Toupie, bille, marelle, yoyo, bilboquet... Qui se souvient des jeux d'enfants d'antan ? A l'époque, internet n'existait pas encore. Les enfants s'occupaient alors avec des jeux simples, sportifs et créatifs. Des jeux que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître. Balayées par l'arrivée des jeux électroniques et le déferlement du Web, ces distractions sont remisées au placard des souvenirs. Retour dans le passé pour redécouvrir les jeux d'autrefois. Sabéha, 52 ans «Les jeux qui ont bercé mon enfance étaient extraordinaires. Avec mes camarades, on attendait fébrilement la cloche annonçant la récréation. Chaque saison correspondait à un jeu. Il y avait des jeux réservés aux filles et d'autres aux garçons. Je cachais une longue corde dans mon casier. A la récréation, je me précipitais vers la cour talonnée par mes petites camarades. Pas une seconde à perdre. Deux filles en saisissaient l'extrémité, chacune d'un côté. Toutes mes camarades sautaient alors à tour de rôle. La gagnante était celle qui tenait le plus longtemps sans trébucher. Il nous arrivait également de former des équipes et de sauter deux par deux. Mine de rien, c'était une sorte d'activité physique. On jouait, par ailleurs, à la marelle. À l'aide d'un bâton de craie, on traçait sur le sol des cases numérotées de 1 à 6. On sautait à cloche-pied en poussant une boîte de tabac à chiquer remplie de terre. C'était la belle époque. En plus de ne rien coûter, ces jeux resserraient les liens d'amitié. Mes enfants n'ont rien connu d'autres que les jeux sur internet. Ils s'abîment les yeux sur leur portable ou leur ordinateur et ont tendance à s'encroûter. Notre époque est révolue. C'est dommage. Le progrès n'a pas que du bon finalement.» braham, 60 ans «Avec très peu de moyens, nous inventions des jeux qui nous occupaient et qui permettaient à nos parents ‘‘d'avoir'' la paix. A la saison des abricots, nous récupérions les noyaux. On jouait aux dénoyau : un jeu d'adresse qui nécessitait une grande dextérité et une sacrée concentration. Avec une vieille planche de récupération nous fabriquions des roulements. Flanquée de roues à billes, ces planches nous permettaient de dévaler les pentes à grande vitesse. Sensations fortes assurées. On jouait aussi aux osselets en plastique. Le jeu de billes et de toupies faisaient également partie de nos distractions préférées. Le temps passait vite avec ouled el houma. Nous n'allions pas en vacances, nous n'avions pas de jouets sophistiqués et pourtant nous étions les plus heureux du monde.» Mounir, 59 ans «Les jeux d'autrefois appartiennent à notre génération. Ma petite-fille, âgée à peine de 2 ans, sait comment manipuler l'ordinateur, se connecter à internet et accéder à des jeux on line. Quant à mes deux petits fils, outre les jeux électroniques, ils sont fous de ce nouveau jeu qu'on appelle Hand spinner et qu'ils ne lâchent plus des mains. A mon époque, avec mes petits camarades, on jouait aux billes, à la toupie, au bilboquet... On fabriquait aussi une espèce de roue qu'on faisait rouler à l'aide d'un manche de fortune. C'était nos jeux à nous. Nos jeux d'enfants dont je garde une immense nostalgie.» Hamama, 54 ans «Dès que l'heure de la récréation sonnait, nous nous élancions dans la cour pour ne pas perdre une minute. On sautait à la marelle ou à l'élastique avec une souplesse à faire pâlir d'envie un acrobate de cirque. On faisait des rondes en chantant. On jouait à cache-cache. Je me souviens d'un jeu que j'aimais beaucoup. Toutes les filles s'asseyaient en ronde. Une de nos camarades en faisait le tour. Elle tenait un mouchoir entre les mains. Après quelques rondes, elle le laissait tomber dans le dos d'une camarade dont c'était alors le tour de se lever et de faire la ronde. On chantait toutes en chœur : «Quand la vieille est en colère, elle jette son bonnet par terre. Quand la colère lui est passé, elle va vite le ramasser...» Je me souviens de nos rires, de nos taquineries et de la bonne humeur qui régnait alors. Ces jeux ne coûtaient pas un kopeck. On pouvait les improviser n'importe où dès lors qu'on était un petit groupe. Je constate avec regret que le déferlement des gadgets électroniques a cloisonné nos enfants. Ils ne jouent plus qu'en solo. Rarement à deux. Ils s'isolent dans leurs chambres, ne font plus d'exercice et s'abrutissent avec tous ces jeux stupides.» Jeux d'antan. Jeux d'enfants. Jeux dont la nouvelle génération ignore totalement l'existence sauf lorsque des parents nostalgiques évoquent leur enfance bercée par ces divertissements tombés en désuétude aujourd'hui. La faute au progrès. Consoles, jeux on line et gadgets électroniques ont sonné le glas des jeux d'autrefois. Ainsi va la vie.