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Djelloul Melaïka
L'Homme de paix s'est éteint dans la dignité des Grands
Publié dans Le Soir d'Algérie le 31 - 08 - 2015


Par Kamel Bouchama, auteur
Pourrais-je, Si Djelloul, à l'occasion de cette douloureuse circonstance, celle qui va nous priver pour toujours de ta sympathique présence, ne pas paraître subjectif pour certains, et par trop dithyrambique pour d'autres ? En effet, ceux qui ne te connaissent pas peuvent abonder dans ces réflexions, somme toute, naturelles et logiques, contrairement à ceux qui te fréquentaient et trouvaient en ta compagnie ce comble de bonté, d'humilité et de sacrifice.
Comment donc ne pas appuyer sur le champignon pour te présenter à ces jeunes qui, vivant cette ambiance d'indifférence, plutôt de négation de la vérité historique, ambiance ordonnée par nos égocentrismes et les difficultés de la vie, ont le devoir de connaître des personnages comme toi, ceux qui ont écrit des pages glorieuses de notre Histoire contemporaine ? Oui, et tu en es ce dépositaire atypique, parmi tant d'autres moudjahidine que l'Algérie doit célébrer, en toute circonstance, notamment celle où doivent apparaître ces valeurs chevaleresques représentées par des patriotes de ton caractère et de ton énergie.
Parce qu'il faut que la jeune génération sache quels sont ceux qui, véritablement, ont fait l'Histoire de notre pays..., pour mieux les apprécier et les respecter. Ainsi disparaîtra l'imposture, ce mal soutenu et confirmé par des mystifications et des contrevérités qui se perpétuent dans la «culture» non moins perfide de ceux qui usent et abusent de ce vide sidéral qui nous entoure et les place sur le piédestal d'une gloire surfaite et, pis encore, imaginaire...
«Redde Caesari quae sunt Caesaris», rendre à César ce qui appartient à César. Oui, il faut donner à chacun son dû en matière de respect, de considération et de reconnaissance, notamment aux authentiques militants quand nous devons les consacrer à travers un «événementiel» qui traduit la légitimité et l'honnêteté de nos sentiments.
Alors aujourd'hui, en cette circonstance qui, en fait, est bienheureuse — si je m'en tiens à la sagesse d'antan, celle du poète Horace qui disait «il est doux, il est beau de mourir pour sa patrie» —, doit-on pleurer Si Djelloul Melaïka, comme il est de coutume dans les hommages posthumes ? Absolument pas, me rétorque-je avec une sincère affirmation ! Car, Si Djelloul n'est pas mort ! Et ce n'est qu'une partie de sa vie, la terrestre, qui vient de se terminer au profit de l'autre, celle de l'au-delà, où le Tout-Puissant saura l'accueillir avec Miséricorde et le récompenser dans l'éternelle demeure des croyants, après que l'Histoire, la vraie, pas celle des «compromis», l'honorera dans ses pages afin de perpétuer son nom pour toutes ses actions concrètes qui n'avaient d'égal que sa force de caractère et son indéfectible engagement qui justifiaient sa présence permanente sur le terrain des opérations.
Aussi, dans cet hommage qui lui est rendu, je vais raconter l'Homme, en essayant de dire ce qu'était l'inévitable Si Djelloul sur la scène politique, plutôt que de jeter des larmes de compassion, pour démontrer que nous l'aimons beaucoup — et aujourd'hui plus qu'hier — après qu'il eut rejoint le royaume du Seigneur.
En fait, parler de l'Homme dans cet espace nous contraint à évoquer son action, ses initiatives et ses décisions avec ses compagnons de lutte dans le vaste champ de l'action militante, celui des mouvements de libération dont il était le leader, ces mouvements qui confirmaient leur désir de recouvrer la liberté des peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine.
Si Djelloul Melaïka, militant de la première heure, depuis l'époque du mouvement national, bien avant la révolution de Novembre à laquelle il a adhéré spontanément dans la Mitidja, aux côtés des premiers responsables, dont Souidani Boudjemaâ, n'a cessé jusqu'au recouvrement de notre souveraineté nationale d'entreprendre des actions politiques et militaires déterminantes au sein du FLN et de l'ALN. Je ne m'attarderai pas sur cet aspect qui fera certainement l'objet d'importantes colonnes dans nos quotidiens nationaux et que les jeunes, avides de connaissances pour tout ce qui concerne notre révolution, auront le plaisir de découvrir. En effet, je ne m'attarderai pas, parce qu'en outre, Si Djelloul n'aimait pas trop en parler car il considérait sa participation pendant ces moments durs de la lutte de Libération nationale, à l'instar de bon nombre d'hommes de qualité, comme un devoir sacré pour lequel il n'attendait aucune récompense. D'ailleurs, il répétait souvent cette magnifique maxime de Jean-Jacques Rousseau, en voulant balayer d'un revers de la main les délires de certains prétentieux : «Les gens qui savent beaucoup... parlent peu.» Et lui a su garder la tête sur les épaules en s'engageant résolument dans le combat anti-impérialiste qui trouvait ses fondements dans l'inépuisable richesse de la tradition de lutte et de résistance du peuple algérien. J'insiste sur cette qualité de l'Homme, celui qui a su rester lucide et garder son calme en toutes circonstances, pour lui rendre justice devant l'Histoire. De la sorte, tout y était, chez ce militant, principalement les qualités qui démontrent à profusion combien il se trouvait bien placé pour comprendre et apprécier objectivement la liberté, la manière de l'arracher et de la défendre, et combien il respectait le sens profond et concret de la solidarité des pays épris de paix et de justice.
Il est à remarquer que lors de ses missions, que dis-je, de ses «extraordinaires» missions – et là l'accent par l'épithète n'est pas excessif –, notre frère Si Djelloul Melaïka, responsable au sein de cette révolution qui a été façonnée dans l'épreuve quotidienne, contribuait à faire de notre pays, l'Algérie, un autre bastion anti-impérialiste, un jalon et un porte-flambeau de la liberté, qui accélérait de façon sensible le processus de décolonisation du Tiers-Monde qui se cherchait entre l'inlassable combat du peuple palestinien contre le fer de lance de l'impérialisme international au Moyen-Orient : le sionisme, la longue lutte que menaient les peuples d'Angola, du Mozambique de Guinée-Bissau, d'Afrique du Sud et de Namibie, l'incomparable héroïsme du Vietnam, ainsi que la fierté révolutionnaire et tenace des peuples d'Amérique latine.
Les missions qui lui ont été assignées, dans le cadre de l'émancipation des trois continents que soutenait indéfectiblement notre pays, confortées par ses initiatives sans cesse renouvelées dans les principaux domaines de l'aide concrète et constante, de même que par sa présence ininterrompue, lui conféraient des responsabilités qu'il ne pouvait refuser d'assumer, comme elles accordaient à l'Algérie, qu'il représentait dignement, la dimension spécifique à la mesure de l'Histoire glorieuse de son peuple. Ainsi, et à partir de cette fameuse villa Boumaâraf, sanctuaire révolutionnaire où siégeait son «Département» qui coordonnait les mouvements de libération implantés à Alger, Si Djelloul gérait non seulement ces «représentations politiques et militaires» et leurs aspirations, mais suivait également de très près les activités des mouvements de la paix, dont les comités afro-asiatiques, la Tricontinentale ou l'OSPAAL, et d'autres organisations continentales et internationales auxquelles il accordait une importance particulière.
Le Président Boumediène faisait confiance à Si Djelloul Melaïka, une confiance qui prenait, quelquefois, le caractère d'une certaine complicité. Alors, des années après, reconnaissant le combat du défunt Président pour les causes justes de par le monde, il disait de lui, lors d'une conférence organisée pour la commémoration du 30e anniversaire de sa disparition, au Centre de presse d'El Moudjahid : «Si Boumediène est un homme qui avait une profonde conviction sur le bien-fondé et la légitimité du principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.»
Cette confiance était là. Elle signifiait beaucoup pour le «locataire» de la villa Boumaâraf, le «chef» des mouvements de libération, qui prenait d'importantes initiatives qui donnaient plus de constance à l'Algérie et plus de confiance aux représentants des pays en lutte qui élisaient domicile dans notre «Mecque des révolutionnaires», comme désignée par son intime, le combattant Amilcar Cabral, père de l'indépendance de la Guinée-Bissau.
Oui, cet intime de Si Djelloul, qui reconnaissait son charisme et sa volonté d'aller jusqu'au sacrifice concernant les pays et leurs peuples qui subissaient de plein fouet l'horreur coloniale, s'est exprimé une fois, en sa présence, en laissant cette phrase historique qui ne meurt pas : «Si les musulmans font leur prière dans les Lieux saints, et les chrétiens au Vatican, les révolutionnaires la font en Algérie.» En s'instruisant de telles paroles on peut dire que Si Djelloul a su puiser au plus profond de ses convictions militantes son expérience qui lui faisait accomplir des missions dans l'objectivité, la probité et la justice, ces aptitudes que d'aucuns, hélas, dans d'autres contrées du monde, n'ont su mettre en exergue pour susciter le plus d'adhésion aux principes et aux valeurs de la paix et de la liberté. Alors, de la Sierra Maestra aux steppes de l'Afrique, aux rizières du Sud-Est asiatique, notre frère Si Djelloul ne cessait d'apporter le soutien et le réconfort de l'Algérie qui était à la pointe du combat. Et le répéter ici n'est pas de trop, pour confirmer la mesure de notre aide et de notre soutien à la libération des peuples sous domination dictatoriale et tyrannique des laquais de l'impérialisme. Dans ce cadre, précisément, Si Djelloul s'adonnait à une autre diplomatie, la sienne, par le biais d'actions directes qu'il menait sous le sceau de la confidentialité, en des «interventions fraternelles» pour le bien des mouvements de libération. Ces actions concrètes, et on ne peut plus efficaces, venaient en complément des attributions classiques du ministère des Affaires étrangères qui déployait, avouons-le, une diplomatie active et concrète. De ce fait, il s'appliquait à régler certaines situations, nécessaires au demeurant, qui ne pouvaient trouver facilement leurs solutions dans l'enchevêtrement des pratiques administratives.
Les exemples sont nombreux, et en énumérer seulement quelques-uns —pour lesquels nous avons été associés – nous prendrait beaucoup de temps. En tout cas, le moins que l'on puisse dire est que Si Djelloul prenait ses responsabilités dans une Algérie qui était présente sur la scène internationale, bien présente par ses militants, ses moyens et, on ne le dira pas assez, par ses croyances en termes de liberté de l'individu vis-à-vis de tout pouvoir. Il ne connaissait pas de termes qui s'appelaient atermoiement ou hésitation dans les «événements» qu'on désignait par des expressions : «Soutien à tel mouvement de libération, à telle cause juste dans le monde, ou à tel révolutionnaire en prise avec les inféodés d'un système répressif et dictatorial».
Il rappelait à l'ordre plus d'un parmi les responsables, même les grands, quand il s'agissait de questions de principe. Il se voyait obligé d'être intransigeant en défendant les causes justes. Et là, le président Boumediène le laissait faire, connaissant ses aptitudes dans le domaine et sa maîtrise des sujets dont certains, hélas, ne savaient apprécier exactement leurs dimensions et encore moins leurs répercussions dans le temps et dans l'espace. Si Djelloul Melaïka était un responsable incontournable, un passage obligé, comme dirait l'autre, dans une «école» parfaite qui réunissait, pour s'accommoder, tous les partisans de libération nationale. N'est-ce pas que Yasser Arafat, du haut de ses tribunes, que ce soit à Alger — sans complaisance
d'ailleurs —, au Caire, à Bagdad, à Damas ou à Beyrouth et Tripoli — et là aussi, personne ne le contraignait à évoquer notre défunt Djelloul Melaïka — osait le citer en référence comme pour donner du poids à ses propres discours. Il lançait au milieu de ces salles combles, dans son bel accent oriental, «demandez à Si Djelloul...», en sachant que son nom était toujours suivi de salves d'applaudissements. Cette manière de le respecter, je l'ai vécue deux fois, personnellement. La première, à l'Université de Amman, en Jordanie, lors du Congrès national des étudiants palestiniens, en 1969, où je représentais l'Algérie ; la seconde, en 1980, à Beyrouth, au cours du Rassemblement des forces progressistes arabes où j'assistais au nom du secrétariat permanent du Comité central du FLN, dont j'étais membre.
Voilà ce qu'était de son vivant Si Djelloul Melaïka, le nationaliste d'abord, le moudjahid ensuite, enfin le député et vice-président de l'Assemblée nationale pendant trois mandats consécutifs, dont une fois président de l'APN par intérim, en même temps que responsable des mouvements de libération, cette importante mission que nous venons de raconter dans cet hommage.
Aujourd'hui, fier d'avoir inscrit dans le calendrier de sa vie un tel bilan, notre frère Djelloul Melaïka est allé rejoindre ceux qu'il a intimement côtoyés, les Abou Ammar (Yasser Arafat), Madiba (Nelson Mandela), le «Che» (Ernesto Guevara), le général Giap, l'oncle Ho (Hô Chi Minh), Amilcar Cabral, le Dr Eduardo Mondlane, Kamal Djoumblat, le Dr Georges Habbache, Abou Djihad, Abou Lotf, Abou Ayad et tant d'autres, ces combattants avec qui il a eu un parcours militant, et avec qui il a bâti cet espoir de voir leur pays s'émanciper et accéder au statut des pays souverains...
Oui, il est allé rejoindre ceux qui, comme lui, ont œuvré avec humilité et un sens de l'engagement qui n'a jamais failli. Il est allé rejoindre tous ceux qui ont eu à accomplir la noble tâche de l'instauration de la liberté, de la justice et de la paix..., ceux qui ont écrit les pages les plus resplendissantes de l'Histoire de l'Humanité. Alors, qu'il rejoigne ces valeureux personnages ; il sera bien heureux là-bas. Et nous, nous nous consolerons de ce qu'il a laissé, parce que comme l'affirmait Victor Hugo : «Tout ce qui est mort comme fait est vivant comme enseignement.»


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