Ceux qui attendaient l'Algérie au tournant doivent déchanter à la lecture du dernier rapport de l'ONS sur le chômage. Le taux n'a pas grimpé, comme pronostiqué par les hauts fonctionnaires du FMI. Il n'a pas stagné comme on l'aurait imaginé dans le meilleur des cas, après l'avalanche de commentaires pessimistes sur les «exécrables» performances de l'économie nationale, maintenant qu'elle n'est quasiment plus alimentée par la rente pétrolière. Contre toute attente, le chômage a baissé de plus d'un pour cent en l'espace de quelques mois seulement. Une performance d'autant plus importante à signaler que la population active a progressé dans ce même laps de temps. Le taux de 9,9% n'est certainement pas un chiffre satisfaisant. Derrière cette proportion, il y a plus d'un million d'Algériens et d'Algériennes en recherche d'emploi. Et ce ne sont pas des chiffres. Il y a dans cette situation de la détresse et du désespoir. C'est dire que la partie n'est pas encore gagnée pour le gouvernement, même si l'Algérie montre des signes de résistance très remarquables en ces temps de crise financière. L'idéal, et ce qui devrait être l'objectif principal de l'Exécutif, c'est d'arriver à une situation de plein emploi. Ce ne sera pas facile, mais l'ensemble des efforts de tous les acteurs concernés par le marché du travail doivent converger pour garantir un travail pour chaque adulte algérien. Il reste, on ne le dira jamais assez, avec ce taux et compte tenu de la conjoncture et surtout des investissements publics et privés ici et là, le pays est sur la bonne voie. Cela pour l'aspect positif du dernier rapport de l'ONS. Pour le côté cour du monde du travail, il faut bien reconnaître une forme de précarisation quasi généralisée de l'emploi en Algérie. Le nombre d'Algériens qui acceptent un travail en dessous de leur qualification, donc avec une rémunération inférieure à leur mérite, est assez important pour alerter la société. En effet, autant le chômage recule et de plus en plus d'adultes trouvent les moyens de leur subsistance, autant la précarité avance et remet en cause le fragile équilibre social qui repose sur un pouvoir d'achat en baisse en raison de la dépréciation du dinar. Cela pour dire que la guerre contre le chômage n'est pas une fin en soi. Encore faut-il maintenir un niveau de vie suffisant pour redonner au travail toute sa valeur. Un métier qui ne permet pas une émancipation sociale et maintient le professionnel dans une sorte d'existence «végétative» ne correspond pas aux engagements pris par le gouvernement pour consolider l'Etat social. En d'autres termes, c'est très bien de maintenir le taux de chômage à un niveau «gérable», mais il faut aussi travailler pour garantir une vie décente aux travailleurs algériens. C'est tout le sens de la bataille pour le développement.