De Tunis, Kamel M'Rabet L'attentat perpétré vendredi dernier dans un hôtel de la ville balnéaire de Sousse et qui a fait 39 morts parmi les touristes et 39 blessés dont huit Tunisiens est encore sur toutes les lèvres en Tunisie. S'il fait l'objet de discussions au niveau populaire, il constitue une source de préoccupation majeure pour les responsables qui s'évertuent à aiguiser les outils de la lutte contre le terrorisme. De nombreuses mesures ont été prises par le gouvernement dont le déploiement de 1 000 agents de sécurité dans les sites touristiques. Par ailleurs, le ministre de l'intérieur, M. Néjim Gharsalli, a annoncé l'arrestation de nombreux suspects, soupçonnés d'avoir des liens directs ou indirects avec l'attentat de Sousse. Cette déclaration a été faite au cours d'une conférence de presse conjointe avec ses homologues français, britannique et allemand venus, lundi, faire part du soutien de leur pays à la Tunisie dans sa lutte contre le terrorisme. Ces ministres ont, en effet, réitéré l'engagement de leur pays à soutenir la Tunisie aux plans économique et sécuritaire. De son côté, le président du Parlement a annoncé que le projet de loi relatif à la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d'argent sera adopté avant le 25 juillet prochain (fête de la République). L'adoption de ce projet qui se trouve entre les mains des députés depuis plus d'une année est d'autant plus nécessaire que les militaires ne bénéficient, actuellement, d'aucune couverture juridique lors d'une intervention dans les villes en soutien aux forces de sécurité. Aux plans politique et médiatique, les analystes ne quittent pas les plateaux des télévisions publiques ou privées. Si tous les intervenants sont d'accord sur la nécessité de consolider le front intérieur pour bien combattre le terrorisme, chacun y va de son propre point de vue en ce qui concerne le programme à mette en œuvre ou les outils à utiliser pour y parvenir. A ce propos, le porte-parole du parti Al Massar (gauche), M. Samir Bettayeb, considère que l'attentat de Sousse était prévisible, rappelant qu'avant l'attentat, le chef du gouvernement avait dit, au cours d'une réunion avec les représentants des partis politiques : «Si aucun attentat n'est enregistré au cours du Ramadhan, l'on peut dire que la Tunisie a vaincu le terrorisme.» M. Bettayeb, affichant son pessimisme qu'à l'avenir, tout est possible et on ne peut exclure les assassinats politiques. Aussi, faut-il accroître la vigilance et ne pas dormir sur ses lauriers comme il a été le cas après l'attentat du musée du Bardo en Mars dernier.
