Quel est le point commun entre Barack Obama, Léonard de Vinci, Paul Verlaine, Jimi Hendrix, Albert Einstein, Lionel Messi, Rafael Nadal, John McEnroe, James Cameron, David Bowie, Joe Cocker, Beethoven, Iggy Pop, Morgan Freeman, Nietzsche, George Bush ? Vous donnez votre langue au chat ? Ils sont tous gauchers ! On estime qu'ils sont entre 8 et 15% dans le monde à utiliser leur main gauche pour écrire, couper du pain, manier une paire de ciseaux, ouvrir une porte. Témoignages. Dans un monde conçu pour les droitiers, pas toujours facile de s'adapter, de trouver ses marques. Une contrainte d'adaptation dont beaucoup de gauchers souffrent au quotidien. Les gauchers suscitent souvent la curiosité. Depuis la nuit des temps, les rumeurs populaires leur ont collé des étiquettes. En 1608, l'écrivain espagnol Quevedo qualifiait les gauchers de «gens à l'envers, dont on se demande même s'il s'agit de gens». Les expressions populaires enfoncent le clou en véhiculant une connotation négative à propos des gauchers. «Etre gauche» décrit une personne maladroite. «Se lever du pied gauche» c'est être d'une humeur massacrante. Passer l'arme à gauche, signifie mourir. «Être marié de la main gauche veut dire ne pas être vraiment marié.» «Avoir deux mains gauches» renvoie à la maladresse. Marginalisés et stigmatisés, les gauchers se sont organisés en association. Ils ont œuvré pour une reconnaissance de leur différence. Résultat des courses, depuis 1976, on célèbre chaque 13 août, la Journée internationale des gauchers. Comment les non-droitiers vivent-ils cette différence ? Voici quelques témoignages d'hommes et de femmes, pas très habiles de leur main droite. Salim, 45 ans «Gaucher, j'ai beaucoup souffert de cette situation durant mon enfance. Mes parents étaient catastrophés en me voyant me saisir de ma main gauche pour tenir ma cuillère, dessiner, gribouiller, malaxer ma pâte à modeler. Ils me donnaient des tapes sur les doigts, me grondaient et m'attachaient parfois même le bras gauche derrière le dos afin de m'inciter à utiliser ma main droite au lieu de la gauche. En dépit de toutes leurs remontrances, j'ai continué à fonctionner du côté gauche. A l'école, j'ai également été stigmatisé par mes maîtresses. Elles me forçaient à tenir mon stylo avec la main droite. Et comme je n'y parvenais pas, elles me sermonnaient en me traitant de cancre. Quant à mes petits camarades, ils me dévisageaient comme si j'étais un extraterrestre. Ils n'avaient jamais vu quelqu'un écrire avec la main gauche ! J'ai eu droit à pas mal de railleries de leur part. Des moqueries qui marquent à jamais un enfant de 6 ans. Ironie du sort, ma fille est née gauchère aussi. Mais loin d'en faire une fixation ou un drame, j'ai pris cela comme quelque chose de normal. Les statistiques le disent : dans le monde, une personne sur dix serait gauchère. Au premier jour de sa scolarisation, j'ai insisté pour rencontrer ses institutrices. J'ai signalé que ma fille était gauchère et qu'il ne fallait pas la stigmatiser à cause de cette différence. Je n'avais pas envie que ma fille revive le même cauchemar que le mien ! Etre gaucher n'est pas un handicap.» Sarah, 29 ans «Etre gauchère n'est pas toujours une partie de plaisir. Pas à cause du regard des autres puisque les mentalités ont évolués là-dessus aujourd'hui. Les gauchers ne sont plus diabolisés comme dans le passé mais ils ont des difficultés pour s'adapter à un environnement où tout a été pensé et conçu pour les droitiers. Manipuler une paire de ciseaux, passer les vitesses dans la voiture, manier un ouvre-boîte, utiliser la souris de son ordinateur... Un autre exemple, dans la cuisine, les plaques de cuisson sont toujours à droite du plan de travail. Pour un gaucher, c'est le calvaire. Je ne compte pas le nombre de fois où je me suis ébouillantée en mettant mes spaghettis dans une passoire. En fait, tout a été conçu pour les droitiers. Résultat des courses, nous devons nous tordre les mains, allonger le bras et faire des contorsions d'acrobate pour parvenir à accomplir de petits gestes du quotidien.» Esma,17 ans «Je suis née gauchère et cela n'est pas toujours évident au quotidien. Au lycée, je dois me tordre le poignet pour écrire puisque les cahiers sont conçus pour les droitiers. Utiliser des objets de la vie courante comme une paire de ciseaux, un presse-purée ou même un ouvre-boîte est très compliqué. En plus, mes parents, loin d'être compréhensifs à mon égard, me harcèlent afin que je fasse l'effort d'utiliser ma main droite. Il y a un problème de mentalité et des préjugés qui circulent : la main gauche est maléfique. Travailler avec comporte des connotations négatives. C'est ce que j'ai entendu de la bouche de ma famille depuis que j'étais enfant !» «Je suis gaucher, il va falloir vous y faire.» Cette phrase avait été lancée par Barack Obama aux photographes étonnés à la vue de sa main droite tordue lors de la signature de son premier décret en tant que président des USA. C'est ce que tous les gauchers devraient dire à leur entourage afin qu'ils comprennent qu'être gaucher n'est pas un handicap !