Peugeot patine en Algérie Peugeot a été jusqu'à abandonner ses conditions pour se plier à celles exigées par le gouvernement algérien. Annoncée par le président français, François Hollande, en 2014, l'usine d'assemblage de véhicules de la marque Peugeot peine à voir le jour en Algérie. D'autres projets, qui avaient été initiés après, sont aujourd'hui une réalité, à l'image de celui du constructeur sud-coréen Hyundaï ou encore l'ambitieux investissement de Volkswagen. D'autres unités d'assemblage devront voir le jour dans les mois à venir, à l'image de la marque Suzuki, Nissan et même Toyota, dont les discussions avec les autorités centrales sont en bonne voie. Sur la liste des marques prestigieuses intéressées par un investissement direct en Algérie, l'emblématique BMW affiche un intérêt particulier et prévoit une usine d'assemblage, dont une partie de la production sera orientée vers l'exportation. Ce point de situation, bien que sommaire, illustre l'importance de l'Algérie qui s'impose, de fait, comme un hub de l'industrie mécanique africain. Les spécialistes de la filière n'hésitent pas à comparer l'Algérie à ce qu'ont été la Chine, la Turquie, le Brésil et l'Iran, il y a quelques décennies. L'ensemble des opérateurs de la filière sont unanimes à relever que l'Algérie sera le principal point de départ pour un nouveau déploiement des constructeurs mondiaux. On comprend donc la panique qui semble s'emparer des patrons du constructeur français qui se voit distancer sur l'un des marchés majeurs de l'automobile au plan international. Qualifié de «victime collatérale» du Twitt «enfantin» de l'ancien Premier ministre français, Manuel Valls, le projet Peugeot s'est vu prendre le chemin du «placard» de manière assez brusque, faut-il le rappeler. A la veille de la signature du protocole final entre les trois associés, Peugeot et deux entreprises privées algériennes, l'opération s'arrête net. De fait, le dossier de la fameuse usine dont la zone d'implantation avait été identifiée, revient à la case départ et de nouvelles négociations sont ouvertes avec le ministère de l'Industrie et des Mines. Entre-temps, le cahier des charges qui impose aux investisseurs de réaliser un taux d'intégration supérieur à 40% à la cinquième année d'activité est promulgué par les pouvoirs publics. Une exigence qui n'a pas refroidi les opérateurs économiques qui multiplient les intentions d'investissements et parviennent souvent à matérialiser, à l'exception de Peugeot, dont le projet est frappé du sceau du silence. Plus de deux ans après l'annonce de cet investissement, le projet n'est même plus évoqué par le ministre de l'Industrie, sauf pour répondre aux questions insistantes de la presse, et les réponses sont systématiquement laconiques. L'opinion nationale qui sentait bien que quelque chose clochait dans ce dossier, est prise à témoin, ces derniers jours par les plus hauts responsables de la marque au Lion. Le responsable de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient (Mena) du groupe PSA, Jean-Christophe Quémard a fait en sorte à ce que les Algériens sachent l'importance qu'accorde Peugeot à son investissement en Algérie. A partir de Marrakech où PSA a lancé un nouveau modèle de la marque, il a fortement insisté sur le souhait de l'entreprise qu'il représente d'ouvrir une usine en Algérie. M.Quémard aurait pu tenir ce propos à partir de Paris, se suffire d'un communiqué ou encore adresser un courrier au ministère de l'Industrie et des Mines. Il a opté pour une déclaration à des journaux algériens à partir du Maroc, pays avec lequel l'Algérie est en concurrence sur la filière de l'industrie mécanique. Il ne peut y avoir, à ses yeux en tout cas, meilleure preuve de bonne volonté à fournir pour pouvoir se positionner en Algérie. Le dirigeant de Peugeot a été jusqu'à abandonner ses conditions pour se plier à celles exigées par le gouvernement algérien, affirmant aux mêmes journalistes que son entreprise a satisfait à toutes les exigences du cahier des charges, sans formuler la rengaine chère aux patrons français, à savoir que Peugeot aiderait l'Algérie à développer son industrie mécanique. On sent bien que l'enjeu est ailleurs et c'est même du contraire qu'il s'agit: Peugeot a besoin d'investir en Algérie pour garantir un minimum de compétitivité sur l'industrie automobile.