Réhabilitation. Lors de l'installation, jeudi dernier, du président de la cour et du procureur général d'Alger, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, a appelé à «la création d'une presse spécialisée dans les domaines juridique et judiciaire». Le but étant de «collaborer ensemble pour atteindre les objectifs escomptés par les réformes initiées dans le secteur de la justice». Vaste programme. Le ministre a raison de parler de «création» car la presse spécialisée qu'il souhaite n'a jamais vraiment existé dans notre pays. Et pour cause. Avant l'ouverture démocratique de 1989, la pensée unique n'autorisait pas ce genre journalistique. Certes, au début des années 1980, une rubrique dédiée à ce genre d'informations a vu le jour dans la presse publique. L'initiative s'est heurtée à diverses difficultés tant elle était considérée, à l'époque, comme une «tentative de diversion de l'opinion publique». L'attention du peuple ne devait absolument pas être détournée de «la révolution socialiste». Il est vrai que le succès de cette initiative (comptes rendus des procès et couverture des délits et crimes) auprès des lecteurs était phénoménal. Les Algériens découvraient autre chose que le «tout va bien» servi quotidiennement par la pensée unique. Au sommet de l'Etat on a fini par y voir une «soupape de sécurité». D'ailleurs, la création, en 1985, du quotidien Horizons allait dans ce sens. Il n'en demeure pas moins que «l'éclaircie» fut de courte durée. Les rares journalistes (dont notre collègue et ami Abdelatif Toualbia, le seul à avoir tenu bon dans cette spécialité et qui connaît quelques ennuis de santé qu'il surmontera, nous l'espérons, très vite) qui s'étaient lancés dans ce créneau subissaient plus que des pressions pour jeter l'éponge. Par la suite et à sa naissance, la presse privée connut quelques créations entièrement consacrées à l'actualité judiciaire (pas juridique). Malheureusement, ces titres ont versé dans le sensationnel avec ses dérives comme la diffamation et l'atteinte à la vie privée. D'où leur disparition. La presse spécialisée souhaitée par le ministre de la Justice reste donc à créer. Vu le déficit, la solution idoine, pour gagner du temps, est d'ouvrir un centre de presse «réactif» au sein même du ministère de la Justice. Une structure où les journalistes accrédités pourront accéder à toutes les informations, «juridiques et judiciaires». Et bénéficier des conseils et de l'aide, en temps réel, de magistrats pour éviter les «dérapages». Ce qui sera profitable à la justice, aux médias, aux journalistes, aux citoyens et, plus globalement, au pays. L'excellence viendra avec le temps et un bon accompagnement!