L'Histoire de l'Algérie est riche de ces uléma et maîtres soufis qui ont à chaque fois assumé leur devoir et organisé la résistance. Il n'avait pas tort le président de la République de faire référence à sa seule condition physique, encore un tabou qui s'effiloche, dans un message où il nous paraît plutôt déterminé et perspicace. Des signes qui ne trompent point, tant ils nous renseignent sur une personnalité, certes décriée par les forces contraires, mais fort attachante pour la majorité des électeurs que compte ce pays. Déroulant ses réalisations - et elles sont indéniables nonobstant des dissonances inextricables perceptibles dans la vie de toujours - il aura innové dans son message en se permettant même le luxe de remettre les pendules à l'heure. A un moment crucial où les valeurs patriotiques donnent l'impression d'être sacrifiées sur l'autel d'ambitions démesurées où le déclinisme et le révisionnisme occupent une place de choix. En rappelant à certains esprits chagrins que «c'est ce refus incessant de la domination étrangère qui aura été cristallisé par la glorieuse révolution de Novembre, dans un sursaut national, mobilisant notre peuple partout à travers le pays et au sein de l'émigration», Abdelaziz Bouteflika en profitera pour rappeler les combats menés par l'Emir Abdelkader, et les cheikhs Ahaddad et Bouamama. De l'Emir Abdelkader au 1er Novembre 1954, la cohérence des attributs de cette véritable culture de la résistance a permis, dès les débuts de la colonisation, de résister 15 années de manière éclatante avant de chasser la caste coloniale à l'issue du cycle de domination. Si la culture de la résistance puise ses sources dans les valeurs spirituelles comme celles du soufisme et des tariqâs qui ont assuré l'intérim de la nationalité, comme disait Jacques Berque, l'Etat algérien remis en place par l'Emir (il est une création de la dynastie des Zianides) était d'essence moderne et universelle, un Etat fondé sur la responsabilité des différents acteurs sociaux et politiques. L'Histoire de l'Algérie est riche de ces uléma et maîtres soufis, comme Abdelkader figure emblématique, qui ont à chaque fois assumé leur devoir et organisé la résistance. A l'image, par exemple, écrira le professeur Mustapha Cherif, de cheikh Ahmed Ben Youcef al-Miliani qui a été l'initiateur de la résistance face aux Espagnols installés à Oran, Alger et Béjaïa. D'El-Mokrani à Lalla Fatma N'Soumer, des cheikhs Bouamama et Benyellès aux Ouled Sidi Cheikh, des cheikhs de zaouïas, dans leur immense majorité, aux autres figures historiques contemporaines, le credo était le même. Les forces contraires à l'occupation ont toujours su catalyser et revitaliser la culture de la résistance à la base de chaque mouvement insurrectionnel. Pour Abdelaziz Bouteflika, fidèle en cela à l'humilité mystique, la culture de la résistance a encore de beaux jours devant elle: «En cette occasion, je voudrais partager avec vous une halte de recueillement et de réflexion sur les sacrifices indicibles de notre peuple pour la restauration de sa liberté et de sa souveraineté, ainsi que sur les défis que l'Algérie se doit encore de relever pour le plein accomplissement du message de Novembre.» Face aux nouvelles formes de menaces, de reprises et de défis, réapprendre la culture de la résistance, l'éducation à la défense de la patrie passe par un projet de société porté impérativement par l'Ecole algérienne. Un projet susceptible de mobiliser toutes les forces vives de la nation à l'effet de leur permettre de s'impliquer davantage dans la formation d'un citoyen conscient et vigilant. Pour cela, la culture de la résistance doit être impérativement accompagnée par son corollaire, l'ouverture à autrui, porteur de valeurs, d'acquis et de progrès, au droit à la différence. En d'autres termes, cette résistance doit être le socle d'une lutte sans merci contre les iniquités, les injustices, la corruption et la violence, étape nécessaire à l'ouverture à la science, au savoir, à l'efficacité pour élever la condition humaine et engager la société dans la voie du développement.