«L'aventure ne se trouve pas à l'extérieur, elle est à l'intérieur.» David Grayson Quand on veut former l'esprit d'un enfant, on lui ouvre une bibliothèque. Et pour développer une imagination qui ne demande qu'à s'ouvrir au grand monde, il est important que cette bibliothèque soit abondamment pourvue en livres d'aventures. L'aventure dans un monde qui est différent de l'environnement où vit l'enfant va permettre au jeune lecteur, non seulement de construire par le rêve, sans le support contraignant de l'image imposée un monde qui lui est propre, mais aussi qui peut lui permettre de se faire pousser des ailes pour sortir du nid douillet où le quotidien le tient. C'est une véritable bénédiction que de rencontrer dans les pages jaunies des vieux livres de la «Bibliothèque verte», destinée aux enfants, les héros des romans de Jack London, Jules Verne ou d'Alexandre Dumas. Quel est l'enfant qui n'a pas rêvé un jour de partir faire le tour du monde en 80 jours, d'aborder dans une île pour découvrir, avec l'expérience transmise par R. L. Stevenson, un trésor caché par de fabuleux pirates? Quel est le jeune lecteur qui, en butte à la grisaille quotidienne, n'a pas voulu un jour devenir un Robinson Crusoë et devenir maître de son destin dans une île vierge de toute pollution humaine? Qui n'a pas rêvé un jour de réinventer une société plus juste dans un monde nouveau qui est à l'abri des contraintes du monde dit civilisé? On peut vivre cette atmosphère dans une magnifique série télévisée qui vous replonge dans l'univers nostalgique de l'enfance. Lost relate les aventures d'un groupe de rescapés d'un accident d'avion dans une île non identifiée du Pacifique. Cette série est la bienvenue dans une période où les catastrophes aériennes ont fait concurrence aux massacres continus du Moyen-Orient. Cette série est un drame pur qui contient tous les poncifs des drames classiques. Ce drame se déroule d'abord dans une espèce de huis clos qu'est l'île puisque les protagonistes, naufragés, n'ont aucune possibilité de s'en évader. D'abord inconnus, tous ces personnages vont se révéler aux autres avant de se révéler à eux-mêmes. Aucun n'est d'un caractère monolithique: les nuances qui sont présentées au fil du récit donnent richesse et complexité aux portraits dont les physionomies sont d'une grande originalité. Le cosmopolitisme propre à la société américaine est de rigueur. On trouve des Caucasiens, des Noirs, des Asiatiques tout comme des nationalités diverses. Si certains gardent une certaine discrétion sur leur activité professionnelle passée, on peut dire qu'il y a un large éventail de métiers propres à une société moderne: le médecin qui deviendra bientôt, grâce à ses qualités humanistes, l'élément indispensable pour l'équilibre et la cohésion du groupe, un ancien paralytique qui recouvrira l'usage de ses jambes, grâce à l'accident, se révélera d'un pragmatisme et d'une force de caractère positifs, un ancien officier de l'armée de Saddam se révélera un bricoleur et un homme de terrain providentiel, un junkie qui abandonne la drogue à force de volonté, un ancien gangster, coréen dont la violence est le seul moyen de communication, une ancienne gangster reprise de justice qui doit sa liberté au crash de l'avion, un obèse qui se révèlera d'une grande utilité et d'un bon caractère accommodant, un cynique escroc prédateur qui fait main basse sur tout ce qu'il trouve, un Noir et son fils attachés à un chien, une femme noire qui attend toujours le retour de son mari parti aux toilettes au moment du crash et enfin, une jeune femme enceinte jusqu'aux yeux pour compléter le tableau. Il faut compter avec des personnages inquiétants qui habitent l'île avant le crash. Et il faut surtout compter sur la technique du flash-back qui explique le passé de chaque protagoniste. Une série qui inquiète...