Même si la détresse des populations et la violence de leurs actes ne sont pas dissuasives pour les amateurs européens de sensations fortes, au pays des senteurs orientales que galvanise le «hakik», l'événement résume à lui seul la situation qui prévaut à Casablanca. Le Maroc, terre bénie des touristes occidentaux et français en particulier pour son hospitalité capable de relever tous les défis et satisfaire tous les appétits, est en émoi depuis dimanche soir, après la diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo «insoutenable» montrant l'agression d'une jeune femme, qualifiée d'attardée mentale, par un groupe de jeunes voyous. Malmenée, déshabillée de force, palpée et carrément traquée dans un autobus qui continuait tranquillement son périple sans qu'aucun des voyageurs ne daigne, ou n'ose, intervenir pour tenter de mettre fin à l'agression, la jeune femme a ainsi vécu le calvaire à l'identique que celui subi par une autre jeune fille dans les rues de Tanger, au début du mois d'août. C'est la diffusion des images sur les réseaux sociaux qui déclenche à chaque fois la fureur des Marocains poussant alors médias et officiels à manifester «promptement» leur indignation. Comme à Tanger, les enragés de Casablanca ont vite fait d'être interpellés par les services de sécurité instruits par l'autorité compétente. Il n'empêche, à chaque fois, les images de telles violences gratuites et à la limite de l'obscénité seront là qui témoignent de façon éloquente de la dure condition des femmes marocaines, objets impuissants de toutes les dérives et de tous les abus. Les pleurs et les appels au secours de la pauvre jeune femme de Casa qui n'ont eu pour écho que les ricanements de ses bourreaux, eux-mêmes victimes d'un système où les hommes et les femmes sont, dès leur plus jeune age, taillables et corvéables à merci resteront longtemps gravés dans les mémoires. Même si la détresse des populations et la violence de leurs actes ne sont pas dissuasives pour les amateurs européens de sensations fortes, au pays des senteurs orientales que galvanise le «hakik», l'événement intervenu vendredi dernier dans un autobus de la société de transport Medina Bus suivi de l'arrestation de quatre des six auteurs d'un viol collectif résume à lui seul la situation qui prévaut à Casablanca, métropole économique du royaume. Il est de bon goût que la presse locale tire la sonnette d'alarme, criant au scandale et réclamant à juste titre une riposte sévère au phénomène du harcèlement des jeunes femmes dans l'espace public. Mais le gouvernement marocain a d'autres chats à fouetter, notamment dans les territoires occupés du Sahara occidental et dans le Rif en effervescence et là, les images sont plutôt rares.