Youcef Merahi [email protected] La pluie arrive enfin pour me délivrer de cette poussière qui obstrue mes pores. Une pluie salvatrice qui vient, à point nommé, rafraîchir cette quête du sens dont la tendance est à l'apathie. Compte tenu des informations qui tombent d'un peu partout, à travers le monde, chez nous également, mes synapses ont fort à faire pour démêler l'écheveau d'un avenir en dents de scie. J'avais l'intention, dans cette chronique, de faire part de mes lectures (entre romans, essais, poésie...) ; mais je vois d'ici la tête de certains de mes potes qui vont encore crier, à l'unisson : «Encore tes livres ! Sors de ta bulle autistique ! Quelle patience d'airain tu as de pouvoir te taper toutes ces feuilles !» Je n'invente rien, c'est sérieux. A chaque fois que je commets ma fameuse chaîne des livres, ma journée se passe à recevoir d'amicales récriminations ; comme si le livre relève du domaine de la mystification. J'ai beau leur rétorquer que je suis tombé dedans dès ma prime enfance, rien n'y fait. Je reste suspect à leurs yeux, suspect de lecture vorace. Alors, j'ai tourné en rond, tentant de tenir le fil d'Ariane qui me permet de ne pas manquer ce rendez-vous du mercredi, d'autant que je reçois de sympathiques messages de soutien de la part de mes lecteurs ; que ceux-ci trouvent ici l'expression de mes remerciements. Par conséquent, je me suis posé une question somme toute banale : «Y a-t-il du nouveau, ici et là ?» J'ai beau scruter l'horizon, je ne vois que des événements dramatiques, du fait de l'homme. Quand la Bête qui sommeille en l'être humain se réveille, le monde bascule. Alors, qu'y a-t-il de nouveau qui rassérène l'avenir de l'Humanité ? La France déclare être en guerre, à la suite des attentats de Paris. En guerre, contre qui ? Contre le terrorisme ? Qui est derrière cette engeance du mal ? Pourquoi avoir attendu tout ce temps pour (ré)agir ? Et si la France était en guerre contre elle-même ? La France des droits de l'Homme va à vau-l'eau dans cette affaire. J'ai entendu un responsable du parti de Sarko demander, le plus sérieusement du monde, à mettre dans des camps toutes les personnes fichées pour islamisme radical. Suivez mon regard ! J'ai entendu d'autres responsables politiques, ceux du PS, préconiser la déchéance de nationalité pour les binationaux. Le Pen and Co doivent se frotter les mains. Les donneurs de leçons aux Algériens que nous sommes reçoivent des leçons sur les droits de l'Homme. Les forces de l'ordre françaises ont donné du baroud à Saint-Denis, sans distinction. Ils ont foncé dans le tas, comme on dit. GIGN, par-là. BRI, par-ci. Parachutistes, plus loin. Que n'avez-vous pas écouté la voix blessée de l'Algérie des années 1990, on n'en serait pas là, aujourd'hui. Alors, François Hollande, drapé de bleu, blanc, rouge, la Marseillaise sur les lèvres, court le monde, pour voir Obama, Poutine, Merkel, et les autres, pour bâtir un autre «rideau de fer» entre la Démocratie et la Barbarie. Sale temps, hein, messieurs les démocrates ! Sortez maintenant les parapluies ! Quoi de nouveau sous le ciel pluvieux d'Algérie ? Oh pas mal de choses ! J'ai eu la réponse à ma question lancinante : notre Président est bel et bien en Algérie, qu'il est en bonne santé, qu'il dirige au quotidien les affaires du pays et qu'il assure ses obligations protocolaires ; la preuve, il a reçu dimanche le Président de la RASD, Mohamed Abdelaziz. Je n'ai pas à remettre une couche : notre Premier ministre et le patron du RND m'ont convaincu. Je dis «youpi !» Le barreur du bateau «Algérie» est bien le titulaire du poste. Mais que pense le groupe des... Ils sont combien au fait ? Enfin, peu importe ! Qu'en pense Khalida Toumi ? Est-elle convaincue de la justesse des propos du Premier ministre ? J'attends de voir la suite du feuilleton ; bien que j'aurais aimé que notre Président me rassure de vive voix de sa bonne santé et qu'il tient bon la barre. Il ne faut plus parler de «matelas de devises», mais plutôt «d'oreiller de devises». Ce n'est pas un simple jeu de mots. Juste de quoi alimenter la marmite deux ans, au plus. Alors, j'exprime mon inquiétude. Avec quoi allons-nous faire le marché en 2017, par exemple ? Surtout si notre économie reste sur les mêmes bases : hydrocarbures, hydrocarbures et, encore, hydrocarbures. Ce n'est pas avec les augmentations du prix des carburants (plus 5 et 6 DA ?) que le gouvernement va tourner la machine économique. Ni avec des augmentations de gaz et d'électricité. Ni en priorisant la production nationale. Quoi de nouveau, donc ? J'attends que nos décideurs décident de la suite à donner au désordre du marché pétrolier. Ah, j'ai fait le calcul. Sur les «19», il y en a «4» qui ont quitté l'initiative citoyenne. Quatre ? C'est beaucoup ! Décidément, la naïveté politique et la précipitation dans le paraphe sont nationales. A l'avenir, il faut tourner le doigt dix fois avant d'apposer sa signature sur un document qui a mis «le feu au lac». J'aurais aimé dire «le feu à l'oued El-Harrach». Enfin, je pinaille sur les formules, comme les «4» ont pinaillé sur leur décision finale. Dans cet état de guerre franco-français, qui semble contaminer la Belgique, notre courageux ministre des Affaires religieuses nous fournit une vérité que La Palice n'aurait pas reniée : «99% des personnes liées à Daesh n'ont aucune relation avec la mosquée.» Si ce n'est pas ouvrir des portes déjà ouvertes, je me demande ce que c'est. Il n'y a rien de nouveau sous ce ciel assombri de l'Islam qui doit se démarquer impérativement des dérives sectaires, fussent-elles musulmanes. On sait ça, monsieur le Ministre. Maintenant, agissez ! Je me rappelle de cette Algérienne sur son lit d'hôpital qui suppliait le Président Zéroual : «Faites quelque chose, monsieur le Président !». Je n'ai plus rien à rajouter. Ah, si ! Il n'y a rien de nouveau à se mettre sous la dent ! La prochaine fois, peut-être ?