En consacrant un Conseil restreint aux régions du Sud et des Hauts-Plateaux qu'a présidé le chef de l'Etat, les pouvoirs publics ont voulu délivrer un message opportun aux habitants de In Salah et des autres villes sahariennes pour tenter de les rassurer et de les apaiser, autant que faire se peut. Et pour cause, la question du gaz de schiste a tellement occulté les autres sujets, dans l'agenda des préoccupations locales, qu'il ne saurait en être autrement pour un gouvernement convaincu d'avoir sous-estimé l'impact de sa démarche et les conséquences engendrées par ses atermoiements en matière de communication. Fallait-il être grand clerc pour mesurer la nécessité d'expliquer, aux populations concernées, les enjeux d'un choix inéluctable et l'intérêt qu'il y a à les convaincre, non de l'urgence puisqu'au final on leur clame aujourd'hui que l'exploitation n'est pas pour demain, mais de l'impératif pour le pays d'utiliser les ressources disponibles, quand il y va de la sécurité et du bien-être de tout un peuple. N'est-ce pas cela qui a conduit le président de la République à recommander au gouvernement d'engager un large débat transparent, avec les compétences nationales reconnues et la société civile, manière de développer une communication plus efficiente. Cet appel à une stratégie autre que celle adoptée jusque-là se fonde, certes, sur le souci de donner aux populations concernées les moyens de comprendre les enjeux «relatifs aux hydrocarbures non conventionnels qui sont une réalité et une richesse nouvelles» de tout le pays mais il met surtout en relief les défaillances accumulées jusque-là. Reste le détail, tous les détails, qu'exigent les forages-tests et là, il y a beaucoup à raconter aux esprits les moins enclins à adhérer à cette option pour prétendre les rasséréner. En filigrane des recommandations, non moins essentielles, qui tendent à souligner la forte mobilisation de l'Etat sur les plans politique, sécuritaire et économique dans une zone aussi stratégique pour notre pays, dont les pays voisins connaissent malheureusement une instabilité dangereuse, voire contagieuse, un nouveau programme quinquennal de développement a été énoncé qui doit se dérouler sur la base d'une nette amélioration de la gouvernance locale et d'un réel profit pour les citoyens de ces régions sensibles. Vaste programme qui serait méritoire pour peu qu'il soit inscrit dans un contexte de sérénité et d'adhésion méritante, à défaut de militante, aux ambitions édictées. Lesquelles sont à recadrer avec les avancées réelles obtenues, au cours des dernières années, sur le plan de l'alimentation en eau potable, des réseaux d'assainissement, d'alimentation électrique et en gaz naturel, de la réalisation de logements et d'établissements scolaires, de développement des infrastructures universitaires, de santé publique etc. Des progrès indéniables mais toujours insuffisants, eu égard aux immenses besoins de régions trop longtemps délaissées, des progrès dont le gouvernement pense qu'ils se suffisent à eux-mêmes et que point n'est besoin de les inventorier pour la mesure des objectifs futurs. C'est là, et surtout là, qu'on évalue le déficit d'une démarche qui ne sait pas quand et comment il faut impérativement discourir.