La Centrale syndicale est-elle aujourd'hui à la croisée des chemins à tel point qu'elle connaît un mouvement interne qui se dit de "réappropriation et de sauvegarde" de l'UGTA ? Il est évident que les enjeux sont énormes d'autant que l'organisation est à la veille d'un congrès dont la date n'a pas encore été fixée. La fronde pourrait rappeler à bien des égards les fameux mouvements de redressement dont ont fait l'objet certains partis politiques et organisations de masse. Mais les objectifs sont à présent et a priori bien différents. Il semblerait, pour le moment, que ce sont toutes les structures de la Centrale qui sont en ébullition. Aujourd'hui, il s'agit de savoir à quoi obéit le mouvement d'opposition lancé contre l'actuel secrétaire général Abdelmadjid Sidi-Saïd et son staff dirigeant. Est-il dicté par les seuls impératifs syndicaux qui supposent une orientation vers l'intérêt exclusif des travailleurs ou s'agit-il seulement d'une guerre de positions qui aboutirait seulement à un changement de responsables tout en maintenant, bien entendu, la politique actuelle de la Centrale ? Question fondamentale lorsqu'on sait la proximité historique de l'UGTA avec le pouvoir. Il est indéniable que la Centrale syndicale a joué un rôle déterminant, aux côtés de tous les patriotes, dans l'entreprise de sauvegarde de l'Algérie alors que le pays était menacé par les islamistes dans les années 1990. Il n'en reste pas moins qu'elle n'a pas pu, pour une raison ou une autre, assumer, comme il se doit, sa mission de garant des droits des travailleurs, à savoir sensibiliser le gouvernement à lâcher du lest lorsque c'est nécessaire, mais pas lorsque la tension sociale atteint des summums qui ne permettent aucune rationalité, comme ce fut le cas en 2011. Au-delà de la revendication salariale légitime portée par les syndicats autonomes et qui a placé l'UGTA devant une situation délicate, la question est de savoir si la crise que traverse aujourd'hui la Centrale syndicale est liée à un besoin urgent de recomposition des forces en présence dans le champ syndical ou s'il s'agit alors simplement d'une conséquence des changements politiques annoncés par certaines sphères et qui toucheront, du coup, toutes les organisations proches du pouvoir. Si tel est le cas, l'UGTA changera de visage, mais restera l'UGTA. Nom Adresse email