Mon film est en boîte depuis maintenant un mois Connu à travers son émission «Tamourthiw» diffusée sur Br tv depuis une quinzaine d'années, Ahmed Djenadi, du haut de ses 60 ans, continue à travailler et à produire en s'investissant dans le 7e art. Il nous revient cette fois-ci avec une fiction qui tourne autour d'un kidnapping, un fléau, qui ébranle fortement la région de Kabylie ces dernières années. Nous l'avons rencontré pour plus de détails. L'Expression: Après une série de courts métrages, vous voilà de retour avec la réalisation de votre première fiction, long métrage? Ahmed Djenadi: Ce film long métrage est intitulé «Wint Wint» ou bien «Le kidnappé». C'est le deuxième film long métrage que je réalise après trois feuilletons, deux courts métrages, en tant que réalisateur depuis fin 1999 début 2000. Ce film traite d'un fléau nouveau dans notre société, notamment en Kabylie. En effet, ces dernières années, nous assistons presque au quotidien au kidnapping d'enfants dans tel ou tel village. Ces innocents ne sont pas uniquement kidnappés, mais parfois, ils sont retrouvés assassinés par des hordes sans foi ni loi. L'histoire du kidnappé est-elle une fiction, ou tirée d'un fait réel? «Wint Wint» est une fiction, mais je me suis basé sur des faits qui se produisent réellement dans nos villes et villages. Quels moyens avez-vous utilisé pour réussir votre oeuvre? Maintenant si vous faites allusion aux moyens techniques je dirai que nous avons utilisé les moyens modernes d'aujourd'hui. Quant aux moyens humains, j'ai travaillé avec une équipe extraordinaire, le directeur technique Larbi Halis, qui n'est plus à présenter, l'ingénieur du son n'est autre que Belramoul dit le Blanc, un Constantinois ancien de la Télévision algérienne, à la lumière y avait Tako, un jeune Tlémcenien qui connaît très bien son boulot. L'équipe artistique aussi a été triée sur le volet, je cite entre autres Mouloud Ammoura (Hrirouche) Djamila Bouanem et le grand comédien Salah Wamar, pour ne citer que ceux-là. Il n'est pas facile de réaliser un film aujourd'hui. Avez-vous été soutenu par l'Etat? Malheureusement l'Etat ne nous vient pas en aide, nous essayons de réaliser et de produire avec nos propres moyens et avec les différents industriels qui nous soutiennent en fonction de leurs possibilités. Là si vous le permettez, je voudrai remercier entre autres Very net Akbou, Soprofort Béjaïa, Promo Bouraï Béjaïa, Tchin lLait Candia pour ne citer que celles-là. Sans ces entreprises, le film n'aurait jamais vu le jour. Rentrons si vous le voulez bien dans l'histoire de votre film «Wint Wint» Oui, dans ce film je raconte ce qu'a vécu une famille algérienne kabyle. Une famille aisée qui vit en harmonie jusqu'au jour où le fils de Mohand Abrouche, le jeune Massil, âgé à peine de 8 ans, a été enlevé à l'entrée du village. L'histoire se passe dans un village kabyle du nom de Tissa. Là aussi, je voudrais rendre un vibrant hommage aux villageois qui m'ont beaucoup aidé avant, durant et après le tournage du film. Comme je l'ai souligné au début de notre entretien, s'agissant d'un phénomène étranger à notre société, les villageois se réunissent et décident de s'organiser pour retrouver le jeune Massil dans les plus brefs délais. Ahmed Djenadi, produire c'est bien, mais est-ce que vos produits sont diffusés facilement au niveau des chaînes de télévision? Vous voulez connaître la vérité? Eh bien non! Nos produits ne trouvent pas facilement diffuseurs, permettez-moi de vous raconter ceci. Il y a deux ans, j'ai produit un feuilleton de 21 épisodes de 26 mn chacun. La télévision algérienne a acquis les droits de diffusion, mon feuilleton a été diffusé durant et après le Ramadhan 2016. A l'heure où je vous parle, je ne dispose même pas de convention avec cet organisme de diffusion? Je n'étais pas payé. Notre profession est sérieusement menacée! Vous figurez parmi les premiers producteurs et de surcroît réalisateur en tamazight, normalement on doit vous encourager à produire, puisque tamazight a besoin de productions. Il n'y a pas que les producteurs ou les réalisateurs en tamazight qui souffrent. C'est tout le 7ème art qui est en danger! Que vous produisiez en arabe ou en tamazight, le problème est le même. Le ministre de la Culture doit revoir sa politique, il doit s'impliquer avec nous, nous aider à sortir le cinéma algérien de ce marasme, en somme il doit nous encourager à produire. Revenons à votre dernier film «Wint Wint», l'avez-vous achevé totalement? Mon film est en boîte depuis maintenant un mois. J'ai fait une avant-première au village Tissa, dans la commune de Timezrith, en présence d'un nombreux public et de la presse nationale. Mon film a eu un très bon écho! L'avez-vous déposé à la télévision? Oui! mon film est au niveau de TV 4, il passera devant la commission de lecture et elle décidera de son sort. Comptez-vous le projeter dans des lieux publics en Algérie et à l'étranger? Oui je devais le faire le 15 avril dernier au Canada et aux Etats-Unis, mais pour des raisons indépendantes de ma volonté, nous l'avons reporté à une date ultérieure. Là, je suis en train de ficeler un programme de projections débats en Europe, notamment en France, Belgique et Espagne. Je suis en contact avec un réseau d'associations basé dans l'Hexagone, d'ici septembre prochain j'entamerai ma tournée. Allez- vous participer au Festival national du film amazigh? Non je ne participerai pas à ce festival dès lors que l'on n'encourage que la médiocrité et du fait que les objectifs de ce festival n'ont jamais été clairs. Participer pour une enveloppe de 300.000 DA autant le laisser dans mon tiroir.