de la voix des peuples colonisés dans l'ordre mondial. Elle accélérera la reconquête complète de l'indépendance. Elle donna le jour à la naissance du Mouvement des Non-Alignés entre les deux blocs de superpuissances. Elle permit aux pays nouvellement indépendants de mener un développement fondé sur leurs intérêts national, populaire et souverain. Elle contribua énormément à la prévention d'une éventuelle troisième guerre mondiale et à l'évolution de l'humanité vers un monde plus juste et plus pacifique. Elle fit naître l'Esprit de Bandung, qui se résumait comme un appel a)- à la coexistence pacifique entre les nations, b)- à la libération du monde de l'hégémonie de toute superpuissance, du colonialisme, de l'impérialisme, d'une domination d'un pays par un autre, et c)- à la construction de solidarités envers les pauvres, les colonisés, les exploités, les faibles et les affaiblis par l'ordre mondial d'alors et à leur émancipation.

L'Ere de Bandung
Toutefois, la période du développement engendré par la Conférence de Bandung se termina tragiquement autour de 1970 par le renversement des leaders inspirés par l'Esprit de Bandung, l'avortement de leurs projets de développement, l'entrée de leur pays dans le cercle du Bloc Ouest. On appellera plus tard cette période historique l "Ère de Bandung". La Conférence aura été le signal de la résurrection politique des pays colonisés, l'irruption des Damnés de la Terre dans un Forum international dont ils étaient exclus. Et elle fera date. Dans un contexte de guerres de libération et de confrontation entre les deux blocs du socialisme réel", et occidental, la réunion de peuples désireux de faire entendre leur voix dans le concert des nations témoignait ni plus ni moins que de leur volonté d'émancipation.
Les évolutions actuelles, apparemment loin de cet héritage, défient parfois l'intelligibilité: la période qui nous sépare de l'événement est en effet riche d'épisodes pour certains heureux mais trop souvent tragiques, qui n'avaient en tout cas pas alors été anticipés. Bandung n'est pas pour autant passé aux "oubliettes" de l'histoire. Fin mai 2014 à Alger, la 17e Conférence interministérielle des Nations-alignés appelait à une "solidarité renforcée pour la paix et la prospérité" avant le prochain sommet du mouvement à Caracas en 2015.

D'Alger à Caracas comme il y a 41 ans
La 17e Conférence interministérielle d'Alger a été couronnée de succès dans la mesure où toute la somme d'efforts constructifs fait par un regroupement important de ministres ou de leurs représentants, d'éminents responsables d'organisations internationales ou régionales, d'experts de haut niveau, ouvrent de prometteuses perspectives à une vision commune pour ce qui concerne l'examen et le traitement des problèmes qui se posent aux pays membres de ce mouvement, au rapprochement des perceptions et, surtout, à l'approfondissement des valeurs et des idéaux qui sont à l'origine de l'émergence du mouvement des pays non-alignés.
Dans cet esprit, le message de l'Algérie a été clair. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a rappelé l'engagement du mouvement pour une démocratisation des relations internationales par la réhabilitation des prérogatives de l' Assemblée générale des Nations unies et un rééquilibrage du Conseil de sécurité devant aller de pair avec une refonte des institutions économiques et financières au titre de cette réforme du système multilatéral.
La rencontre d'Alger a permis de mettre en exergue le lien intrinsèque entre paix et sécurité internationale et le développement en même temps que l'importance d'une coopération internationale et régionale accrue pour soutenir les stratégies de lutte contre le terrorisme associé aux réseaux de trafic de drogue et du crime organisé.
Ainsi, l'Algérie a souligné que les défis centraux et les enjeux cruciaux que le mouvement doit affronter dans l'avenir sont nombreux et diversifiés et constituent des repères, qui exigent du mouvement un surcroît de coordination. A cet effet, M. Lamamra a affirmé que la réunion, la première du genre au niveau ministériel, du Comité conjoint PNA-G77, est à même de confirmer la volonté d'associer les efforts de ces deux groupes d'appartenance (PNA-G77), pour être à la hauteur des responsabilités qui leur incombent.
Le ministre des Affaires étrangères a exhorté les membres du mouvement à porter haut le message du non-alignement, comme il y a 41 ans lorsque le ministre des Affaires étrangères de l'Algérie, M. Abdelaziz Bouteflika, donnait rendez-vous à ses collègues à New York, pour faire ensemble l'histoire, ce qu'ils firent d'ailleurs. Rappelons que lors de cette Déclaration d'Alger, les participants ont réaffirmé, en priorité, la nécessité de réformer les systèmes des Nations unies, de renforcer le rôle de l'Assemblée générale, notamment dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales, de mettre en place un système multilatéral rénové, appelé au renforcement de la coopération en matière de lutte contre ce fléau transfrontalier qu'est le terrorisme, l'éradication de la pauvreté, souligner le droit légitime du peuple palestinien à un Etat viable, avec El-Qods comme capitale.
Soixante ans après, l'Esprit de Bandung garde-t-il sa pertinence? Le retour sur l'événement devrait permettre de mieux évaluer comment les questions alors posées, et les réponses imaginées, ont vraiment traversé le temps.

L' Esprit de Bandung
L'essentiel de l'Esprit de Bandung est le non-alignement: non-alignement à l'hégémonie des superpuissances qui imposent unilatéralement et à leur profit leurs règles au monde entier. Esquissé à Bandung en 1955 et formalisé en 1961 à Belgrade, c'était le non-alignement aux deux blocs et de superpuissances hégémoniques de l'époque: Ouest et Est.
Que serait devenu le monde si Bandung n'avait pas eu lieu? Bandung, ou l'Ère de Bandung, entre 1945 et 1990, est la première vague d'éveil ou de réveil des peuples du Sud dominés par le Nord. Bandung a réalisé des choses immenses. Avec Bandung, le Nord a été contraint de s'ajuster aux exigences du Sud. Avant Bandung, le monde était dominé complètement par les pays du Nord capitaliste-colonialiste-impérialiste. Après Bandung, le Nord a repris le contrôle du monde par la "mondialisation néo-libérale". Aujourd'hui, on voit les signes de l'affirmation des droits des nations, des Etats et des peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine qu'on pourrait considérer comme la deuxième vague d'éveil ou de réveil du Sud. Au niveau académique-scientifique, sans Bandung, il n'y aurait pas d'études afro-asiatiques et tricontinentales.
En ce 60e anniversaire de la naissance du Tiers-Monde, l'esprit du non -alignement est toujours d'actualité et en débat. Des affirmations comme "Bandung a échoué" ou "Bandung n'a pas tenu ses promesses" ou "Bandung n'a pas donné d'alternatives à l'hégémonie des superpuissances qu'il a dénoncées" ne sont pas pertinentes.
Bandung (dans le sens de la Conférence de Bandung et de la dynamique de développement qui l'a suivie et qui s'est produite dans les pays du Tiers-Monde ou des Non- Alignés, ou du Sud, qu'on appelle l'Ère de Bandung) a réalisé des choses immenses. Les preuves sont nombreuses. Mais Bandung a ses limites qui expliquent son essoufflement. Et ce sont celles-ci qu'il faut étudier et débattre.


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