Plusieurs capitales sont concernées Il est vraisemblable que le mouvement auquel s'est consacré Abdelkader Messahel va revêtir une consistance à la mesure des différents enjeux. Or, ceux-ci sont multiples et d'envergure, tant il importe de construire le redéploiement en fonction de paramètres complexes, propres à chacune des régions concernées. Depuis plusieurs semaines, le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel se penche sur la mise en oeuvre d'un vaste mouvement diplomatique qui va transformer en profondeur l'essence et la quintessence d'un secteur confronté durant l'année 2017 à des obstacles et des défis conséquents. La nécessité d'une mutation profonde, aussi bien dans la démarche elle-même que dans le choix des hommes et des femmes appelés à la concrétiser, est apparue qui exige une véritable refondation de la citadelle diplomatique. C'est pourquoi il est vraisemblable que le mouvement auquel s'est consacré Abdelkader Messahel va revêtir une consistance à la mesure des différents enjeux. Or, ceux-ci sont multiples et d'envergure, tant il importe de construire le redéploiement en fonction de paramètres complexes qui existent notamment au niveau des points chauds du continent africain et de la sphère moyen-orientale, champs traditionnels de la politique étrangère du pays. D'abord, le contexte régional, marqué par la crise libyenne qui accapare une bonne partie des efforts et des préoccupations de Messahel tant les tenants et les aboutissants de cette crise peuvent influer directement sur la situation interne de l'Algérie. A cela se greffe la donne sahélienne, en particulier les problèmes que vit le Mali voisin auxquels il convient d'ajouter les problèmes de la rébellion qui sape la stabilité de certains pays de la région, la menace terroriste, les crimes transnationaux liés aux trafics d'armes et de drogue ainsi que la traite des personnes tributaires des flux migratoires. Autant de sujets critiques qui minent le champ africain, zone de prédilection de la diplomatie algérienne dont l'ambition sera de traduire concrètement, dans le cadre de l'Union africaine, une politique commune assortie d'une stratégie unifiée en vue du dialogue ou des négociations avec l'Union européenne ou des pays membres riverains du Bassin méditerranéen. Et, compte tenu de l'ampleur actuelle des drames vécus en Méditerranée où des milliers de migrants périssent chaque année, une initiative de l'Union africaine est nécessaire auprès du G8 et du G20 pour trouver des solutions dont l'urgence n'échappe à personne. Laquelle a un autre sujet de préoccupation qui concerne le domaine des investissements économiques, terrain sur lequel notre pays a consenti un certain retard au point que des positions névralgiques ont été perdues auprès de certaines capitales, faute d'avoir su anticiper la volonté de surenchérir du voisin marocain. Car «les bonnes relations se construisent sur les (seuls) intérêts» et les Etats n'échappent pas à cette règle. Reste la question du Sahara occidental dont la décolonisation est sans cesse remise aux calendes grecques, faisant fi de la légalité internationale et des efforts des pays de bonne volonté. Il est on ne peut plus honteux qu'en 2017, le seul peuple sahraoui soit toujours, dans tout le continent, sous domination coloniale marocaine alors même que le Royaume chérifien a obtenu son retour au sein de la communauté africaine! Au Proche-Orient, la récente tournée de Abdelkader Messahel a donné le tempo pour une embellie des relations économiques avec plusieurs pays de la région. Prenant le temps d'une escale productive dans chacune des capitales, Riyadh, Amman, Le Caire, Abu Dhabi, Baghdad et d'autres, il a transcendé les aléas d'une conjoncture marquée par le différend qui oppose le Qatar à ses partenaires du Conseil de coopération du Golfe pour plaider en faveur d'un partenariat redimensionné à la hauteur des ambitions et des moyens du plan de développement engagé dans le pays. A chacune de ces visites, il a remis une lettre du chef de l'Etat destinée à son homologue pour exprimer les préoccupations de l'Algérie quant aux conditions actuelles du Monde arabe. Plus que jamais, il importe en effet de travailler à une authentique réconciliation qu'imposent les agressions extérieures auxquelles nous sommes tous confrontés. La plaie est béante qui exige des efforts communs et solidaires pour espérer l'endiguer et l'Algérie n'a eu de cesse d'attirer l'attention de tous les pays membres de la Ligue arabe pour leur manifester ses vives préoccupations face à des conflits qui sont parvenus à disloquer le front uni affiché il n'y a pas si longtemps sur nombre de questions dont la cause palestinienne n'est pas la moindre. Le message du président Bouteflika appelle à ressouder cette union sacrée, renforcer les relations bilatérales et tirer profit de l'expérience algérienne en matière de lutte contre le terrorisme pour faire face au défi de Daesh, que ce soit en Irak, en Syrie ou en Egypte. Abdelkader Messahel peut, peut-être, ne pas avoir été entendu, l'essentiel est que le message a été porté et l'histoire l'entendra ainsi. Comme de tradition, le mouvement diplomatique en préparation sera, une fois validé par le chef de l'Etat, couronné par un certain nombre de nomination d'ambassadeurs, de consuls généraux et de consuls dans des postes plus ou moins stratégiques. Plusieurs capitales sont concernées, dont celles de nos voisins immédiats, la Tunisie et le Maroc. Lisbonne, Londres, Genève, Zagreb, Ottawa, Buenos aires, Bogota, Pretoria, Doha, Le Caire, Abou Dhabi, La Haye et surtout Paris figurent dans la liste présentée par le ministre des Affaires étrangères. La capitale française revêt à cet égard une importance extrême, dans une conjoncture marquée par la volonté commune de renforcer la coopération tout en lui conférant le cadre privilégié que les potentialités existantes justifient pleinement.