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"La société civile doit s'impliquer et faire contrepoids"
Cécile Vrain, docteur en Histoire des Relations Internationales
Publié dans Liberté le 30 - 11 - 2015

Cécile Vrain, docteur en histoire des relations internationales de l'université de Paris- 1 Panthéon-Sorbonne (France) et formatrice en journalisme environnemental, estime dans cet entretien que c'est important que la société civile fasse entendre sa voix et fasse contrepoids aux rassemblement des grands du monde à Paris.
Liberté : La France accueille et préside, du 30 novembre au 11 décembre, la 21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 2015 (COP21/CMP11). Un événement qui survient après les attentats qui ont frappé sa capitale. Quelles sont les enjeux et les attentes de cette conférence pour protéger la planète ?
Cécile Vrain : Les attentats du 13 novembre 2015 vont évidemment avoir un impact sur la Cop21. Mercredi 18 novembre, de nombreuses manifestations prévues et organisées par la société civile ont été annulées pour des raisons de sécurité par le gouvernement français.
La Coalition climat 21, organisation qui regroupe 130 ONG, syndicats et associations diverses regrette qu'aucune alternative n'ait été trouvée pour permettre une mobilisation des sans-voix. Tout en ayant conscience de la gravité de la situation, l'organisation estime très important de continuer à faire entendre leurs voix sur les questions de justice climatique. Néanmoins, il faut continuer à se mobiliser et rassembler. Que serait une Cop21 où seuls les grands de ce monde pourraient participer sans le contrepoids d'une société civile impatiente de collaborer ? Mais si ces manifestations ne peuvent pas se dérouler à Paris, elles pourront l'être dans le monde entier, où 2 173 événements sont prévus dans plus de 150 pays, dont par exemple 57 marchs dans le monde mais aussi dans la province française estimée moins ciblée. Il est surtout important de ne pas donner l'impression que les décisions prises, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, ne soient pas le fait d'hommes et de femmes puissantes sur lesquels la société civile n'aurait pas pu peser.
Ce serait vécu comme un déni de démocratie, et c'est certainement aussi ce que recherchent les terroristes du 13 novembre. Les 195 pays et l'Union européenne rassemblés à Paris ont donc pour objectif de trouver un accord pour protéger la Terre du réchauffement climatique. Par conséquent, ces pays doivent s'engager à réduire leur production de gaz à effet de serre. Rappelons que ce sont ces gaz qui s'accumulent dans l'atmosphère et qui piègent les rayons du soleil, faisant augmenter les températures. Le but commun de tous ces pays est de faire en sorte que les températures ne progressent pas de plus de 2 degrés avant 2 100.
Mais d'ores et déjà, ces recommandations de scientifiques sont pratiquement certaines de ne pouvoir être obtenues car il va falloir concilier l'intérêt général avec les intérêts particuliers de chaque pays, les plus riches comme les plus pauvres. Chaque pays a été sollicité pour fournir un programme expliquant comment ses dirigeants envisageaient de réduire la production de gaz à effet de serre.
Soixante pays ont déjà fourni leurs copies et c'est aussi pour cela que l'on peut dire que les attentes risquent d'être déçues et que le pari du maintien de la température actuelle est loin d'être gagné. Pourtant, il est de plus en plus urgent de parvenir à jeter les bases d'un accord qui permettrait, d'une part, de réduire réellement les émissions de gaz à effets de serre, d'autre part, de s'entendre sur les mesures d'adaptation au changement climatique qui est, dès à présent, en partie inéluctable à l'horizon des toutes prochaines décennies. Le problème sera de savoir dans quelle mesure un tel accord pourrait être établi d'ici 2020 et, mieux encore, être respecté par les parties, à charge alors pour elles d'accomplir en 30 ans ce qu'elles n'auront pas entrepris plus tôt.
Le 70e anniversaire de l'ONU est placé sous la bannière du développement durable. Que peut cette organisation pour atteindre l'objectif de -2° C, dans le contexte marqué par la multiplication des conflits armés, tout en maintenant la cadence de la machine économique mondiale ?
En effet, 2015 marque les 70 ans de l'ONU, et c'est l'occasion de faire un premier bilan et de rappeler ses succès. C'est aussi l'occasion de mettre en lumière les domaines dans lesquels l'ONU — et la communauté internationale tout entière qu'elle représente — a décidé de travailler plus intensément. La question environnementale fait partie de ces domaines prioritaires au même titre, et c'est important de le souligner, que la paix, la sécurité et les droits de l'homme. Car tout est lié.
On le voit clairement aujourd'hui avec, par exemple, ce que l'on appelle communément et désormais la crise des migrants.
Une des raisons qui font que ces femmes et ces hommes qui quittent leur terre est liée au changement climatique. Ne pouvant assurer un minimum à leurs enfants, ces familles quittent leur terre, vont s'installer dans des villes où rien n'est prévu pour les accueillir, se déracinent et deviennent des "clients" parfaits pour ceux qui vont leur tenir un discours lié à l'injustice et la frustration pour les entraîner vers la radicalisation contre un système qui n'a pas su au mieux les préserver. Depuis 70 ans que l'ONU existe, elle est régulièrement critiquée. Et c'est tant mieux. Comment pourrait-il en être autrement avec autant de membres et avec les principes mêmes de son fonctionnement. L'essence de l'ONU réside précisément dans la recherche et l'élaboration de compromis, et sa force — dans la prise en compte d'opinions et de points de vue divers. L'ONU continuera à plaider pour un respect de l'environnement et pour tâcher de limiter les dégâts, mais elle le fera à son rythme et c'est ici que le bât blesse.
C'est qu'avant que l'ONU et la communauté internationale qui n'ignorent pas l'une comme l'autre la gravité de l'urgence de la situation, puissent agir, combien de victimes dénombreront-nous ? Mais nous pouvons aussi nous poser la question autrement. Et si l'ONU n'existait pas ? Au pire, l'ONU n'est qu'un garde-fou et c'est déjà beaucoup.
Selon une étude du Grantham Institute, de la London School of Economics, les promesses des Etats à la COP 21 ne permettront pas d'atteindre les objectifs climatiques visés, même si elles sont tenues...
Rappelons que les principaux pays émetteurs ont longtemps été les pays les plus développés. La France se targue d'avoir réduit ses émissions de 7% entre 1990 et 2007, grâce à son énergie nucléaire principalement, peut-être aussi à la délocalisation de nombre d'industries. L'Union européenne, lors du Conseil européen ayant précédé la conférence de Lima en 2014, a adopté un "paquet énergie-climat 2030" prévoyant une réduction de 40% de ses émissions à l'horizon 2030. Les dispositions sont donc déjà prises. Il faut maintenant attendre les résultats. Mais Bruxelles ne représente que 13% des émissions mondiales.
Ces décisions sont donc importantes mais si elle agit seule, les résultats seront insuffisants. Faut-il rappeler que le protocole de Kyoto en 1997, qui fut le premier accord conclu pour le développement durable, n'a jamais été ratifié par les Etats-Unis et, lorsqu'il fut prolongé lors de la conférence de Doha en 2012, la Russie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et le Canada s'en sont retirés...
Aujourd'hui, tous les pays sont concernés qu'ils soient sur la voie du développement ou si l'on déjà atteint. Il n'est plus possible pour certains d'entre eux de se cacher derrière la nécessaire obligation de nourrir leur population et d'offrir à leurs habitants des conditions de vie décentes. On sait aujourd'hui que les deux sont conciliables. Ce ne serait qu'un mauvais prétexte.
Mais, comment les pays exportateurs de pétrole et d'énergies fossiles comme l'Algérie peuvent tirer profit du développement durable ?
La question est intéressante. Comment tirer profit du développement durable ? Je répondrai tout simplement en développant les énergies durables qui sont déjà rentables. Il faut juste que les pays et les grands groupes pétroliers, gaziers, etc. se décident à changer de politique. Et nul n'ignore que changer les habitudes est difficile d'autant plus si des intérêts financiers sont en jeu, ce qui est évidemment le cas.
L'Algérie est un grand pays qui pourrait sans problème développer des énergies durables.
Il lui faut pour cela investir dans ce sens. Lorsque l'on apprend que les héritiers de l'empire pétrolier Standard Oil ont retiré tous leurs investissements dans le pétrole, le gaz ou le charbon et qu'aux Etats-Unis, ce mouvement de désinvestissement s'accélère, c'est bien la preuve que le vert est rentable. Nous pouvons faire confiance aux héritiers de Rockefeller pour savoir ce qu'ils font en matière d'investissement. Les énergies fossiles n'ont plus la côte. Quand l'économie flirte avec la morale, n'est-ce pas la perspective d'un beau mariage ?


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