Quels objectifs étaient fixés à la démonopolisation du commerce extérieur? Si des motivations de rentabilisation et de moralisation avaient été à la base de la politique qui avait consisté à " casser " le monopole sur le commerce extérieur, on constate aujourd'hui que pour ce qui en a découlé, cela n'est pas conforme à l'esprit qui en avait présidé. Peut-être que le fait d'avoir voulu casser ce monopole en ce domaine précis, c'est-à-dire le commerce extérieur devait-il participer à la transparence et à la lutte contre la corruption, ce qui était déjà un thème d'actualité à l'époque. Peut-être que ceux qui avaient fixé ces objectifs, à savoir ceux qu'on appelait " les réformateurs ", avaient estimé que la continuité de leur engagement (leur présence) aux postes de commande du gouvernement allait durer plus longtemps afin d'achever les réformes et de donner à celles-ci le sens qu'elles devaient avoir. Dès lors qu'on avait cassé le monopole sur le marché extérieur pour transférer cette mission étatique plutôt à des hommes d'affaires qu'aux entreprises privées qui investissent dans la production, dès lors que cette décision a favorisé l'enrichissement sans transfert de technologie qu'implique la nature des importations concernées , une concurrence entre importateurs et non entre producteurs, dès lors qu'ainsi est créée une classe d'opérateurs économiques, ou plutôt d' "opérateurs commerciaux " et dès lors qu'ainsi est indiquée la voie la meilleure pour un enrichissement facile, rapide et sans risque, il est normal qu'il ne faudrait pas s'attendre à une productivité pouvant justifier et soutenir les augmentations salariales. Casser le monopole sur le commerce extérieur ne s'est pas fait en faveur du secteur de la production, et ceux qui en ont été les acteurs agissent plus en hommes d'affaires qu'en " industriels ". Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts et les objectifs fixés n'ont pas été atteints. Ce qui en a découlé est allé dans le sens contraire et a permis surtout de créer des grosses fortunes sur la base de la spéculation, des importations sans possibilité de recorriger la trajectoire. L'impression qui en a découlé est que les décideurs avaient choisi qui rendre riches par les autorisations d'importation. Quelqu'un disait qu'il ne sera jamais celui qui " va promettre de redistribuer ce qui n'a pas été produit ". Il avait pourtant distribué "du pouvoir d'achat" avant de commencer à produire, pensant qu'ainsi cette masse d'argent relancera l'économie par la consommation. Mais, cette augmentation de pouvoir d'achat a financé surtout les plans de charge des entreprises étrangères, relançant ainsi les économies des pays de nos fournisseurs. Moins cinq, comme on l'habitude de le dire, et on aurait vu les populations des pays fournisseurs manifester pour que nos gouvernants augmentent encore le pouvoir d'achat pour fournir des plans de charge à leurs entreprises, et non aux nôtres.