De Tunis, Kattou Mohamed Vendredi, les tribunaux n'ont pu fonctionner normalement. Et pour cause. Les avocats, mécontents du contenu du projet du budget de l'Etat 2017, ont observé une grève d'une journée, souhaitant, par là, faire revenir le gouvernement sur sa décision d'imposer une nouvelle taxe (sous forme de timbres fiscaux) aux avocats et aux médecins de libre pratique pour renflouer les caisses de l'Etat. Le chef du gouvernement réussira-t-il là où ses prédécesseurs (en particulier Hédi Nouira, des années 1970) avaient échoué et amènera-t-il les travailleurs des fonctions libérales à plier ? Dès l'annonce de ce projet de budget, déposé la semaine dernière au Parlement, de nombreuses voix se sont élevées, en particulier celle de la puissante centrale syndicale. Le rejet est presque général puisque les mesures prises par le nouveau gouvernement de Youssef Chahed – si elles sont destinées à ramasser le maximum d'impôts — sont venues pénaliser les couches défavorisées que constituent les salariés. D'où le courroux de la centrale syndicale. Celle-ci a exprimé clairement son rejet des décisions du gouvernement qui entend suspendre les augmentations salariales de l'année 2017 tout en imposant certaines retenues au détriment des salariés. Il n'en fallait pas plus pour que le secrétaire général de l'Union des travailleurs, Houcine Abassi, monte au créneau et affiche aussi bien son mécontentement que sa détermination à défendre les intérêts des salariés appelés à la rescousse chaque fois que les caisses de l'Etat sont vides. Simultanément, Abbassi invite le gouvernement à faire preuve de fermeté pour lutter contre la fraude fiscale dont les auteurs, (les riches et les hommes d'affaires) ne sont nullement dérangés. Aussi, multiplie-t-il les déclarations fracassantes au point d'amener le chef du gouvernement à reconsidérer ses positions en annonçant que la porte du dialogue reste ouverte. Dans ses interventions, Abassi trouve soutien auprès de nombreuses associations et partis politiques, en particulier ceux de la gauche. Ceux-ci ne sont pas prêts à se taire et poursuivront leur lutte contre ce projet de budget lors de son examen par les députés. Passera, passera pas ? Telle est la question qui taraude l'esprit des Tunisiens. D'autant plus que s'il est adopté dans sa mouture actuelle, ce projet de budget fera disparaître la couche moyenne de la société dont la situation ne fait que se détériorer depuis la fameuse «révolution» de janvier 2011. En attendant, tout le monde retient son souffle. Jusque-là, le gouvernement, dont le chef a déclaré s'engager sérieusement dans la lutte contre la fuite fiscale et la corruption, ne donne pas des signes d'apaisement. En face, la centrale syndicale n'a de cesse de lui rappeler cet engagement et qu'il lui revenait de courir après les hommes d'affaires «insoumis» pour renflouer les caisses de l'Etat tout en ménageant les couches moyennes et déshérités, déjà largement affectées. Le mois de janvier étant celui de tous les grands évènements en Tunisie, on l'attend avec appréhension pour voir comment évoluera une situation politique et économique fort préoccupante. Sera-t-il le mois au cours duquel de nouveaux évènements viendront ternir davantage l'image de la Tunisie ?