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Une histoire d'amour et de mort
ROMAN POSTHUME DU JOURNALISTE RACHID HAMDAD
Publié dans L'Expression le 18 - 10 - 2009

Lire le roman d'un confrère, des années après sa disparition, est un exercice difficile. Lire le livre et tenter de décrippter des messages entre les lignes, essayer de comprendre les dernières pensées de l'auteur, c'est revivre des moments noirs que l'ensemble des journalistes de Tizi Ouzou ont vécu durant les années 1990.
Le livre de Rachid Hamdad est un témoignage poignant, un vrai roman avec un style incisif et des idées prégnantes. Des années après sa mort, sa famille décide enfin de publier son unique ouvrage. Le roman est intitulé: La Mort de Hamama.
Une histoire avec une grande part de réalité, notamment quand il s'agit des événements politiques et tragiques que nous avons tous vécus d'une manière ou d'une autre durant la tragédie nationale. Le livre, on le lit d'une traite. Bâti sur un fait divers, le suicide d'une jeune dame, le roman est une succession de réflexions sur des questions existentielles.
Des interrogations sur le sens de la vie, sur l'amour impossible et sur la mort qui peut tantôt représenter une fin mais souvent être carrément un remède. Le roman a également une dimension psychologique, puisqu'il y est question de sujets de fond comme la solitude et la difficulté de s'en sortir même quand on a tout et qu'on est bien entouré en apparence.
Des passages du roman sont excellemment rédigés comme celui consacré justement à la solitude: «Il n' y a pas de compagnie, il n'y a que des solitudes qui se tiennent la main. Ma solitude n'a plus de membres. Elle s'enroule sur mon âme comme une pelote d'absence. Oui, je m'absente dans ma solitude et je n'ai plus de main à tendre. Ma solitude est complète, totale et finie. Elle n'a plus de bout par lequel elle serait susceptible d'être prise».
Des extraits de ce niveau sont innombrables dans le roman de Rachid Hamdad qu'on a envie de relire, une fois la première lecture achevée. Le livre parle aussi d'amour, mais comme dans la majorité des romans, il est question d'amour impossible, de sentiments refoulés parce que la vie paraît souvent injuste quand on n'a pas le courage de regarder l'avenir comme étant une alternative pour le passé. L'auteur s'interroge en page
42: «Puis-je te dire je t'aime?...L'amour est une promesse... Mais que puis-je te promettre du fond de ces draps qui puent la lavande et l'adieu? Et pourtant, je t'aime encore ma chère Ferroudja... Etre vieux est, dans certains cas, le privilège d'avoir vécu, mais être atteint de vieillesse est certainement l'incapacité à continuer à l'être». L'homme qui parle ici n'est point un jeunot, mais un vieillard au crépuscule de son existence. C'est dire que l'amour peut ne pas être l'apanage des jeunes, mais Rachid Hamdad analyse les entrailles de ce sentiment, il l'explore, il décortique l'âme humaine, mais toutes les questions philosophiques restent éternellement en suspens.
Des questions, que des questions mais point de réponses!
A travers ce premier et dernier roman, on découvre que la mort nous a privé d'un grand écrivain surtout quand on sait que le manuscrit a été publié tel qu'il a été écrit à l'origine, c'est-à-dire sans avoir été relu et corrigé par l'auteur et sans avoir subi la réécriture qui s'impose à certains passages.
On ne peut pas vraiment dire qu'il s'agit d'un roman d'amour, même si le lecteur finit par découvrir qu'un amour se cache derrière la trame obscure du récit. Hamama est mariée avec Hassen et a un enfant. Mais comme l'amour est aveugle, elle tombe amoureuse de Mahfoud. Ces derniers s'aiment mais l'obstacle conjugal les empêche de vivre leur passion. Est-ce la raison pour laquelle Hamama décide de se jeter du balcon de sa maison? Le lecteur ne le saura jamais avec certitude. Il pourra juste le conjecturer.
Rachid Hamdad décrit avec une grande précision les circonstances du suicide et les réactions lui ayant succédé, mais à aucun moment il n'évoque les raisons de cette mort absurde. Le lecteur peut ce douter de l'existence d'une idylle clandestine entre la défunte et Mahfoud quand se dernier se présente au domicile mortuaire. Mais l'auteur n'en souffle mot. C'est ce qui fait que son roman est agréable à lire.
Une sorte de suspense s'installe au fil des pages. Le lecteur voudra savoir pourquoi Hamama s'est donné la mort et pourquoi Mahfoud est venu jeter un dernier regard sur sa dépouille? Aucun membre de la famille ne connaît cet homme et pourtant il est là. Hassen a-t-il soupçonné quelque chose? L'auteur n'en dit rien non plus. En fin de compte, c'est une lettre posthume qu'a laissée Hamama à Mahfoud qui vient démêler l'écheveau. Dans la correspondance, Hamama parle expressément de l'amour qu'elle voue pour Mahfoud, mais elle, aussi, reste muette sur les raisons qui l'ont poussée au geste fatidique. L'histoire que raconte Rachid Hamdad coïncide avec l'assassinat du Président. Le lecteur comprendra qu'il s'agit de Mohamed Boudiaf, bien évidemment, même si l'écrivain ne cite pas son nom. Une partie du livre est consacrée à la lutte des militants de la démocratie pour sauver le pays du vent de la tourmente.
Le livre se termine sur une touche de nostalgie quand Hassen, le veuf, se rend dans son village natal, revisite les lieux de son enfance et de son adolescence, et pense longuement à son premier amour. C'est un roman dense qui a été écrit par Rachid Hamdad. Ce dernier a travaillé dans plusieurs journaux avant d'atterrir à El Watan. Quelques mois après l'assassinat de son ami le journaliste Achour Belghezli, il signe ses articles avec les initiales de ce dernier. Rachid Hamdad qui avait une bonne maîtrise de la langue amazighe, écrivait et montait des pièces de théâtre et avait été professeur de lycée. «C'est par devoir de mémoire que sa famille et ses collègues du journal El Watan ont tenu à publier le roman pour que Rachid Hamdad reste éternel bien que l'arme à feu que le pouvoir algérien a mis entre ses mains pour se défendre de l'hydre islamiste a eu raison de sa vie. Il avait 39 ans», précise l'éditeur sur la quatrième de couverture. Et d'ajouter qu'à travers ce roman, l'auteur décrit des rêves brisés, des espoirs contrariés et détaille les scènes de cet événement tragique, le suicide, dans sa moindre horreur. Les dernières lignes du roman ont été écrites par Rachid Hamdad en 2000.
Son oeuvre était achevée dans sa tête mais point sur le papier: Les 130 pages du roman, intenses et remarquables d'épaisseur, allient fiction dramatique et réalité amère. Celle de l'Algérie des années 1990. Le roman est préfacé par Mohamed Kali, un autre journaliste d'El Watan.


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