L'accusation soutient que Abdelkader a infligé à la victime les coups qui ont entraîné les contusions pulmonaires diagnostiquées par le médecin légiste comme étant la cause de la mort. Le procès qui s'est tenu lundi dernier à la cour d'assises d'Oran n'est pas banal. L'occupant du box des accusés, B. Abdelkader, est un retraité de 70 ans poursuivi pour le chef d'inculpation de coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner. La victime, Z. Mohamed, est un autre septuagénaire qui a rendu l'âme au CHU d'Oran quelques jours après avoir eu une altercation avec l'accusé. L'accusation soutient que Abdelkader a infligé à la victime les coups qui ont entraîné les contusions pulmonaires diagnostiquées par le médecin légiste comme étant la cause de la mort. La défense affirme que Z. Mohamed était déjà gravement malade, souffrait d'une insuffisance cardiaque et de problèmes pulmonaires. La difficulté du procès réside dans l'absence de témoins directs de l'altercation ayant opposé, en juin 2015, les deux antagonistes. Personne n'a assisté à la scène et tous les témoins auditionnés ont assuré n'avoir rien vu. "Je l'ai effectivement giflé mais je n'ai rien fait de plus", reconnaît l'accusé à l'audience. La cause de cet acte de violence ? "Je venais d'enterrer mon fils de 28 ans que son petit-fils avait tué. Le lendemain, à 7h, j'étais devant la maison quand Z. Mohamed s'est approché de moi en souriant narquoisement. Au lieu de me présenter ses condoléances, il me raillait. J'ai vu rouge et je l'ai giflé. C'est tout ce qui s'est passé !" soutient l'accusé. Plus tard, rapporte l'arrêt de renvoi, les deux adversaires se retrouveront au commissariat du quartier où l'agressé admet avoir reçu une gifle de la part de son voisin mais refuse de porter plainte. L'affaire semble réglée. Pourtant, quelques jours plus tard, Z. Mohamed est hospitalisé en urgence pour des problèmes pulmonaires et décédera assez rapidement. La famille de la victime comme les enquêteurs y verront la conséquence de l'agression de B. Abdelkader. Celui-ci ne se serait donc pas contenté de gifler la victime. "Le compte rendu de l'expertise médicolégale évoque des contusions pulmonaires et un traumatisme à la base du crâne", assène le représentant du ministère public dans son réquisitoire. Par conséquent, l'accusé aurait menti sur l'importance des coups donnés et doit donc être condamné à 15 années de réclusion criminelle pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Le réquisitoire révolte la défense qui s'appuie également sur le rapport médical pour mettre en évidence "l'incongruité du lien établi par l'accusation" entre une gifle donnée cinq jours avant le décès de la victime et les contusions pulmonaires constatées par le médecin légiste. "La victime était gravement malade et il s'est passé trop de temps entre l'incident et le décès pour qu'on puisse logiquement établir un lien de cause à effet. Nous sommes face à une mort naturelle", ont plaidé les avocats en réclamant l'acquittement pur et simple de leur client. Après délibérations, le tribunal criminel d'Oran jugera que les faits incriminant B. Abdelkader ont été suffisamment démontrés et prononcera la peine de trois ans de prison ferme. S. Ould Ali