L'ambassadeur de Tunisie à Tripoli aurait quitté son poste pour regagner son pays. L'information n'a pas été confirmée mais elle demeure du domaine du possible après les deux enlèvements dont ont été victimes un agent de l'ambassade et un diplomate. Il aurait craint pour sa vie, d'autant plus que les autorités tunisiennes n'ont rien pu faire pour hâter la libération de l'agent qui se trouve entre les mains de ses ravisseurs depuis, maintenant, plus d'un mois. Les ravisseurs ont posé comme condition de sa libération celle de deux Libyens présumés terroristes incarcérés en Tunisie. La réponse de cette dernière a été négative, décidée qu'elle est, à ne pas négocier sous la pression. D'autant plus que la partie adverse n'est autre que le mouvement Ansar Charia, satellite d'El Qaïda qui cherche une reconnaissance fut-ce à travers une négociation directe. Cependant, dans cette situation inextricable, le gouvernement tunisien qui a créé une cellule de crise, ne sait pas avec qui négocier, sachant que la Libye connaît un vide politique et diplomatique qui ne favorise pas une telle démarche. Dans ce contexte, faut-il rappeler les propos tenus par le ministre libyen de l'Intérieur, au début de ce mois à Tunis, exigeant, effectivement, de son homologue tunisien, la libération de jeunes Libyens emprisonnés en Tunisie comme condition à la réouverture du poste frontalier de Rasjdir. Le refus de la Tunisie a encouragé les hommes de Ansar Charia à enfoncer le clou et à enlever le deuxième homme de l'ambassade dont on est sans information depuis quatre jours. L'inquiétude des officiels tunisiens est d'autant plus légitime que l'adversaire ne recule devant aucun crime, sachant que ce mouvement est affilié à l'antenne de la El-Qaïda au Maghreb (Aqmi). Ces enlèvements coïncident avec la recrudescence des actes terroristes en Tunisie poussant l'armée et des unités de la Garde nationale à renforcer leurs positions autour du foyer principal du terrorisme, à savoir la zone de Jebel Chaâmbi, limitrophe de l'Algérie. C'est dans cette région que se cachent les terroristes armés régulièrement par les contrebandiers venant de Libye. Ainsi, la lutte que doivent mener les forces de sécurité contre le terrorisme est à renforcer davantage, car, estiment les observateurs, le grand ennemi n'est pas le petit groupe de terroristes qui a trouvé refuge dans les montagnes de Kasserine avant de sévir ailleurs, mais, plutôt, une nébuleuse qui prolifèrerait grâce à l'éventuel (presque sûr) du retour d'un grand nombre de terroristes qui auront fait leur apprentissage en Syrie après avoir été endoctrinés par des formateurs installés en territoire libyen. D'où le sentiment de peur que suscite la détérioration continue de la situation sécuritaire dans le pays voisin. Mohamed Kattou Nom Adresse email