Bien que très pris par ses occupations, Imache Mohamed, le fils de Imache Amar, enseignant à l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, a bien voulu évoquer le riche parcours de son père. Le Temps d'Algérie : Le parcours de votre père n'a pas été mis en valeur par rapport à ceux d'autres combattants morts entre 1954 et 1962... Mohamed Imache : C'est exact ! Cette partie de l'histoire dont fait partie Imache Amar, commence à peine à être connue. Elle a été pratiquement occultée. Ce n'est que maintenant qu'on commence à nous intéresser au mouvement nationaliste. A se poser des questions sur comment s'est formée cette conscience qui a abouti à la naissance du 1er Novembre 1954 jusqu'à l'Indépendance, en 1962. Mais, comme on le dit si bien, «mieux vaut tard que jamais». Il est temps de jeter plus loin notre regard sur l'histoire, il ne faut pas juste se baser sur la période allant de 54 à 62, car l'histoire de notre pays est beaucoup plus importante et beaucoup plus large que cela. Le 1er Novembre 1954 est l'aboutissement d'un long processus de maturation et de conscientisation. Imache Amar laissait-il son combat en dehors de son foyer, ou sa lutte l'accompagnait -elle partout ? Pour vous expliquer tout cela, il faut revenir au contexte de l'époque. Ce que je peux vous dire, c'est qu'il ne pouvait pas être un père comme les autres. En plus d'être dans un état de santé assez dégradée, on était en pleine guerre, on vivait dans la peur dans une toute petite pièce. Alors, la guerre, le froid, la faim, quand vous additionnez tout cela, comment peut-on être normal ? Il parlait toujours de son combat même à la maison. Quand son état de santé le lui permettait, il réunissait presque quotidiennement les villageois pour leur expliquer la situation et les encourager à garder espoir et continuer de lutter. Tout le temps, il faisait de son mieux. La période de 1955 à 1960 a été une période très dure pour Imache Amar et tous les villageois. Encouragez-vous ce genre d'événements de commémoration pour faire connaître le parcours du combattant qu'était votre défunt père ? De pareilles initiatives, il en faut tout le temps. Il ne faut pas attendre l'anniversaire de la mort d'historiques pour en parler et puis oublier juste après. Il faudra vulgariser cette partie de notre histoire, en pensant par exemple à inclure cette histoire dans le programme scolaire. Dans tous les pays du monde, l'histoire est enseignée à l'école car c'est l'école qui forme. Il ne faut pas attendre les commémorations. Les festivités, les conférences, c'est bien mais ça reste très insuffisant. En parlant d'école, on nous a toujours appris que Messali El Hadj est le père fondateur de l'ENA mais vous, et tous les conférenciers, vous venez de nier ce fait. L'histoire est-elle falsifiée ? Certes, les conférences sont importantes pour faire rétablir la vérité, savoir qui a fait quoi et à quel moment. Messali El Hadj ne peut pas être le père fondateur de l'Etoile nord africaine ! Il n'en est même pas membre fondateur, sachant qu'il n'est arrivé à l'Etoile nord africaine qu'une année après sa création. L'école ne doit pas enseigner des choses fausses. Les conférences permettent de dévoiler des vérités qui nous aideront par la suite à corriger l'histoire.