Avec un volume annuel arrêté à 152 000 véhicules neufs à importer pour cette année, le marché de l'automobile connaît d'ores et déjà un sacré chamboulement, en plus des licences d'importation sélectives. Naouel Boukir – Alger (Le Soir) – Avec un parc national estimé à 5 voire 6 millions de véhicules aujourd'hui, le secteur de l'automobile constitue définitivement l'un des marchés les plus juteux en Algérie. Surtout que les moyens de transport public ne sont pas tellement développés. La décision politique d'adaptation à la situation de crise par une réduction «optimale» de l'enveloppe financière liée aux importations, des produits finis particulièrement, concerne entre autres les véhicules neufs. Ceci, au regard de leur poids financier conséquent sur la facture annuelle des importations, évaluée à près de 7 milliards de dollars en 2012. Il y a lieu de rappeler que, dans ce sens, et suite à la récente attribution de licences d'importation aux concessionnaires, s'en sont succédé celles des quotas sur le contingent global. Ce processus, se voulant être «restrictif», admet un aspect «évasif» des véritables problématiques que cette politique peut engendrer en parallèle. Et les économistes ont, évidemment, élaboré leur analyse des retombées d'une telle pratique sur le terrain. Il faut savoir que la limitation de ces licences et quotas aux concessionnaires habituels exclusivement, importateurs de véhicules depuis trois ans ou plus, «marginalise» les nouveaux entrants sur ce marché, évalués à une centaine d'opérateurs. Cette exclusion, selon l'économiste Khaled Sâadna, aboutira systématiquement à du chômage en plus et à l'engraissement du marché parallèle, déjà de grande envergure. La création d'une situation de monopole est dès lors «inévitable», avec l'ensemble des «aspects pervers» que cela peut générer. A savoir les prix des véhicules neufs qui vont grimper en «un temps record». Et ce sera, évidemment, le consommateur final qui subira les conséquences de cet effet «boule de neige». Par ailleurs, l'économiste Madjid Mesbah, rejoignant le professeur K. Sâadna dans cette analyse, a rajouté que cet effet inflationniste n'affectera pas uniquement le marché des véhicules neufs, mais également celui de l'occasion. Ceci, pour conclure que ces licences d'importation, censées réduire la facture de l'import, n'y changeront «exactement» rien à la situation si ce n'est qu'elles vont «l'empirer». En plus de «privilégier» certains opérateurs et les assembleurs de véhicules en Algérie, Renault, entre autres, cette politique «simplificatrice» s'avère «infructueuse» et productrice d'un résultat inverse. Finalement, il n'y pas lieu de s'étonner de «l'insuccès» d'une telle décision, prise «à la hâte» et sous contrainte.