Ingénieuse idée que celle de Chabane Oussaâdi, cet enseignant de langue française à la retraite, que de revisiter certains de ces contes qui ont bercé l'enfance de bien de générations. Seulement, comme ces histoires étaient nombreuses à être contées autour du fameux kanoun ou au lit pour aider à tomber dans les bras de Morphée, l'auteur a dû faire face à un terrible dilemme : celui d'être contraint à faire le choix. Ce qui l'a, d'ailleurs, poussé à reporter son projet d'édition, vieux de plusieurs années. Et ce formateur au long cours puisque ayant entamé sa carrière d'enseignant de la langue de Molière en septembre 1978, dans le tout premier collège des Ouacifs ouvert une année avant dans cette région de l'extrême sud de Tizi-Ouzou, en Haute-Kabylie, en a retenu trois traitant toutes de l'origine des choses. Des histoires loin d'être exclusivement réservées aux enfants puisque les adultes s'y trouveront amplement. Et pour ce premier jet, Chabane Oussaâdi a opté pour Le dromadaire et le chameau, Le coq, le corbeau et ... l'autruche et La biche et l'olivier. Des contes merveilleux mettant en scène des animaux qui parlent, qui réfléchissent et qui éprouvent des sentiments, exactement comme les hommes et qui culminent par des situations faisant remonter le lecteur à l'origine de bien de choses. Comme ce dromadaire qui, pour avoir envié le cheval dont était jaloux, qui a été sévèrement puni et porte depuis, comme toute sa descendance, deux monticules royaux, faisant de lui le fameux chameau. Ou encore la décision du roi des oiseaux de ne plus permettre à l'autruche de voler pour sa nature provocatrice, agressive et brutale et au coq de ne plus en faire de même au moment où il a conféré au corbeau un affreux plumage noir. L'auteur est également remonté à l'origine du feuillage de certains arbres, comme le chêne, l'olivier qui n'ont plus de feuilles caduques, les renouvelant constamment et régulièrement tout au long de l'année pour le geste bienfaiteur de l'olivier qui a sauvé d'une mort certaine la biche et son faon. Ceci dit, cet ouvrage consacre des nouveautés dans la littérature enfantine algérienne, comme d'ailleurs le relève son préfacier anonyme. En plus du genre des récits proposés, il y a également la langue utilisée, un français relativement soutenu. Un modèle loin d'être rebutant pour les enfants mais bien au contraire, stimulant puisque à chaque difficulté rencontrée, le lecteur se référera aux explications données à chaque fin d'histoire, mû par sa curiosité et sa soif de comprendre. Il y a aussi des maximes et des proverbes tirés de chaque histoire. Une invitation judicieuse à une lecture didactique et pédagogique de trois contes féeriques.