Mauvais temps. Notre ministre des Ressources en eau et de l'Environnement, Abdelkader Ouali, dirige un secteur stratégique et complexe dont la maîtrise n'est pas si simple. Aux aléas de la nature qui retardent la saison des pluies se greffe le comportement des citoyens qui ne «jouent pas le jeu». Tourmenté par les bulletins météo très éloignés de «la normale saisonnière» qui cause des soucis de remplissage des barrages et exaspéré par le nombre des voleurs d'eau, il n'a pas pu contenir sa colère, lundi dernier à Oran. Aux cadres de son secteur, de cette région du pays, qu'il a réunis au cours de sa visite, il a illustré ce qu'il considère comme inadmissible. «13.000 branchements illicites au réseau d'eau potable ont été recensés en quatre mois» a-t-il précisé. Ces vols (ce n'est plus de la fraude) représentent l'équivalent de plus de 2 millions de m3 d'eau dont la valeur aurait permis de construire un nouveau barrage selon ses estimations. Ces vols sont devenus «un véritable fléau» s'est-il emporté. Inadmissible en effet que de tels comportements puissent rester impunis dans un pays semi-aride et que pour avoir gagné la bataille de l'eau, l'Etat a dû mettre 50 milliards de dollars sur la table. Pour qu'au final cela puisse bénéficier à des «braconniers» qui profitent d'un certain relâchement des services chargés du contrôle. Ce n'est pas tout, aux prédateurs s'ajoute la vétusté des canalisations et les fuites dont les estimations varient entre 30 et 50% de la production. Ce n'est plus du gaspillage, mais plus près de l'acte criminel. Sans eau, pas de vie possible. Exiger des cadres, comme l'a fait le ministre, d'être à la hauteur de leurs missions de contrôle et de maintenance, n'est en fait qu'un rappel à l'ordre de leur raison d'être. L'autre problème, car ce n'est pas fini, est celui du recouvrement des créances. C'est-à-dire que même parmi ceux qui ont un branchement légal, certains «oublient» de payer leurs consommations. Très certainement inspirée de l'opération «recouvrement» lancée par la Sonelgaz, la Seaal qui s'occupe de la distribution de l'eau potable dans la capitale et la wilaya de Tipasa, vient de lui emboîter le pas. Sauf que Sonelgaz a attendu d'en finir avec les ruptures intempestives de l'alimentation pour passer à cette nouvelle étape. Ce qui n'est pas encore le cas pour l'alimentation en eau potable. Les coupures pour «travaux» sont récurrentes. Sauf que, également, Sonelgaz cible en premier lieu les gros consommateurs que sont les administrations et les entreprises. Seaal grimpe les étages des cités et «coupe» l'alimentation des ménages. Sans crier gare. Sans communiqué. Elle s'en tient aux délais mentionnés depuis Mathusalem sur les factures. L'information de ces coupures nous est parvenue des citoyens. Nous l'avons vérifiée. Elle s'est avérée exacte. Les cadres de «Suez environnement», à qui le management de la Seaal est confié, doivent être surmenés. Pour «ne pas faire dans la dentelle»!