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Grine : "L'Autorité de régulation de la presse écrite, c'est moi" Alors que cette instance indépendante est prévue par la loi, le ministre s'y substitue et annonce qu'il va la supprimer
Le ministre ne propose ni plus ni moins qu'un amendement de la loi pour supprimer cette autorité, laquelle, par ailleurs, n'a jamais été mise sur pied. La célébration, hier, de la Journée mondiale de la liberté de la presse n'a pas été de tout repos pour le ministre de la Communication, Hamid Grine. Elle n'était surtout pas une opportunité pour lui de se recueillir à la mémoire des journalistes assassinés et, encore moins, un moment festif. Interrogé sur des questions d'actualité au Forum d'El Moudjahid consacré à cette journée, le ministre s'est, quelquefois, empêtré dans des incohérences, des contradictions et des approximations. Il s'est particulièrement emmêlé les pinceaux lorsqu'il a évoqué les instruments légaux qui devaient régir la corporation, comme l'Autorité de régulation de la presse écrite. Les explications que les journalistes ont sollicitées du ministre lors de son passage au Forum d'El Moudjahid l'ont poussé à adopter plutôt une posture défensive. Ainsi, le ministre a annoncé, contre toute attente, que l'Autorité de régulation de la presse écrite, telle que prévue dans la loi relative à l'information du 12 janvier 2012, n'a pas lieu d'être. Il explique que rares sont les pays qui adoptent ce genre de mécanisme pour régir la presse écrite. De fil en aiguille, le ministre ne propose ni plus ni moins qu'un amendement de la loi pour supprimer cette autorité, laquelle, par ailleurs, n'a jamais été mise sur pied. Le ministre est dans son plein droit de proposer un amendement d'une loi qu'il n'aime pas. Sauf qu'une loi ne peut être transgressée au seul motif que la tutelle se préparerait à l'amender. Une loi est faite pour être appliquée, d'abord, pour en tirer, ensuite, les enseignements nécessaires et décider de son maintien ou de son amendement. M. Grine justifie cette volonté d'amendement de la loi, pour en élaguer les articles relatifs à l'Autorité de régulation de la presse écrite qui, de son point de vue, "fait doublon" avec le ministère de la Communication. Sous d'autres cieux, plus respectueux de l'éthique professionnelle et de la liberté de la presse, il n'existe pas de ministère de l'Information et de la Communication. Mais, apparemment, le ministre n'a découvert "l'inutilité" de l'Autorité de régulation, prévue dans les textes de 2012, que tout récemment. En témoigne une de ses sorties sur le terrain. En juin 2015, alors qu'il était en visite à Mila, il avait annoncé que "l'élection de l'Autorité de régulation de la presse écrite ainsi que celle du Conseil d'éthique seront organisées entre les mois de septembre et d'octobre" de l'année écoulée. Mais c'est bien plus tard, quatre ans après la promulgation de la loi, que le ministre trouve des incohérences dans des articles qui n'ont jamais été appliqués. Dans le texte de la loi relative à l'information de 2012, dans son titre III, 18 articles, au total, ont été consacrés à l'Autorité de régulation de la presse écrite. Le premier stipule qu'"il est institué une Autorité de régulation de la presse écrite, autorité indépendante, jouissant de la personnalité morale et de l'autonomie financière". Ces articles définissent l'autorité, ses missions, ses attributions, sa composante... Le forum animé, hier, par le ministre de la Communication a été aussi une occasion pour lui de revenir sur l'affaire de la cession d'actions d'El Khabar. Il a insisté sur le fait que la transaction avec Ness-Prod "est illégale" et que si la justice décidait de la fermeture d'El Khabar, son département "appliquera la loi". Le ministre s'en est pris, au cours du même forum, avec virulence à trois quotidiens (Liberté, El Watan et El Khabar, sans les citer) qu'il qualifie de "groupe de pression" et de "lobby", qui excelle "dans la diffamation, l'insulte et l'invective". "Ces journaux constituent un trio uni dans la haine de l'Etat", a encore dit, nouveau grave dérapage, le ministre. Mohamed Mouloudj