Abdelmalek Sellal poursuivra sa mission à la tête du gouvernement et son sort n'est nullement lié à la révision constitutionnelle de demain dimanche. «Rien ne l'oblige à déposer sa démission», nous explique une source sûre. En fait, c'est plutôt ce qui a été décidé par Abdelaziz Bouteflika. «Il ne sera procédé à aucun changement, immédiatement après le vote du Parlement, dimanche, ni après la publication de la nouvelle Constitution au Journal officiel», nous confie-t-on encore. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) -D'ailleurs, le gouvernement continuera à travailler et, concernant le Premier ministre, son agenda prévoit, pour la journée de demain dimanche, outre la présentation du projet de loi portant révision constitutionnelle devant les deux Chambres réunies du Parlement, une audience qu'il accordera à Anne Hidalgo, maire de la ville de Paris, avant de s'envoler, dans la soirée, à destination de Abou Dhabi pour prendre part à une rencontre internationale de deux jours. «Rien ne bougera à court terme. Mais, ce ne sera que le calme qui précédera une grande tempête», nuancera, ironique, notre source. «Les vrais changements, il faut les attendre dans une seconde phase et là, ce sera un séisme d'une forte magnitude». Entendre, des changements au niveau du gouvernement. Il s'agira, nous précise-t-on, de mettre en application le fameux projet retenu depuis longtemps et consistant en le regroupement des départements en de gros ministères. Il y aura ainsi, par exemple, un gros ministère de l'Economie qui regroupera les secteurs de l'industrie, de l'energie et des mines, un ministère qui regroupera l'agriculture, la pêche, les ressources en eau et l'environnement, la culture et la communication, etc. «L'objectif étant de doter chaque secteur d'activité d'une autorité forte pour une meilleure efficacité», ce qui n'est pas le cas de l'actuel gouvernement Sellal fortement dominé par des technocrates issus de l'administration et manquant terriblement de charisme. «Ce ne sera pas avec des ministres transparents, n'ayant aucun parcours politique que l'on pourrait affronter une conjoncture de crise», nous explique notre source. L'on se dirige donc vers un gouvernement de type resserré et plus politique. Un gouvernement où les hommes du Président auront la réalité du pouvoir. S'il est encore difficile de «percer» la future composante de l'exécutif, il est en revanche certain que quelques piliers de l'actuelle équipe seront reconduits. Notamment, Abdesselam Bouchouareb, Tayeb Louh, Ramtane Lamamra, Abdelkader Messahel, Nouredine Bedoui, Nouria Benghebrit ou encore, Mohamed Aïssa. « Il s'agit surtout, ici, des ministres ayant été désignés directement par le Président. Car, il faut savoir que, s'agissant des deux précédents remaniements, c'était Abdelmalek Sellal qui avait composé son cabinet, et seul». En réalité, Bouteflika ne se donnait, depuis la dernière présidentielle, que des gouvernements pour gérer « les affaires courantes», car, pour lui, «seul lui importait son projet de révision de la Constitution. Il avait tout remisé pour l'après cette Constitution. Maintenant que c'est pratiquement fait, et après avoir réaménagé les services, il va sévir et vous aurez beaucoup de surprises». L'on n'écarte pas, non plus, quelques «retours» comme celui de Aboudjerra Soltani. «Là, il s'agit d'un calcul strictement politicien. Dans l'entourage du Président, l'on est convaincu que la nomination de ce dernier dans le gouvernement le mettra en position de force pour abattre Abderrazak Mokri et récupérer le MSP dans le giron du pouvoir». Dans l'agenda confidentiel du pouvoir, en effet, Abderrazak Mokri constitue la deuxième « cible » à mettre hors circuit avant les élections de 2017, avec... Louisa Hanoune. «Une importance particulière est accordée aux élections législatives et locales de 2017. Des élections qui seront déterminantes pour la prochaine présidentielle». Bouteflika s'adressera aux parlementaires ce dimanche Tout est fin prêt pour la session extraordinaire, «le congrès» du Parlement, de demain dimanche, au Palais des Nations à Club-des-Pins avec l'adoption, hier vendredi, par la commission mixte présidée par Djamel Ould Abbès , de l'ultime texte qu'est le rapport final qui sera lu en plénière et remis Abdelaziz Bouteflika. La cérémonie de demain prévoit ainsi une ouverture solennelle avec lecture de la «Fatiha», l'hymne national, puis une allocution du président de la session, Abdelkader Bensalah, devant tous les membres du gouvernement. S'ensuivra l'intervention du Premier ministre qui présentera officiellement le projet de loi portant révision de la Constitution. Immédiatement après, les différents chefs de groupes parlementaires, à l'Assemblée et au Sénat, sept en tout mais dont deux, au moins, ont déjà annoncé leur boycott de toute l'opération, se succéderont au pupitre pour une intervention de dix minutes chacun. Après le vote, en bloc, sans débats et à main levée, l'on a prévu, outre un discours de Abdelkader Bensalah, la lecture d'une lettre que Abdelaziz Bouteflika a prévu d'adresser aux parlementaires, nous confie-t-on de bonne source. Certainement, elle sera lue par le ministre chargé des Relations avec le Parlement.