Promouvoir et sauvegarder le patrimoine Capitale de la poterie avec sa spécificité, Aït Smail s'est encore distinguée dans une nouvelle édition en rééditant pour la sixième fois le festival de la poterie dédiée aux femmes artisanes. Les passionnées, les fans et les protecteurs de la culture, de l'histoire, de l'art ancien et de la poterie traditionnelle se sont retrouvées dans un climat de convivialité, le sourire au visage pour célébrer la sixième édition du festival de la poterie organisé, hier, par l'association culturelle Tidukkla Tadelsant A Drar nFad en collaboration avec l'association sociale pour les handicapées et les maladies chroniques et l'association «Oxy-jeunes» pour la promotion et sauvegarde du patrimoine à la commune de Ait Smail dans la wilaya de Bejaia. Aït Smaïl, ce village merveilleux et unique ne laisse pas le visiteur indifférent tant par ses paysages forestiers que par sa poterie traditionnelle. C'est une terre façonnée par l'amour et la beauté de la femme, qui a su garder et transmettre d'une façon bien à elle l'histoire du village. Pour les fans de l'art ancien, c'est un rendez-vous annuel au cours duquel ils découvrent les petites merveilles et trésors de la Kabylie. Mais pour les 15 participantes, car ce métier est propre à la femme, présentes à cette édition, c'est une autre histoire. Chaque femme qui expose fièrement le fruit de son travail acharné pendant une année s'exprime à sa manière en toute liberté. A base d'argile et seulement à la main, la femme de Aït Smaïl arrive à imaginer et créer plusieurs produits. Chacun a son propre format et son dessin, mais aussi chaque produit raconte une histoire et vise à transmettre un message bien particulier. «On organise chaque année ce festival pour encourager la femme qui, avec des moyens très modestes et traditionnels, arrive à réaliser des objets magnifiques, ce qui m'a attiré le plus dans ces objets et qu'on ne trouve pas ailleurs c'est l'immense beauté de la poterie de Aït Smaïl. Contrairement aux autres produits, qu'on trouve sur le marché, ces objets sont des créations qui comptent beaucoup pour les femmes parce que ce n'est pas simplement un motif de beauté, mais c'est un canal utilisé depuis longtemps pour atteindre des objectifs et transmettre des messages à sa fille, sa mère, son mari et son entourage. Afin de les récompenser, on a organisé un concours où chaque femme doit réaliser trois modèles différents et ensuite le jury va décidé de la plus belle création», déclare le président de l'association Tidukkla Tadelsant, Karache Hakim. La poterie de Aït Smaïl a perdu cette année deux grandes femmes Kaled Zineb et Idir Tassadite qui ont participé aux éditions précédentes. En présence du maire de la commune, les familles des deux femmes disparues et les intellectuels, les organisateurs du festival leur ont rendu un grand hommage. La poterie est un monde d'histoire qui est transmis d'une génération à l'autre dans le souci de la préserver et tout comme la culture en général représentant la diversité des peuples. Belkhir Brahimi est un homme qui a observé sa mère et sa femme réaliser des objets traditionnels et il s'est inspiré pour éditer un ouvrage sur les symboles et les noms des poteries. «La poterie et moi c'est une ancienne histoire d'amour j'ai toujours voulu protéger ce savoir-faire, c'est la chose qui m'a poussé à approfondir mes recherches et je suis parvenu à rassembler 42 noms d'objets de la poterie dans un document que j'ai intitulé Yal Azamoul Isa Azal, chaque objet a sa valeur», nous explique Belkhir Brahimi. Le programme était riche et les présents ont eu droit à une projection de photos, une pièce théâtrale et deux conférences sur Chérif Kheddam. Un gala artistique regroupant les artistes de la région a été organisé en clôture de cette sixième édition de la poterie.