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L'ouvrage a fait l'objet d'une vente-dédicace à la librairie cheikh de Tizi-Ouzou «Mammeri a dit» de Aomar Aït Aider : défense et illustration du dire mammerien
Depuis sa mort «absurde» et énigmatique, en 1989, Mouloud Mammeri ne cesse d'être célébré, à travers un florilège d'événements (colloques, lectures, parutions), restituant les multiples facettes du romancier et du chercheur en anthropologie de l'Amusnaw qu'il fut. Un parcours qui vient d'être revisité à travers un ouvrage de l'universitaire Omar Aït Aider. Mammeri a dit, qui est une réédition revue et augmentée du même opus publié en 2005, est un essai-témoignage où l'auteur s'investit, à sa manière, dans la défense et l'illustration de l'héritage de l'intellectuel et du chercheur positionné durant son long parcours, en faveur de la réappropriation identitaire et de l'authenticité culturelle de l'Algérie. Genèse du livre : «Je suis parti d'une rencontre avec les étudiants du campus de Oued Aïssi de l'université de Tizi-Ouzou qui m'ont invité à la veillée qu'ils ont organisée, la nuit précédant son enterrement», raconte l'auteur qui a organisé, samedi dernier, à la librairie Cheikh de Tizi-Ouzou, une vente-dédicace de son ouvrage dont la première partie est consacrée à la restitution de l'atmosphère de cette rencontre avec les étudiants où il a été beaucoup question de l'investissement intellectuel et académique de l'auteur de La mort absurde des Aztèques à l'œuvre de dévoilement des pans cachés de la culture amazighe et de sa langue d'expression. Une œuvre qui ne lui attira pas, bien sûr, la sympathie de certains courants idéologiques, ceux-là mêmes qui trouvent toujours dangereuse et subversive cette action qui a été stoppée net dans la nuit du 29 février 1989 par un accident mortel causé par un tronc d'arbre qui s'est mis en travers de sa route de retour d'un colloque universitaire au Maroc. L'homme est mort, un esprit s'est éveillé : celui de l'Amusnaw qui a utilisé ses lumières pour éclairer un passé et une histoire longtemps escamotés, semble nous dire l'auteur qui proclame : «Cette nuit-là, un roman avait commencé à s'écrire sous le titre : L'éternel Mammeri.» Omar Aït Aider raconte comment l'interview, filmée avec la caméra qu'il a achetée en France grâce à sa bourse d'étudiant et que lui a accordée M. Mammeri dans son domicile algérois, en 1984, constitue un prétexte d'écriture pour en faire la matière première de ce livre qui restitue les déclarations où Mammeri se confie sur de nombreux sujets qui constituent le socle de sa réflexion, de son engagement. Même fragmentaire, Mammeri a dit (Inad Dda L'Mulud) d'Omar Aït Aider qui emprunte volontairement le titre de l'ouvrage de Mouloud Mammeri sur cheikh Mohand défend et illustre la parole quasi prophétique d'un intellectuel stigmatisé et mis, de son vivant, à la marge de l'institution (littéraire et universitaire). «(...) Tant qu'un peuple n'a pas le pouvoir politique entre ses mains, en ce sens que ce n'est pas lui qui décide, je crois, et j'en suis même certain, que la culture ne peut être que dominée. Et c'est ce qui s'est passé pour nous jusqu'a aujourd'hui. A aucun moment de notre histoire, nous n'avons eu le pouvoir entre nos mains. J'entends par ceci avoir le pouvoir en tant que Berbères et non en tant que sous- traitants d'un personnage ou d'une idéologie quelconque», dixit Mouloud Mammeri in Mammeri a dit. Un livre à lire à la lumière des évolutions historiques qui se déroulent sous nos yeux sur fond de controverses récurrentes qu'alimente la question identitaire.