«Les élus du parlement, qui statueront sur l'avenir de millions de fonctionnaires et le devenir de la caisse de retraite, sont le vrai fardeau et la cause du déséquilibre budgétaire en bénéficiant pour bon nombre d'une retraite de rêve après seulement un mandat de 5 années...» Les avis diffèrent quant au recours à la grève décrétée par l'intersyndicale et qui a paralysé surtout le secteur de l'éducation où l'adhésion au mouvement de débrayage a été le plus suivi. Au sein même de la base du syndicat le plus représentatif, le Cnapeste, ils sont nombreux à reprocher à la direction nationale une erreur de stratégie. «Au lieu de s'opposer à l'annulation de la retraite anticipée, notre formation se devait d'axer ses revendications sur la classification de notre secteur parmi la catégorie des métiers pénibles. Cette approche rejoindrait l'autre doléance qui concerne les maladies professionnelles», commente Makhlouf, un professeur du secondaire. L'adhésion à l'intersyndicale, qui reste une avancée et acquis dans la lutte pour la préservation des droits des travailleurs, ne doit pas faire oublier que l'éducation est de loin le secteur par qui les changements s'opèrent. Les grèves antérieures ont permis la révision des statuts, la revalorisation des salaires, l'amélioration de la situation sociale de l'ensemble des fonctionnaires de l'administration publique. «Il est temps d'arrêter d'être la locomotive surtout que les sanctions et les retombées s'appliquent aux seuls personnels de l'éducation», ajoute notre interlocuteur. Aux dires de plusieurs des grévistes, le moment est venu de revenir à des revendications corporatistes, surtout que l'érosion du pouvoir d'achat n'est pas exclusive aux enseignants. Le corporatisme s'impose dans la mesure où le régime de retraite est disproportionnel. «Les élus du Parlement, qui statueront sur l'avenir de millions de fonctionnaires et le devenir de la caisse de retraite, sont le vrai fardeau et l'origine du déséquilibre budgétaire en bénéficiant pour bon nombre d'une retraite de rêve après seulement un mandat de 5 années. Les primes de départ dans certains organismes pas plus productifs que l'éducation et qui se chiffrent en millions de dinars quand les personnels de l'éducation partent sans rien, les 250.000 DA offerts par les oeuvres sociales tardent à arriver aux personnels partis en 2014», pense Tayeb, un syndicaliste en retraite. Concernant l'intervention du ministre du Travail, beaucoup la considèrent déplacée et irresponsable. «Au lieu de faire un procès d'intention en accusant les demandeurs de la retraite anticipée de gens attirés par le gain et de personnels désireux d'exercer dans le privé, il aurait été plus judicieux de se demander pourquoi cet engouement au départ? Pourquoi ce même ministre ne remet pas les pendules à l'heure en imposant aux privés l'application du même barème de cotisation en vigueur dans le public?». Pour la précision, le ministre Ghazi avait clairement accusé les enseignants lors d'un point de presse. La raison la plus évidente quant à la volonté de milliers de fonctionnaires de l'éducation de partir en retraite demeure la dégradation et les conséquences d'une gestion hasardeuse pendant deux décennies et qui est venue à bout de toutes les compétences. «L'arrivée de la ministre actuelle, animée par une bonne volonté est une lueur d'espoir qui pourrait motiver quelques-uns à rester», pense un enseignant. «Au lieu de s'en prendre aux postulants, le ministère du Travail et le gouvernement peuvent autour d'une table avec les partenaires sociaux trouver des solutions comme par exemple comptabiliser à raison de 2,5 chaque année supplémentaire au-delà des 32 ans d'exercice et augmenter la retraite au-delà des 80%.» Le bras de fer qui donne l'impression d'être plus violent dans les jours à venir interpelle les forces vives du pays pour trouver immédiatement un consensus qui préservera l'intérêt du travailleur et la pérennité de la caisse. Pour cela le sacrifice se doit d'être national, à commencer par ceux qui, dans les jours à venir, légiféreront.