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GARE AUX GREVISTES !
Publié dans Liberté le 19 - 10 - 2003

Les Ssyndicats Autonomes de l'Enseignement menacent
“Nous Allons descendre dans la Rue”
Le Comité des libertés syndicales, qui a initié une pétition nationale, exige la levée des mesures prises à l'encontre des enseignants.
Le Comité pour les libertés syndicales (CLS), regroupant plusieurs syndicats autonomes dont le Cnapest et le CLA, a initié, jeudi, à l'issue d'une réunion, une pétition nationale appelant “la communauté de l'éducation et l'opinion publique à se démarquer des mesures de suspension, des poursuites judiciaires et de l'attitude autoritariste du ministère de l'Education nationale”. Le CLS exige “la levée immédiate des mesures répressives prises à l'encontre des enseignants” et appelle le ministère de l'Education nationale à “ouvrir des négociations avec les représentants légitimes des enseignants du secondaire, le CLA et le Cnapest”. La pétition a été distribuée, hier, par le Conseil des lycées d'Alger au cours d'une assemblée générale qu'il a tenue avec des délégués de 35 lycées au siège du CNES, à Alger. Il leur est demandé d'entamer, dès aujourd'hui, le travail de quête de signatures auprès des parents d'élèves. Ce qui permettre au Conseil de démontrer sa légitimité. Cette pétition sera publiée, demain, dans trois journaux différents.
En outre, le syndicat des enseignants du secondaire a procédé à l'évaluation du mouvement de grève pour la journée d'hier. L'écrasante majorité des enseignants des lycées d'Alger a respecté le mot d'ordre de grève. Jusqu'à hier, pas moins de 17 enseignants ont été suspendus au niveau de la capitale.
Aussi, le secrétaire général du CLA, Osmane Redouane, a exhorté les enseignants à “accompagner psychologiquement” leurs confrères suspendus. “Le syndicalisme, c'est la solidarité et non pas l'appareil !”, s'est-il exclamé.
Comme pour rassurer les enseignants, M. Osmane a affirmé qu'avec ces suspensions, “l'administration est en train d'utiliser sa dernière cartouche”. Ne voulant pas céder à l'optimisme béat, il avertit : “On se prépare à des actions de plus en plus dures. Il se pourrait qu'une partie de la direction du syndicat soit traduite devant des tribunaux.” Mais cela est loin de l'intimider.
Aussi, une autre pétition sera lancée par le Conseil et signée, cette fois-ci, par les enseignants eux-mêmes pour dire qu'“ils sont tous concernés par la grève et pas les enseignants suspendus uniquement”. C'est sur la base de ces signatures qu'il compte “faire un référé administratif auprès du tribunal pour ester en justice l'Académie d'Alger pour l'illégalité des mesures de suspension prises à l'encontre des enseignants qui est un abus de pouvoir”. Et de s'exclamer : “Les mesures de l'administration sont illégales car nous ne sommes pas en abandon de poste, mais en grève ! Aussi, dès aujourd'hui, nous décréterons une rupture totale avec l'administration interne et celle de l'Académie.”
Pour Osmane, il est absolument nécessaire de “maintenir la pression et la mobilisation, en faisant une grève active”, et ce, en appelant les enseignants à interrompre les cours particuliers durant cette semaine. Autre décision : pour animer la grève, le Conseil a invité chaque lycée à se rapprocher, aujourd'hui, d'un journal pour expliquer les problèmes vécus par les enseignants. Mais, sa conviction est que “la grève ne suffit pas”. “Seul un rapport de force de la communauté éducative est en mesure de renverser la balance en faveur des enseignants !”, a-t-il déclaré.
Que feront les syndicats si les pouvoirs publics persistent dans leur fuite en avant ? “Nous allons descendre dans la rue. Mais il faut préparer la base à une telle éventualité. Cela doit paraître comme de la légitime défense et non une débandade”, a rétorqué Redouane Osmane qui est convoqué par le tribunal administratif pour aujourd'hui à 9 heures. Pour revenir au CLS, une action commune est décidée pour jeudi prochain. Ce sera un meeting commun, animé par les syndicats autonomes et des personnalités de la société civile.
Aussi, il sera organisé une journée pour la défense des libertés et la lutte contre la répression.
En outre, une délégation des syndicats autonomes rendra visite au ministre du Travail pour l'interpeller sur cette campagne de dénigrement visant à semer le doute quant à la légitimité des syndicats des enseignants.
Arab Chih
Violation des Franchises Scolaires
Le lycée Abdelmoumen de Rouiba a connu hier un acte d'une extrême gravité. Selon des témoignages des enseignants de ce lycée, un officier de police a foulé au pied les franchises de cet établissement scolaire. Plus grave encore, il s'est rendu coupable d'actes d'intimidation et de menaces à l'encontre de certains enseignants grévistes de ce lycée. Fort d'une liste, il déclare à qui veut bien l'entendre qu'il a les noms des professeurs qui auraient incité des élèves à l'agitation.
A. C.
Ces Enseignants Jugés “Indésirables”
Lahcène Khezana, enseignant au lycée Abdelmoumen (Rouiba)
Ancien normalien, Khezana Lahcène fait partie de cette race d'enseignants dont la probité et la discipline se conjuguent à tous les temps. Depuis son affectation au lycée Abdelmoumen de Rouiba en 1979, il n'a jamais fait l'objet d'une quelconque sanction. Ni retenue sur salaire, ni rapport d'inspection pédagogique défavorable. Encore moins d'incartade à l'égard de ses collègues. Mieux, chose rarissime, il n'a jamais demandé de congé de maladie durant ses vingt-trois années d'exercice. Un comportement qui a fini au fil des ans par imposer l'admiration et le respect aussi bien de ses élèves que de ses collègues. Pourtant, ce 13 octobre, alors qu'il faisait “son TP dans la salle de cours” comme on dit dans le jargon des enseignants, le surveillant général se présente pour l'informer de la décision de suspension. Motifs invoqués par l'administration : incitation et participation à une grève collective. “Je me demande comment m'accusent-ils d'incitation alors que la grève s'est généralisée ?”, s'interroge-t-il. Autre preuve de son “innocence” : une pétition, contenant 79 signatures sur les 85 que compte le personnel du lycée, a rejeté les arguments de l'administration. Depuis ce jour, comme l'ensemble des enseignants frappés de suspension, il est interdit d'entrer à l'école. “Même pour m'enquérir de mes deux enfants scolarisés dans le même lycée !”, précise-t-il. Sa grande affaire désormais, c'est de suivre les évènements à travers la presse, dit-il, en attendant son passage en conseil de discipline de l'Académie pour lever le voile sur cette suspension qu'il qualifie d'injuste. Même si, par pudeur, il se refuse à évoquer sa situation sociale, il ne manque pas pour autant de se soucier de tous ces hommes et de toutes ces femmes, déjà au salaire “misérable”, qui viennent d'être injustement suspendus. “Est-ce qu'ils ne poussent pas ces enseignants à prendre leur repas au Croissant-Rouge durant le ramadhan, une autre atteinte à leur dignité ?”, fait-il observer amèrement.
Zineb Belhamel, lycée Rouchaï-Bouâlem (Belouizdad)
Certains l'appellent affectueusement “Rouiched”, du nom du défunt célèbre comédien, pour son sens de l'humour qu'elle savait, comme nul autre personne, partager. Elle, c'est Zineb Belhamel, célibataire, enseignante au lycée Rouchaï-Bouâlem de Belouizdad. Depuis le 13 octobre dernier, elle qui a passé 19 ans de “service”, interdiction lui est faite d'entrer dans l'enceinte du lycée. Pourquoi ? “Dans les rapports, ils ont mentionné que j'ai incité à la grève, que j'ai utilisé la violence et que j'ai menacé la directrice”, explique Zineb.
Pourtant, elle jure par ses grands dieux qu'elle n'a jamais eu de problème au lycée depuis qu'elle y était affectée en 1984, même si elle accuse implicitement la directrice d'être l'instigatrice de la décision de l'Académie. “Je n'étais pas surprise de la décision, car elle ne m'aime pas.” Battante, comme en témoignent beaucoup de ses collègues, Zineb ne se laisse pas décourager. “Même si je suis radiée, je vais continuer à me battre. Je ne regrette rien, car je travaille pour rabaâ douros et je n'ai aucun avenir”, dit-elle d'un air qui distille un mélange de détermination et de regret. Quelle que soit la décision de la commission de discipline qui statuera sur son cas, notre bonne femme dit qu'“elle n'est pas prête à abandonner les revendications”. “Je ne changerai pas”, dit-elle non sans préciser que les lycéens ont refusé de parapher un rapport que la directrice a élaborée à son sujet.
Taous Lamraoui, lycée Tamaris (Pins Maritimes)
“Je m'attendais à être félicitée et le résultat, c'est le conseil de discipline. Ce qui me fait de la peine, c'est d'avoir sacrifié tant d'années et d'avoir abandonné mes enfants.” Lamraoui Taous ne comprend pas la décision de suspension que vient de lui infliger la direction de son établissement. Enseignante de mathématiques au lycée Tamaris, qu'elle a rejoint après avoir passé douze années au lycée Abane-Ramdane, Mme Lamraoui passe pour être l'une des plus compétentes de sa génération. Et à ce jour, de nombreux étudiants se rappellent d'elle. Le taux de réussite des classes de terminale qu'elle a enseignées a toujours frôlé les 90%. Durant les 26 années qu'elle a passées dans les deux lycées, elle ne s'est jamais absentée ni pris de congé de maladie. Pourtant, désormais, elle est “au banc des accusés”. La raison : incitation à la grève. “Le comble, c'est que j'étais absente”, se rappelle-t-elle. “Et tous mes collègues ont témoigné que je n'avais rien du profil de meneuse de grève”, ajoute-t-elle. Celle qu'on vient de “gratifier” d'une suspension pour “bonne conduite” ne se laisse pas toutefois décourager. “J'ai de la foi et je ne suis pas inquiète.” Seul souci pour elle, ses enfants : deux universitaires et une collégienne, “complètement perturbés”. “Plus comme avant”, dit-elle avec regret comme pour signifier qu'elle a perdu à jamais le goût du sacrifice pour une profession à laquelle elle avait tout donné.
Mohamed Lamraoui, enseignant en mécanique, lycée Hadjerès (Mohammadia)
L'Académie d'Alger vient de le suspendre, comme nombre de ses collègues, pour les mêmes motifs : incitation à la grève. Pourtant, il s'en défend. “Ce sont des menteurs ! Je défie quiconque de venir me dire qu'il a entendu du mal à mon sujet.” Epoux de Taous, M. Lamraoui, 20 ans passés au lycée Hadjerès de Mohammadia, se demande quant aux raisons de cet “acharnement” sur le couple. “Ils n'ont même pas pensé aux enfants !” Avec un salaire de “femme de ménage”, qu'il se plaît à ressasser, il s'interroge comment va-t-il affronter le mois de ramadhan. “La paye nous tient seulement 13 jours. À ce jour, il ne me reste plus que 8 000 Da. Je viens de payer les factures et les dettes contractées chez les commerçants”, dit-il, dépité. Même atteint du diabète, il se dit déterminé à continuer la lutte pour “la dignité” et contre ce qu'il qualifie de “dénigrement”. Son seul souci qu'il nous confie en secret : “Ma femme pleure chaque matin…”
KARIM KEBIR
Le pouvoir face à la Contagion des Grèves
No protesta !
Les mouvements de grève que connaissent, actuellement, certains secteurs viennent de balayer d'un revers de la main l'emprise de la Centrale syndicale sur le monde du travail.
C'est paradoxalement au lendemain de la réunion de la tripartite que les mouvements de grève se sont accentués, tendant ainsi à avoir l'effet boule de neige sur des secteurs que l'on croyait jusqu'ici épargnés par le vent de la contestation. L'annonce de l'augmentation du Snmg de 2 000 DA n'a rien changé à la donnée sociale dans le pays, qui, elle, semble avoir atteint une situation des plus critiques. Après les enseignants du secondaire, ceux du moyen et du primaire risquent de débrayer à leur tour, perturbant du coup la rentrée scolaire et menaçant par là même la poursuite normale du cursus scolaire de millions d'élèves. Le mouvement ne s'arrête pas là. Voilà que les cheminots décident de recourir à ce moyen extrême pour revendiquer une meilleure rémunération et des conditions de travail plus favorables.
Le personnel de la Protection civile se met aussi de la partie. Les paramédicaux menacent, pour leur part, de suspendre leur activité pour remettre en selle leurs revendications liées non seulement aux salaires, mais également au statut et à la formation.
La dégradation du pouvoir d'achat, l'absence d'une échelle de valeur et la paupérisation qui touchent de plus en plus d'importantes couches sociales, sont à l'origine de la révolte des travailleurs. Le front social qui a atteint un stade d'ébullition en raison de l'absence d'une réelle relance économique, vient en tout cas de renforcer la légitimité des syndicats autonomes qui se battent depuis déjà une décennie pour être agréées et dépossédés de fait l'UGTA de son rôle de fédérateur des mouvements sociaux. Première conséquence. Le pouvoir ne semble avoir aucune emprise sur les syndicats, notamment ceux de l'éducation, à savoir le CLA et le Cnapest qui, malgré les tentatives d'intimidation et des mesures de suspension dont ont fait l'objet plus de trois cents enseignants jusqu'à présent, maintiennent le cap en décidant d'aller jusqu'au bout de leur combat pour recouvrer leur dignité. Dans ce cas de figure par exemple, la Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (Fnte) affiliée à la Centrale syndicale de Sidi Saïd, n'a non seulement pas pris part à la grève — ce qui est son droit le plus absolu, mais elle s'est opposée à cette grève pour la simple raison qu'elle n'en est pas l'initiatrice.
Ce qui discrédite cette organisation syndicale aux yeux des milliers de travailleurs de ce secteur. Deuxième conséquence.
la cassure entre la base et le sommet s'amplifie si l'on analyse les déclarations des hauts responsables de l'état.
Le chef du gouvernement qualifie les revendications des enseignants de “chantage” exercé sur les pouvoirs publics, son ministre de l'éducation nationale intime l'ordre de suspendre tous ceux qui refusent de reprendre les cours, son ministre de l'intérieur ordonne à ses policiers de les tabasser si jamais ils osaient sortir dans la rue et son ministre de la justice déclare toute grève illégale.
La logique du pourrissement et de l'affrontement semble ainsi prévaloir et on se demande si le pouvoir est réellement conscient de la gravité de la situation et des débordements qui risquent de se produire. Troisième conséquence. L'absence de canaux de dialogue et le mépris affiché par les gouvernants à l'égard des citoyens sont de nature à déstabiliser dangereusement les équilibres encore précaires existant au sein de la société et donner des arguments valables pour tous les mouvements intégristes légaux ou clandestins pour reprendre du poil de la bête.
Pourtant, le contexte économique plaide en faveur de la satisfaction des revendications sociales. Alors que les réserves de changes viennent d'atteindre les 30 milliards de dollars, le gouvernement continue de retarder la relance de la machine de production créatrice d'emplois et de richesses. La rente semble être le seul souci d'un système en décroissance, qui, en agissant de la sorte, crée les conditions de sa propre mort. Les évènements du 5 octobre 1988 sont encore vivaces dans les esprits pour rappeler aux décideurs qu'à trop vouloir tirer sur la corde, celle-ci risque de se rompre.
Les mouvements sociaux ont de tout temps été des indicateurs de malaises profonds. Les gouvernants qui ont agi dans le sens contraire sont souvent sortis vaincus.
SALIM TAMANI
Vers une Grève à la Protection Civile
Les Pompiers vont au Feu…
Le Syndicat des fonctionnaires des pompiers, sous l'égide du Snapap, monte au créneau. Il menace de déclencher des grèves sur tout le territoire national.
L'Union nationale des fonctionnaires de la Protection civile (Unfpc) affiliée au Snapap a dénoncé, lors d'une conférence de presse tenue, hier, au siège du CNES, les pratiques discriminatoires de leur administration. Créé en 1990, en tant que syndicat autonome, il s'est mis sous la coupe de l'UGTA en 1997 mais ce “mariage” ne l'a pas véritablement crédibilisé. Ce qui a amené ce nouveau syndicat à activer en 2002 sous les couleurs du Snapap.
Ce nouveau-né de huit mois a déjà tenu son assemblée générale et s'est conformé à la loi. Il dépasse le taux des 20% de représentativité exigée pour la reconnaissance des organisations syndicales en référence à la loi 90/14.
Ce syndicat est présent dans plus de 24 wilayas et compte dans ses rangs plus de 23 000 agents, selon ses responsables qui ont exhibé, hier, des documents pour appuyer leurs dires. Ce chiffre représente plus de 24% du nombre des employés de la Protection civile sur tout le territoire national.
Les animateurs de cette organisation dénoncent la marginalisation de leur structure et le manque de moyens mis à leur disposition par la direction. Le président de l'Unfpc, Aroufi Messaoud, a gravement remis en cause leur représentant affilié à la centrale de Sidi Saïd qui n'a même pas pu concrétiser un droit donné par le gouvernement, à savoir la prime attribuée aux conducteurs des poids lourds et ce, depuis 1996.
L'Unfpc, dans un document rendu public, hier, et dans lequel figurent 19 revendications, demande notamment l'augmentation de 50% du salaire de base. Il faut savoir que la rémunération d'un officier de la Protection civile ne dépasse pas les 17 000 DA.
“J'ai plus de 20 ans de boîte. Je suis marié et père d'une petite fille et je paye un loyer de 8 000 DA. C'est grâce à ma mère et mes deux frères que j'arrive à tenir le coup. Que Dieu les garde”, déclare cette officier.
Par ailleurs, le syndicat veut avoir un droit de regard sur l'argent des cotisations de la Mutuelle des employés de la Protection civile sans pour autant exiger de le gérer. Il est prélevé 3% sur les salaires de chaque employé. Cela fait plusieurs milliards en 13 ans. “Où est passé cet argent ? Par exemple, la wilaya d'Oran a comptabilisé plus de 30 milliards de centimes en une année”, s'interrogent ces syndicalistes. Ces derniers relèvent le fait que même le directeur général de la Protection civile reconnaît qu'il y a détournement de l'argent de la Mutuelle. Un officier de ce corps parle de “mafia sociale” qui attribue aléatoirement et anarchiquement des prêts financiers à des personnes qui ne sont pas vraiment dans le besoin contrairement à d'autres.
L'Unfpc menace de recourir à des journées de protestation et à un système de grèves qui sera arrêté par leur conseil national qui se réunira dans les tout prochains jours.
Mourad Belaïdi
Ils protestaient contre la poursuite de la Grève à Rouiba
Deux Lycéens Embarqués
Deux élèves du lycée Abdelmoumen ont été embarqués par la police, lors du rassemblement qui s'est tenu, hier, devant leur établissement.
Afin d'exprimer leur mécontentement et de contester la décision d'une grève de sept jours prise par le Conseil des lycées d'Alger (CLA) et le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), les élèves du lycée Abdelmoumen ont tenu, hier, un rassemblement devant leur établissement. Aux cris de “Reprenons les cours”, les lycéens ont bloqué la petite ruelle qui mène au lycée, dès les premières heures de la matinée. Initié par les élèves de terminale, le mouvement s'est amplifié au bout de quelques minutes. En dépit du fait que la grève déclenchée depuis plusieurs semaines par le Cnapest et le CLA n'est pas du goût de nombreux lycéens, il n'en demeure pas moins que les dernières mesures décidées par les pouvoirs publics (suspension des professeurs, embarquement de ces derniers et même de leurs élèves) sont perçues comme une injustice.
“Nous sommes sortis pour exprimer notre colère, et les pouvoirs publics nous ont répondu en embarquant deux de nos camarades. On n'a rien avoir avec les problèmes des enseignants, ni avec ceux du ministère”, s'indigne un lycéen qui ajoute : “Nous voulons simplement reprendre nos cours.”
Pour porter plus haut leur contestation et faire pression sur les pouvoirs publics, les lycéens de la commune de Rouiba ont décidé, dès aujourd'hui, de saisir par écrit le ministre de l'Education nationale, M. Boubekeur Benbouzid, afin de trouver un dénouement à ce problème qui touche et les enseignants et les lycéens.
“Nous comprenons la légitimité des revendications de nos professeurs, mais on ne veut pas que notre avenir soit compromis, sachant que la grève déclenchée dès avril dernier réduit nos chances d'avoir notre bac. J'ai raté mon bac à cause du séisme, je ne voudrai pas revivre un deuxième échec”, lance Karim d'une voix étouffée.
Les enseignants et l'administration du lycée Abdelmoumen ont tenté de rassurer leurs élèves, mais ces derniers semblent être déterminés.
Les parents d'élèves, pour leur part, estiment que les revendications soulevées par le Conseil des lycées d'Alger (CLA) et le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) sont légitimes. “Elles dénotent le marasme profond que vit le secteur de l'éducation et exprime surtout la frustration des travailleurs qui exigent l'application des mesures d'urgence.
Mais, nous désapprouvons la manière dont a été déclenché le mouvement de protestation”, affirme un parent qui ajoute : “Nous ne leur demandons pas de cesser leur mouvement de protestation, mais de trouver un compromis avec le ministère, car nos enfants sont les seuls perdants.”
Le ministère de l'Education nationale appelle, encore une fois, les enseignants à la sagesse et leur demande de cesser leur mouvement de protestation, car leurs revendications seront prises en charge le moment opportun. “Le ministère maintient sa position au sujet de la grève des enseignants. Ce problème sera résolu dans quelques jours. D'ailleurs, nous avons enregistré une légère reprise dans plusieurs établissements”, déclare le conseiller de la communication au niveau du ministère.
Nabila Afroun
Méziane Mériane, Secrétaire Général du CNAPEST, à Liberté
“La balle est dans le camp de la tutelle !”
Liberté : Le Cnapest a décidé de prolonger son mouvement de grève...
Méziane Mériane : De nombreux collègues ont été suspendus arbitrairement de leurs fonctions et nous avons donc décidé de continuer notre mouvement de grève tant que les suspensions ne sont pas levées. Une fois que tous ces obstacles seront levés, que la tutelle annoncera sa disponibilité au dialogue, nous irons alors au dialogue et la grève sera alors suspendue conformément à la législation du travail. Si les négociations aboutissent, tant mieux, sinon, la grève serait reconduite automatiquement. Donc, la balle est actuellement dans le camp de la tutelle.
Est-ce que cette prolongation du mouvement de grève a été suivie à travers le territoire national ?
Effectivement ! Les PES sont en grève à l'échelle nationale et on a fait le tour des wilayas où le débrayage a été suivi à 100% telles Constantine, Skikda, Guelma, Tébessa, Souk-Ahras, Bordj Bou-Arréridj, Sétif, Tipasa et bien d'autres wilayas. À Tizi Ouzou, l'adhésion a été quelque peu mitigée les 13, 14 et 15 septembre, mais la plupart des PES de la wilaya de Tizi Ouzou ont rejoint le mouvement.
Des informations plus ou moins contradictoires ont circulé à propos d'arrestations et de suspensions des PES. Des éclaircissements ?
Aucune détention n'est enregistrée pour le moment. Il est vrai qu'il y a eu quelques arrestations lors du sit-in de Bordj Bou-Arréridj, mais nous avons été tous relâchés en fin de journée. Je dirai qu'en 2003, être enseignant en Algérie est malheureusement considéré comme un délit.
Et les suspensions ?
À travers le territoire national, nous avons enregistré déjà plus de 300 décisions de suspension de collègues et la liste s'allonge de jour en jour à travers plusieurs wilayas. Le plus grand nombre de suspensions a été enregistré dans la wilaya de Jijel avec une cinquantaine de collègues suspendus.
On a appris que vous êtes décidé à ester l'Académie de Tizi Ouzou en justice ?
Exact ! Nous avons pris attache avec un avocat pour attaquer en justice l'Académie de Tizi Ouzou pour abus de pouvoir.
L'Académie de Tizi Ouzou, tout comme le ministère de l'Education, estiment que le Cnapest n'est pas un syndicat agréé ?
Nous possédons des documents qui prouvent que notre syndicat est agréé conformément à la loi de l'article 8 de la législation de travail. S'ils estiment le contraire, ils n'ont qu'à nous le notifier.
La première, l'on nous a notifié une vingtaine de réserves qui ont été toutes levées devant un huissier de justice, puis le 8 septembre, nous avons reçu cinq réserves qui ont été levées le 22 septembre devant un huissier de justice, ce qui prouve que nous suivons un cheminement logique et que nous respectons fidèlement la législation.
Nous œuvrons dans un cadre légal, ce qui n'est malheureusement pas le cas de l'administration qui piétine la législation.
M. Hocine
Echos d'une Grève Nationale
Constantine
45 Enseignants devant la Justice
L'affaire des 45 enseignants grévistes convoqués devant la chambre administrative, près la cour de constantine, a subi un second report en l'espace de 24 heures.
Le motif étant vraisemblablement d'ordre juridique. Notifiés pour une première audience, jeudi dernier, seuls 12 des concernés ont été destinataires des convocations que certains juristes estiment “entachées d'irrégularités”, puisqu'elles ont été envoyées par le biais des établissements.
Par ailleurs, la notification était faite à 10h dans la matinée de jeudi au moment où l'audience était fixée à la même heure pour le même jour. Parmi les enseignants poursuivis, certains n'auraient pas pris part au débrayage qui est entré, a partir d'hier, dans sa phase illimitée.
D'autres, en revanche, sont tombés sous le coup d'une suspension conservatoire sur laquelle, seul le conseil de discipline est habilité à statuer… “De chaque lycée, un professeur a été choisi au hasard”, soutiendra une enseignante du technicum Ezzaouèche où deux de ses collègues sont, pour l'heure, suspendus, et un troisième devra se présenter devant la justice.
Jeudi, la défense a réussi à décaler l'audience de la matinée vers 16 heures pour pouvoir préparer sa plaidoirie.
En définitive, le président de séance ajournera l'affaire pour hier, puis pour aujourd'hui. Malgré la politique de représailles, le moral des grévistes n'est pas altéré.
La solidarité autour des professeurs sanctionnés s'organise et le mouvement durcit davantage. “Pas question de fléchir”, semble être le mot d'ordre.
NAIMA DJEKHAR
BOUIRA
Le Moyen se Solidarise
En signe de solidarité avec les professeurs suspendus, la grève des enseignants du secondaire a paralysé les établissements tant secondaire que technique. Hier matin, les élèves ont été contraints de rentrer chez eux et les lycées ont fermé leurs portes.
Au niveau de certains lycées, même le personnel travaillant au niveau de l'administration a exprimé son soutien.
Le moyen, de son côté, a exprimé sa solidarité aux enseignants suspendus et poursuivis en justice. Ainsi, des CEM au niveau de la ville de Bouira ont rejoint le mouvement de protestation. La protesta risque de toucher d'autres régions. Hier, des réunions se sont déroulées dans différentes daïras qui ont exprimé leur solidarité avec les grévistes. Des actions sur le terrain ne sont pas à écarter.
Une rencontre a regroupé les inspecteurs avec le directeur de l'éducation. Selon nos sources, des mises en demeure ont été adressées aux personnels grévistes.
A. DEBBACHE
Oran
L'Appareil Judiciaire mis en branle pour “casser” la Grève
Après la répression des forces antiémeutes contre des enseignants grévistes qui manifestaient pacifiquement, l'administration et le pouvoir met en branle l'appareil judiciaire pour casser un mouvement de revendications sociales. Ainsi, hier, à Oran, les principaux délégués du Cnapest se sont vu notifier par des huissiers de justice des convocations pour se présenter devant le juge en référé, et cela, après qu'ils eurent reçu, la semaine dernière, des décisions de suspension.
Mais là où la manière est ignoble et montre le caractère autoritaire et perfide du système, c'est que ces convocations ont été remises à 14h45 alors que l'audience était prévue à 15h, soit un quart d'heure avant leur audition.
“En ayant recouru à de tels procédés, ils savaient pertinemment bien que, matériellement, nous n'aurions pas le temps de nous présenter ! C'est minable et ignoble de la part d'un gouvernement !”, nous déclare l'un de ses délégués.
Par ailleurs, après les 3 décisions de suspension qui ont touché à Oran des enseignants grévistes la semaine dernière, hier, deux autres ont reçu la même “missive”.
Jusqu'ici, cette répression n'a pas entamé la mobilisation des professeurs. Au contraire, à Oran, cela a permis un durcissement du mouvement puisqu'aujourd'hui, 39 lycées sur 41 sont en grève illimitée. Les lycéens, qui se sont rendus, hier matin, à leurs établissements pour s'enquérir du suivi de la grève, sont inquiets. “Nous avons peur de l'année blanche et nous aimerions que cela finisse…”, nous déclarent plusieurs d'entre eux. Et d'ajouter : “Nous sommes d'accord avec ce que réclament nos profs, nous les comprenons. Il faut que les responsables les aident et nous aident nous en même temps pour que cela ne dure pas trop longtemps !”
Les jours à venir vont être importants. Benbouzid aura-t-il encore une de ses sorties dont il a seul le secret, en menaçant peut-être de fermer les lycées de tout le pays !
F. Boumediene
Béjaïa
Dix-sept PES suspendus
Les établissements du secondaire dans la wilaya de Béjaïa étaient toujours paralysés, hier, par la grève des enseignants et ce, pour une durée d'une semaine suite à l'appel du Cnapest.
Depuis le début du bras de fer entre le gouvernement et les enseignants du secondaire, syndiqués à cette nouvelle organisation syndicale (Cnapest), pas moins de dix-sept professeurs de ce palier dans la région ont été suspendus.
Ils ont été destinataires, selon le Cnapest de Béjaïa, des décisions de suspension depuis jeudi dernier.
Au cours des assemblées générales des PES des sections syndicales du Cnapest, tenues dans les différents lycées de Béjaïa, les enseignants ont affirmé leur détermination à poursuivre leur mouvement de grève.
“On a décidé de continuer notre mouvement de grève générale d'une semaine renouvelable et ce, jusqu'à la satisfaction de nos revendications”, nous a déclaré le SG provisoire de la section syndicale Cnapest du lycée El-Hammadia.
“La suspension des dix-sept enseignants consiste, avise-t-il, à détourner notre lutte de ces objectifs initiaux”, nous a encore déclaré le SG provisoire du Cnapest : “c'est le même procédé auquel s'est donné ce pouvoir poursuit-il contre le mouvement citoyen de Kabylie.”
Pour le Cnapest de Béjaïa, il s'agit de déjouer cette manœuvre du gouvernement “sans toutefois perdre de vue la réintégration des enseignants arbitrairement suspendus”.
Des actions de rue sont envisagées par le Cnapest de Béjaïa dans les jours à venir.
Par ailleurs, la fédération des APE de la wilaya de Béjaïa “s'est montrée très inquiétante dans les mouvements répétitifs de grèves des enseignants dans la région”, dans une déclaration à travers laquelle il appelle les deux parties en conflit “à la sagesse et à la raison dans l'intérêt des élèves”.
L. OUBIRA
Débrayage des Cheminots
“Nous Irons Jusqu'au Bout”
Au sixième jour de la grève, le trafic ferroviaire est paralysé quasiment à 100%.
Au sixième jour de la grève des cheminots entamée depuis mardi dernier, aucune issue ne semble se profiler à l'horizon. Lors de la conférence de presse organisée, hier, en milieu d'après-midi, les responsables du syndicat d'entreprise ont réaffirmé leur détermination à aller jusqu'au bout et ce, quelles que soient les tentatives de la direction de miner le mouvement. “Nous avons respecté toutes les voies réglementaires avant d'entrer en grève et nous ne nous plierons à aucune décision qui pourrait arrêter notre action de protestation”, a averti M. Smaâli, secrétaire général du syndicat faisant ainsi allusion à la plainte déposée par la direction concernant l'illégalité de la grève. Pour rappel, le tribunal de Sidi-M'hamed s'est déclaré incompétent, lors de la première audience tenue, mercredi dernier, au deuxième jour de la grève. Face à cette situation, le syndicat n'a pas désarmé et s'est dit prêt à poursuivre la grève jusqu'à satisfaction de ses revendications. “aucune décision de justice ne pourra nous arrêter”, a déclaré le SG du syndicat, visiblement prêt à mettre au pied du mur aussi bien la direction générale que la tutelle, puisque le syndicat faisait l'objet d'une seconde action de justice.
L'assurance de l'orateur est, sans nul doute, puisée dans la formidable mobilisation des cheminots à travers le territoire national. “Le taux de suivi a atteint les 99,99%”, a-t-il dit.
“Le 1% qui restait au niveau d'El-Mohammadia vient de rejoindre les rangs”, a-t-il assuré sans cacher sa fierté de pouvoir enregistrer une telle performance. “Cette mobilisation est la preuve irréfutable que nous avons obtenue, plus qu'un consensus auprès des travailleurs pour s'aventurer dans une grève”, a t-il précisé.
“Voilà une façon comme une autre de vouloir casser le mouvement. Ils sont prêts à inventer tous les subterfuges pour nous dissuader de continuer. Ils évoquent aussi le problème du service minimum et nous accusent de refuser de l'assumer”, n'a pas cessé de marteler le 1er responsable du syndicat.
à ce propos, M. Smaâli s'est longuement attardé sur le respect de la procédure en exhibant des correspondances adressées au ministère de tutelle, rendant compte aussi bien de leur intention d'assurer le service minimum et du programme proposé pour la circonstance.
“La direction générale s'est refusé à toute négociation à ce propos et n'a même pas daigné répondre à nos sollicitations concernant ce chapitre. Aujourd'hui, elle renverse la situation et s'en sert comme une arme contre nous, mais ça ne marchera pas”, a lancé le SG du syndicat, conforté, selon lui, par une communication téléphonique passée à l'inspecteur de travail et qu'il sollicite pour jouer le rôle d'arbitre. En attendant, le syndicat ne semble pas prêt à lâcher du lest estimant que la direction, contrairement à ce qu'elle prétend, possède les moyens de satisfaire les revendications qui, rappelons-le, sont d'ordre socioprofessionnel. Le syndicat exige une augmentation de 2 500 DA sur le salaire et la revalorisation de la prime de rendement et une hausse des différentes indemnités.
"Au moment où il fallait orienter ses investissements vers l'entretien des rails et l'amélioration du bien-être du voyageur, la DG s'est perdue dans l'entretien du bâtiment. Nous avons demandé des audits sur certaines filiales comme Rail-express, Restau-rail, Rail-transit ou encore l'STIM, mais en vain. Où est donc passé tout l'argent de l'entreprise ?”, a dénoncé l'animateur de la conférence qui, selon lui, il n'est pas question pour son organisation de se contenter de miettes ni d'accepter la logique de l'employeur.
En attendant, des négociations interminables ont lieu sans résultats probants et la grève se poursuit avec pour support de nombreux messages de soutien. Le syndicat n'a pas omis, non plus, de signaler des correspondances adressées au président de la république, au chef du gouvernement, aux deux chambres et aux partis politiques notamment.
Nabila Saïdoun
Oran
Aucun Train n'a Circulé
Au cinquième jour de grève générale des cheminots, à travers le pays, les travailleurs de la SNTF à Oran ont exprimé, hier, leur volonté “de poursuivre la grève jusqu'à satisfaction totale de nos revendications socioprofessionnelles”. Selon le coordinateur régional du conseil nationale d'entreprise (CNE), le trafic ferroviaire est paralysé à 100% et “aucun train de voyageurs ou de marchandises n'a été autorisé à quitter la gare d'Oran”. Signe que la situation reste bloquée, les cheminots grévistes n'écartent pas la possibilité de recourir à d'autres formes de grève plus drastiques dans l'éventualité d'un rejet de leurs revendications. Les représentants et les travailleurs du CNE, réunis hier, à Oran, ont également fait part de leur inquiétude devant la tentative d'une minorité de responsables de “casser la grève”. Courroucé, le coordinateur n'a pas manqué de tirer à boulets rouges sur ces responsables qui ont “échoué dans leur tentative de briser le mouvement de grève bien soudé”. Et d'ajouter : “Nous sommes déterminés à faire capoter leurs sales affaires. Pour casser le mouvement de grève, ces responsables ont fait signer sous la menace à des travailleurs grévistes des mises en demeure obtenues illégalement. Cet acte est répréhensible.” Le même responsable a indiqué que des contractuels ont été embauchés dans le but avoué de faire “échec à la grève”. “Nous avons su, par la suite, que deux de ces contractuels sont des frères d'un responsable du mouvement antigrève.” Hier, les représentants du CNE à Oran ont unanimement rejeté “l'offre” de 1 500 dinars d'augmentation décidée par l'administration générale de la SNTF.
B. Ghrissi
Constantine
Un taux de suivi de 99%
Pour la cinquième journée consécutive, 2 500 cheminots de Constantine observent à la lettre le mot d'ordre de grève lancé par leur syndicat.
Dans la capitale de l'Est, le réseau ferroviaire, dont 70% est destiné au fret de marchandises et de carburant, se retrouve paralysé à hauteur de 99%, selon les sources syndicales. De ce fait, aucun train n'a quitté la gare à destination ou en provenance de Skikda, Jijel ou encore la banlieue du Khroub. Pour pallier ce désagrément, les usagers de cette voie, ouvriers et étudiants en majorité, se sont vus obligés de se rabattre sur d'autres moyens de transport, bus et taxis en l'occurrence.
Le fret des produits Naftal assuré à partir de la raffinerie de Skikda jusqu'à l'unité de stockage de Bounaouara, à une trentaine de km du chef-lieu de wilaya, a, par ailleurs, largement pâti de ce mouvement de grève. Ce qui augure d'un épuisement de stock imminent à la lumière de l'inflexibilité dans les positions, affichées de part et d'autre, entre la direction et le syndicat SNTF.
NaIma djekhar
La Direction de la SNTF fait appel à la Cour d'Alger
La Justice déboute le Syndicat
Le représentant de la direction générale de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) signe et persiste : “Nous avons saisi la justice parce qu'il n'y a pas eu respect des procédures réglementaires ni service minimum.”
Au cours d'une conférence de presse qu'il a animée, hier, en début d'après-midi, au siège de l'entreprise à Alger, Abderrahmane Belkadi, directeur des ressources humaines, a d'emblée déclaré qu'un appel a été introduit par la DG auprès de la cour d'Alger, après que le tribunal de Sidi-M'hamed se soit déclaré incompétent sur l'affaire qui oppose le syndicat de la SNTF à l'administration. Il a également révélé que, depuis mercredi dernier, les walis procèdent, sur demande des responsables de l'entreprise ferroviaire, à des réquisitions “pour mettre en œuvre le service minimum”. “Nous pensons que la situation devrait entrer dans la normale, aujourd'hui ou demain, en matière de service minimum”, a ajouté le conférencier. Le directeur des ressources humaines a, par ailleurs, noté qu'en dépit du mouvement de grève et de “l'absence du service minimum”, la SNTF a néanmoins mis en circulation quelques trains ayant transporté jusque-là 7 millions de litres de carburants, ainsi deux trains de voyageurs pour les journées de mardi et de mercredi derniers. “Nous refusons que les citoyens soient pris en otages et là nous parlons des transports de banlieues”, a-t-il dit avec force, en rappelant que “500 millions de dinars, comme dotation de l'état, nous permettent d'assurer le transport, notamment celui des voyageurs”.
Abderrahmane Belkadi a ensuite abordé l'évolution du mouvement de protestation, cachant difficilement son malaise. “La grève est largement suivie, du moins jusqu'à mercredi, mais il y a aussi des entraves aux libertés du travail”, a-t-il reconnu, avant de regretter plus loin “l'intransigeance du syndicat” devant les “propositions concrètes pour sortir de la crise”, qui auraient été avancées par l'administration lors des négociations.
“La balle est dans le camp des travailleurs”, a indiqué le conférencier, non sans réitérer son “appel à la sagesse pour trouver une solution qui aille dans l'intérêt des travailleurs et de l'entreprise”. à propos des revendications salariales du syndicat, M. Belkadi laissera entendre qu'elles sont irréalistes dans les conditions actuelles, que les travailleurs et leurs représentants devront négocier sur la base des propositions de la direction générale. “Ou bien c'est la planche à billets pour augmenter les salaires. Ou bien c'est l'augmentation du chiffre d'affaires qui dépend de l'augmentation de la production, qui est impossible dans les conditions actuelles, en raison de l'état du matériel. Ou bien c'est l'augmentation des tarifs ; or le transport est un service qui a des répercussions sur tous les prix des autres produits”, a-t-il signalé.
Interrogé sur la lettre du syndicat datée du 16 octobre dernier, qui a été transmise au ministère des transports, pour l'avertir du “refus” de l'administration de négocier le service minimum avec le partenaire social, M. Belkadi a rejeté la balle sur les syndicalistes, en affirmant que ces derniers “n'ont pas répondu à l'invitation” de la direction générale. Il a aussi précisé à la presse que la tutelle a expédié “ce matin un courrier du syndicat qui propose un service minimum”. Le responsable a, d'un autre côté, repoussé toute idée se rapportant à l'utilisation des stagiaires pour briser la grève. “Nous avons gelé tous les stages pratiques, car il y a grève”, a soutenu ce gestionnaire, en précisant que les stagiaires viennent à peine de terminer leur formation théorique.
Hier, en fin d'après-midi, un communiqué de presse nous a été transmis par la DG de la SNTF, dans lequel cette dernière annonce que la cour d'Alger, statuant en matière de référé, a rendu l'arrêt n° 3480/03 : “elle a ordonné l'arrêt de la grève et fait obligation aux travailleurs de reprendre le travail.”
Hafida Ameyar


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