Et si l'affaire El Khabar était en train de ressusciter le combat pour la liberté de la presse et les libertés tout court qui a connu son apogée vers la fin des années 80 et début 90 ? En tout cas, un élan de solidarité pour la sauvegarde de ce journal parmi les plus en vue sur la scène médiatique est né au moins depuis le 2 mai, date de la première audience de ce procès intenté contre le Groupe El Khabar par le ministère de la Communication pour avoir cédé une partie de ses actions. Hier encore, des dizaines de journalistes, de photographes et de cameramen des médias indépendants, soutenus par des représentants de partis politiques d'opposition et d'acteurs engagés de la société civile, se sont rassemblés devant le tribunal administratif de Bir-Mourad-Raïs où devait se dérouler la quatrième audience de ce procès qui se verra renvoyé, une nouvelle fois, au 8 juin prochain. C'est le troisième renvoi, en effet, après ceux des 2 et 11 mai. Banderoles et autres écharpes à la main sur lesquelles on pouvait lire "Nous résistons et refusons la hogra" ou encore "El Khabar : voix du peuple et fierté de l'Algérie", de nombreux représentants de la corporation ont, en effet, déserté leurs rédactions pour investir les espaces jouxtant le siège du tribunal pour exprimer leur solidarité avec ce confrère incontournable du paysage médiatique national. Comme lors des briefings rédactionnels, les journalistes analysent, chacun de son côté, ce procès chargé d'interrogations et de non-dits. Ce procès en référé mais dont, comble de paradoxe, on tarde à prononcer le verdict. "Ils vont certainement encore le reporter. Le pouvoir veut jouer la montre", suggèrent certains avant même l'ouverture de la séance, programmée pour 10h. Cela n'empêche pas d'autres de croire à l'éventualité de voir la justice prononcer, enfin, le verdict. De leur côté, les nombreux photographes et cameramen ne voulaient rater aucune séquence de ce moment historique. Les flashs crépitaient de partout et de manière quasi ininterrompue. La foule grossissait au fur et à mesure que le procès "avançait" à l'intérieur du tribunal où d'autres confrères, nombreux, étaient entassés pour couvrir l'événement. L'impressionnant dispositif policier, digne des grandes manifestations populaires, mis en place pour l'occasion, va s'avérer inutile car la foule ne perturbera à aucun moment l'ordre public. Tout en attendant, impatients, de connaître l'épilogue du procès, les journalistes, certes, venus par solidarité, étaient plutôt occupés à exercer leur métier en faisant réagir les acteurs politiques et autres personnalités présents sur les lieux. À l'image, notamment, des membres des directions respectives du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et du Parti des travailleurs (PT), dont Mohcine Belabbès et Louisa Hanoune. On a aussi remarqué la présence de plusieurs personnalités dont Khalida Toumi, Zohra Drif-Bitat et d'autres. La foule se dispersera, dans le calme, vers 11h30 à l'issue de l'audience qui prendra fin plus vite que prévu à la suite de la décision de renvoyer, encore une fois, le procès au 8 juin prochain. Cette date est déjà retenue comme celle du prochain rendez-vous qui réunira encore une fois les professionnels de la corporation. F. A.