L'hebdomadaire "Knack" rapporte qu'un Anversois a été intercepté alors qu'il avait quitté la Libye, pays qu'il avait rejoint pour remplir les rangs de l'Etat islamique. Une première pour un Belge dans ce pays d'Afrique du Nord. Il aurait été arrêté au Soudan, pays voisin de la Libye (sud-est). Selon l'OCAM, il n'y a pas d'autres traces de combattants belges partis dans cette région du globe. Une région qui inquiète de plus en plus les experts, qui y voient en effet un nouveau point névralgique du djihad, peut-être bien plus dangereux que la Syrie et l'Irak. L'administration américaine estime aujourd'hui que les effectifs de l'Etat islamique en Libye ont grimpé à 5.000 combattants, alors qu'ils ont baissé en Irak et Syrie. Il y a désormais "de l'ordre de 5.000" combattants de l'EI en Libye, et "19 à 25.000"combattants en Irak et Syrie, a estimé un responsable américain de la Défense. L'administration américaine estimait précédemment à "2 à 3.000" le nombre de djihadistes ultra-radicaux en Libye, a rappelé ce responsable. En Irak et en Syrie, son estimation était de "20 à 30.000"combattants, voire "33.000" selon certaines évaluations, a-t-il indiqué. "Il devient de plus en plus dur de se rendre en Syrie pour les combattants étrangers, et beaucoup d'entre eux se dirigent en conséquence vers la Libye", a indiqué ce responsable, sous couvert de l'anonymat. Le pays est géographiquement proche de l'Europe (400 km séparent la capitale Tripoli de l'île de Malte). En outre, le cabinet de conseil spécialisé dans le risque géopolitique GlobalStrat indique qu'il sera plus profitable pour une personne radicalisée originaire du Maroc ou d'Algérie et installée en Belgique ou aux Pays-Bas de se rendre en Libye. "Que se passera-t-il s'ils ont le choix entre faire le djihad en Syrie ou en Libye ? Ils se déplaceront en Libye, car ils ont beaucoup plus en commun avec un Libyen, qu'avec un Syrien ou un Irakien", explique Olivier Guitta, qui dirige GlobalStrat au "Knack". Le groupe Etat islamique a réussi à prendre le contrôle de Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli, et ses environs. "La dernière chose que nous voulons dans le monde, c'est un faux califat ayant accès à des milliards de dollars de revenus en pétrole", a indiqué le secrétaire d'Etat américain John Kerry à l'issue d'une réunion des représentants de la coalition. La coalition estime toutefois qu'une intervention militaire contre les djihadistes n'est pas d'actualité, voulant miser pour l'instant sur la formation d'un gouvernement d'union nationale dans le pays. La baisse des effectifs de l'EI en Irak et Syrie est liée au ralentissement du flux de combattants étrangers, mais aussi "aux pertes sur le champ de bataille, à des désertions, des sanctions internes", a-t-il ajouté. Les évaluations de la coalition sur les effectifs de l'EI en Irak et Syrie sont également de plus en plus précises, et cela peut avoir joué sur l'évolution des chiffres, a précisé ce responsable. La coalition internationale contre le groupe Etat islamique est de plus en plus inquiète devant l'implantation croissante des djihadistes en Libye, à la faveur du chaos qui règne dans le pays depuis la chute de Mouammar Khadafi en 2011.