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C'est ma vie
Rafik le maçon
Publié dans Le Soir d'Algérie le 22 - 10 - 2016


Par Belaïd Mokhtar, un lecteur
Rafik est expert en maçonnerie, il peut à lui seul construire tout une bâtisse, mais malgré toutes ses qualités et compétences, il a du mal à trouver un emploi stable, pour la simple et unique raison qu'il est asocial et roublard. Il déteste tous les autres artisans appelés à œuvrer autour de lui, et n'hésite pas à user de toutes les combines à la seule fin de les discréditer.
Le jour où il a été embauché comme carreleur au sein d'un centre de remise en forme, personne ne se doutait que le loup venait d'être introduit dans la bergerie. Mielleux et à la limite de l'obséquiosité vis-à-vis de ses employeurs mais hargneux et sarcastique avec tous les employés présents ; dès qu'il ouvre la bouche, c'est une critique qui en sort. À ses yeux, il n'y avait que des toquards et des incompétents sur les lieux. Sa première prise de bec fut avec l'électricien. Ce dernier lui avait recommandé de signaler l'emplacement des prises de courant avant la pose de la faïence ; n'en faisant qu'à sa tête, il fit semblant d'avoir oublié, il a fallu casser plusieurs carreaux et des heures de recherche pour les localiser. Ce qui a rendu fou de rage l'homme chargé du réseau électrique.
Ensuite c'est au tour du plâtrier. Malgré de multiples explications et recommandations qu'il a faites au poseur de faïence afin qu'il limite son travail à une certaine hauteur sur les piliers pour qu'il puisse poser ses belles décorations en plâtre, là aussi un autre mauvais tour : il ne va pas tenir compte des consignes et va dépasser sciemment les mesures exigées. Il a fallu l'intervention d'un de ses employeurs qui lui ordonne sèchement de décoller les carreaux, sous peine de renvoi immédiat, pour qu'il s'exécute enfin. Les autres maçons qui travaillent avec lui ne sont pas non plus épargnés par ses roublardises, ils ont failli le tuer le jour où ils ont décidé d'un commun accord avec lui de demander une augmentation de salaire à leurs employeurs. Arrivé devant les patrons, ils l'entendent dire sans croire leurs oreilles qu'ils sont très bien payés et donc nul besoin d'être rémunérés plus que ce qu'ils perçoivent déjà. Tout le monde est resté bouche bée.
Les malheureux manœuvres qui triment sous ses ordres ne resteront pas longtemps sous son joug. Ils démissionnèrent assez rapidement ne pouvant plus supporter ses cris, ses insultes et ses critiques.
Ses employeurs constatant que personne ne souhaitait sa compagnie, lui demandèrent de recruter la personne de son choix, de préférence de son village. Ce qu'il fit. Dès le troisième jour, nouvelle embrouille avec le jeune arrivant qui a failli l'étrangler n'était l'intervention salvatrice des personnes présentes. On finit par lui trouver un ouvrier en la personne de l'âtrouss (le bouc), surnom du volontaire qui accepte de lui servir d'aide. Un homme frêle à l'ossature de fakir mais d'une force herculéenne. Il soulevait des sacs de ciment de 50 kilos avec une aisance extraordinaire et lui préparait tout sans lui laisser le temps d'ouvrir la bouche. Il lui a aussi fait comprendre qu'il n'avait pas intérêt à trop l'asticoter. Il l'a sommé d'arrêter le gaspillage et saccages inutiles en cassant des briques neuves et en découpant des bandes sur des carreaux neufs, alors que le sol était jonché de morceaux qui convenaient parfaitement à ses besoins, sous peine de le dénoncer au patron. Pour la première fois, la rage au cœur, il était contraint d'obéir à un subalterne. Il voulait se débarrasser de cet intrus à n'importe quel prix. Afin d'arriver à ses fins, il a essayé le chantage. Il attendit la présence d'un de ses patrons, joua à l'homme en colère et annonça rageusement : «C'est lui ou moi ? Vous devez choisir. L'un de nous doit partir.» L'employeur lui répondit : «Bon débarras, c'est toi qui dégage !» Voyant que son bluff n'a pas eu le résultat escompté, c'est tête basse qu'il est retourné à son poste sans ajouter un mot. L'autre revers, il l'a subi le jour où il a essayé d'embobiner ses employeurs. Un lundi matin, il arrive à son lieu de travail, la mine grise, les cheveux mal coiffés, il avait presque les larmes aux yeux, et annonce qu'il vient de perdre un de ses cousins et qu'il doit s'absenter 3 à 5 jours.
Le voilà parti. Malheureusement pour lui, un des propriétaires du centre croise par hasard son frère dans la rue, et va donc lui présenter ses condoléances. Le frangin, d'abord surpris, éclate de rire et avouera que c'est l'habituelle tactique de Rafik. «Lorsqu'il trouve un emploi momentané payé au mètre carré qui va lui rapporter le triple et même plus de ce qu'il touche en travaillant à la journée, l'excuse qu'il trouve pour s'absenter, c'est de déclarer un mort parmi sa famille. Il nous a tous enterrés depuis belle lurette : mère, père, sœurs et frères, alors que nous sommes tous bien vivants.» Une autre fois, il est allé plus loin dans ses grotesques mensonges afin d'obtenir quelques jours d'absence : il a inventé une histoire abracadabrante. Il devait se rendre rapidement chez lui, son fils venait de tomber sur une tige métallique qui lui a transpercé l'abdomen. Mais en constatant que tous ses auditeurs avaient le sourire aux lèvres, il a éclaté de rire à son tour. Il a compris que personne ne croit plus à ses bobards. Plus personne ne pouvait le supporter sur le chantier du centre de remise en forme où il semait la zizanie mais voulant le garder sous la main pour l'excellente besogne qu'il réalisait, il est affecté chez l'un de ses employeurs qui construisait en parallèle une habitation.
Sur ce nouveau chantier, il n'y avait qu'un vieux maçon sage et peu bavard, donc normalement pas de risque d'affrontement. L'homme âgé avait l'habitude de construire un seul mur d'une pièce en 8 heures, il lui fallait donc quatre jours pour finir une chambre ; Rafik, dès son arrivée, annonce la couleur. Il réussit la prouesse de réaliser la même tâche en une seule journée, et ce, dans le but de ridiculiser celui qu'il considère déjà comme un rival qu'il fallait éliminer. Il est parvenu à ses fins, puisque le soir même, le vieux maçon ayant compris le petit jeu de l'arrivant quitta les lieux. Il savait qu'il ne pouvait pas suivre la cadence que venait d'imposer le nouveau venu. Le propriétaire de la maison essaya de dissuader son ancien employé de partir, il avait beaucoup de respect pour ce respectable et honnête homme, mais impossible de le raisonner. Il ne voulait pas travailler avec un personnage qu'il qualifiait de perfide.
Après le départ du vieux maçon, plus de concurrents, et plus la peine de se fatiguer. Il pensait qu'il allait se la couler douce. Il ne construisait plus qu'un seul mur par jour. Son employeur finit par le mettre à la porte. Il ne voulait plus d'un être aussi sournois. Après avoir galéré pendant quelques mois sans travail, il trouva une nouvelle victime. Cette fois, c'est un émigré, un vieil homme, qui lui a confié la finition de sa résidence secondaire. Il ne venait en Algérie que pendant les vacances d'été. Notre incorrigible maçon ayant le champ libre va profiter de cette longue absence pour ramener sur les lieux ses conquêtes d'un soir, en leur faisant croire qu'il était riche et que la demeure luxueuse lui appartenait.
Les travaux achevés, il fit le double du trousseau des clefs, dans l'espoir de revenir quand ça lui chanterait même s'il n'y travaillait plus. Mal lui en prit, car le jour de la remise des clés, il se trompe, et au lieu de remettre le bon trousseau, il donne le double. Le propriétaire a vite compris les intentions de l'indélicat personnage, de plus, les voisins lui ont rapporté que sa demeure devenait un lupanar tous les soirs. Il a donc été contraint de remplacer toutes les serrures de peur qu'un autre trousseau traîne dans la nature. Il ne porta pas plainte, mais avant de le laisser partir, il le pria de s'asseoir gentiment et d'écouter : «Mon fils, lorsque j'ai eu des échos de tes frasques et de l'opprobre que tu as jeté sur ma maison durant mon absence, j'étais en colère, j'ai passé une nuit très agitée et j'ai fait un rêve qui m'a entièrement apaisé, je vais te le raconter. Le jour du Jugement dernier, lorsqu'il n'y aura plus aucun être sur terre, les bons seront au paradis et les fourbes en enfer, le Bon Dieu reçut deux demandes, la première émane de l'Eden et la deuxième du purgatoire. Les vertueux voulaient voir les brasiers de l'enfer et les damnés voulaient voir les vertes prairies du paradis. Les deux requêtes furent acceptées, sous la condition de construire de part et d'autre un demi-pont de chaque côté et de faire la jonction, car les deux contrées sont séparées par un fleuve où coule un magma volcanique. Après cette autorisation providentielle, ce fut la fête des deux côtés, en un laps de temps très court, les maudits finirent la tâche qui leur était imposée, du côté des heureux, rien, pas de travaux...
Dieu n'étant pas content que ses protégés soient moins performants que les suppôts de Satan envoya un ange pour s'enquérir de la raison de ce retard. Le rapport a été remis au Bon Dieu et après maintes recherches, il s'avéra qu'«il n'y avait aucun maçon au paradis, il sont tous en enfer».
Puis, il le laissa partir en lui disant que la justice divine est plus forte que celle des hommes.


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