Les connaisseurs de la Libye alertent depuis des mois de ce péril. Les diplomates de l'Onu restent impuissants. Le renforcement de la pression sud Daech en Syrie risque de déplacer les lignes des réseaux terroristes vers un sanctuaire où rien ne les inquiète. Comme le déclarait ce matin le premier ministre français, Manuel Valls, la situation en Libye est "incontestablement le grand dossier des mois qui viennent. Vous avez aujourd'hui sans doute des combattants qui sont en Syrie et en Irak qui vont en Libye. Ce terrorisme, cette idéologie totalitaire mute en permanence", a-t-il mis en garde, en répétant que l'organisation de "l'Etat islamique, Daech, le risque terroriste, vont durer, pas uniquement à cause de ce qui se passe en Syrie et en Irak, mais parce qu'il y a la situation en Libye, en Afrique de l'Ouest". Pour ce qui concerne plus précisément la Libye et les responsabilités françaises, "la responsabilité, c'est de ne pas avoir suivi cette intervention (étrangère de 2011). Mettre fin au régime de Kadhafi, chacun pouvait parfaitement le comprendre mais c'est l'accompagnement ensuite...", a dit le Premier ministre. Cette prise de position intervient alors qu'on a appris lundi que deux Français soupçonnés d'avoir voulu se rendre dans des camps d'entraînement du groupe Etat islamique (EI) en Libye ont été écroués en France à la mi-novembre. C'est la première fois que la Libye apparaît dans l'une des nombreuses procédures judiciaires françaises sur l'envoi de combattants auprès des djihadistes, même si le but final des deux hommes était de combattre en Syrie.