De Tunis, Kattou Mohamed Pour sa première apparition à la télévision nationale, le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, a tracé le programme de son gouvernement à court et moyen terme. Pour les trois derniers mois de l'année en cours, il est tenu de suivre celui de son prédécesseur tout en y apportant certains correctifs. Le plus important est le programme de l'année 2017 et des années suivantes. Là, il a affirmé qu'un taux de développement de 3% par an, la lutte contre la corruption et le soutien aux couches déshéritées figurent parmi les principales priorités de son équipe. Comment y arriver ? M. Chahed, dont le verbe est facile et la communication fluide, en comparaison avec son prédécesseur, s'est contenté d'énumérer des généralités peu convaincantes pour les observateurs. Comme s'il vivait en vase clos, M. Chahed en parlait comme s'il pouvait en décider sans en référer aux partenaires sociaux, en particulier les syndicats ouvrier et patronal. La réponse a fusé, jeudi, de la bouche du secrétaire général de la centrale syndicale, Houcine Abbassi, qui a rejeté l'approche du chef du gouvernement qui compte renflouer les caisses de l'Etat à travers le recours, entre autres, à l'ajournement des augmentations salariales pour l'année 2019 au lieu de 2017. Pour M. Abbassi, le chef du gouvernement ferait mieux de se tourner vers les auteurs de l'évasion fiscale au lieu de parler du volume des salaires. Comme autre moyen, il a l'intention d'imposer une taxe supplémentaire de 7,5% aux hommes d'affaires. Le syndicat du patronat sera-t-il de cet avis ou s'érigera-t-il en défenseur de ses adhérents pour faire tomber à l'eau tout le programme du chef du gouvernement ? En revanche, M. Chahed a été clair et dur. La place des «têtes» de la corruption et des malversations financières est en prison, a-t-il dit. Pour mémoire, il est le premier, parmi ses six prédécesseurs, à tenir un tel langage. Aussi ciblé soit ce langage, atteindra-t-il sa cible, sachant que le phénomène est devenu un compagnon fidèle du citoyen. M. Chahed reconnaît l'ampleur du phénomène et semble avoir été encouragé par les propos tenus par le président de la République lors d'une récente visite aux Etats-Unis d'Amérique. Béji Caïd Essebsi a, en effet, déclaré que son pays s'engage, désormais, dans la lutte contre la corruption. A l'analyse, sans l'impression qu'il a laissée chez le citoyen que son interview était guidée, non par les journalistes, mais par lui-même, Youssef Chahed aura gagné son examen de passage devant le public. En comparaison avec son prédécesseur, il aurait gagné la sympathie d'une large tranche de la population, surtout qu'il a mis l'accent sur les jeunes et leur avenir, catégorie de citoyens dont lui-même fait partie puisqu'il n'a pas dépassé la quarantaine.