Par Malika Boussouf [email protected] Il est des jours comme ça où il m'arrive de parcourir certaines publications qui suscitent autant d'interrogations qu'elles renseignent sur la difficulté que rencontrent beaucoup d'entre nous à accepter le fait que le présent algérien soit en passe d'effacer un passé bien plus glorieux. Lorsque l'on veut témoigner du développement ou de la régression d'un pays, on prend, par exemple, une photo de femmes et on la publie. En Afghanistan ou en Algérie, comme dans toutes les sociétés qui ont peu à peu cédé au chant lugubre de l'islamisme rétrograde et ne jurent plus que par les discours mortifères distillés dans les mosquées, les femmes ont, un jour, été belles et attirantes. Il fut effectivement un temps où, cheveux au vent, elles vaquaient à leurs occupations dans des tenues qui rivalisaient avec les dernières créations d'outre-mer. C'est bien là une preuve supplémentaire que tout passe par les femmes et que si les hommes ne s'exposent pas ce n'est pas faute d'avoir fait quand même pour démontrer que quelle que soit l'image ou la représentation que l'on voudrait donner à l'émancipation, cette dernière se doit d'attendre leur approbation. Elles sont, effectivement, magnifiques ces photos d'Algériennes, jeunes et moins jeunes, au lendemain de l'indépendance, qui riaient aux éclats sans craindre que quiconque prétende un jour pouvoir de nouveau les en priver. Elles étaient épanouies, souriantes et heureuses. Aujourd'hui, elles sont nombreuses à avoir grise mine et donnent l'impression de ne plus s'abreuver au beau reflet de leurs aînées. Que s'est-il donc passé entre ce qu'ont été ces dernières et ce que leurs filles sont, elles-mêmes, devenues ? Peut-on encore parler d'héritage ? S'il est vrai que la tenue vestimentaire est aussi révélatrice de la mentalité qui prévaut dans une société, en Algérie, elle raconte et la régression et l'appauvrissement des repères identitaires. Ce pays, cité en exemple dans une autre vie, ne sait plus, écartelé qu'il est, à quel modèle s'identifier. Pourquoi les jeunes filles ne pensent-elles plus qu'à se marier et les hommes à brider une liberté déjà fort entamée ?