L' Europe secouée par des attentats terroristes souvent graves et causant mort de personnes innocentes, coordonne davantage ses efforts pour lutter contre ce phénomène qui n'a pas de religion. Dans cette précipitation, les pays européens ignorent l'autre monde avec qui ils doivent s'employer à développer, les probl ématiques de la paix et de la sécurité. Le partenariat sécuritaire avec l'Afrique est mis en veilleuse. Aucune approche visant à appréhender de façon globale le phénomène du terrorisme et à l'inscrire dans un cadre fondé sur le dialogue, la concertation et la complémentarité pour le vaincre ne pointe à l'horizon. Les Merkel, Hollande et Cie pré- fèrent d'abord se solidariser entre-eux et à l'Afrique de se débrouiller. Pourtant depuis très longtemps, le continent africain a fait dans une volonté de s'associer au Vieux continent pour promouvoir des approches intégrées en matière de sécurité et de lutte commune contre le terrorisme ; ainsi que les dimensions de consolidation de la paix et du traitement des causes profondes des conflits africains. Dans ce cadre, l'Afrique a montré sa détermination à prendre en charge directement et par ses propres moyens, le règlement des conflits sur le continent, tout en s'appuyant sur l'aide que peuvent lui fournir dans ce domaine ses partenaires, en particulier européens. L'action de l'Union africaine (UA) et son rôle stabilisateur dans la prise en charge des crises et des conflits sur le continent et qui sont souvent générateurs de violences et d'actes terroristes doit être reconnue par la communauté internationale. Faut-il, encore que le Conseil de paix et de sécurité de l'UA s'autorise une nouvelle autorité pour la maîtrise de toutes ces questions et de s'offrir un autre facteur positif lui permettant de montrer une efficacité de plus en plus grande dans l'exercice des missions qui lui sont assignées et à s'ouvrir sans hésitation sur la lutte contre le terrorisme. Cependant, les moyens dont dispose l'Afrique sont limités et rendent indispensable un appui matériel de la part de l'Union européenne. Faut-il dire encore que l'Occident est connu depuis des siècles pour son égoïsme politique, économique et sécuritaire et continue d'appliquer la formule "Qui n'est pas pour moi est contre moi ". Une formule vivante qui constitue la doctrine actuelle de l'Otan. La supériorité morale qu'affectent ceux qui se nomment eux-mêmes les défenseurs de la paix et de la coexistence est donc parfaitement hypocrite. On est trop porté, au sud de l'Europe, à accepter de telles prétentions. Evidemment, l'Afrique ne les accepte pas de meilleure grâce aujourd'hui qu'hier. C'est dans cet esprit novateur et de rupture avec les sché- mas hérités du passé colonial destructeur que l'Afrique fonde son approche et inscrit ses différentes initiatives de partenariat, un partenariat mutuellement bénéfique, valorisant la complémentarité dans tous les domaines politique, économique et aujourd'hui sécuritaire et respectueux des spécificités de chacun. Dans ce cadre, le phénomène de la mondialisation devrait être mieux maîtrisé pour servir équitablement, les intérêts de l'Afrique, et pour qu'il repose sur les principes de solidarité, d'équité et de responsabilités partagées dans la gestion des affaires du monde. La lutte contre le terrorisme devra bien illustrer la nécessité de généraliser les approches entre l'Afrique et l'Europe fondées sur l'intensification de la coopération pour lutter efficacement contre ce phénomène transnational et transfrontalier. De même que de l'autre côté de la rive nord de la Méditerranée et ailleurs, il faut se garder des schémas réducteurs et des amalgames qui assimilent à ce phénom ène des civilisations, des cultures et des religions en accréditant l'idée choc des civilisations qui n'est, en fait, rien moins qu'un choc d'ignorances. L'accroissement des actes terroristes un peu partout dans le monde astreint plus que jamais le Nord et le Sud à partager le même combat contre ce choc d'ignorances.