Pas de nom, ni photo ou épitaphe. Juste trois initiales -MSS- entrelacées sur la grille de fer d'un caveau familial: ici repose Mobutu Sese Seko, «roi du Zaïre» et dictateur déchu, mort il y a vingt ans jour pour jour en exil au Maroc. La dépouille du tout puissant maréchal-président, qui régna 32 ans sans partage sur l'ex-Congo belge -aujourd'hui République démocratique du Congo (RDC)-, est enterrée au cimetière européen de Rabat, dans une relative sobriété vu le personnage. «Il y a beaucoup de gens qui viennent visiter la tombe. Chaque jour, il en passe au moins une dizaine, presque tous Congolais (et) africains», raconte Abu Fida, gardien des lieux. «Mobutu, c'est la vedette du cimetière!», sourit-il. Cachée derrière de hauts murs blancs, cette improbable nécropole est un mélange de sépultures à demi-abandonnées et d'alignements de tombes militaires, vestige du Maroc colonial. Dans un silence presque religieux, une allée centrale et déserte cernée de palmiers monte vers une imposante obélisque célébrant les «glorieux défenseurs» de la France.