Le chiffre est édifiant : 47% des médecins, dont 17% des médecins femmes, sont des fumeurs potentiels. C'est ce qu'a révélé une enquête menée dans 7 grands hôpitaux du Grand-Alger par la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem) que préside Mustapha Khiati. Cette étude menée à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le tabagisme indique que sur 1 023 médecins interrogés, pas moins de 97% consomment du tabac en cigarettes alors que 23% consomment du tabac à chiquer. Mieux, 68% des médecins fumeurs le font occasionnellement, alors que 16% des fumeuses le sont au quotidien. Sur ce chiffre global, 67% des médecins consomment une moyenne d'un paquet (20 cigarettes), 22% un demi-paquet et seulement 3% fument 3 cigarettes/jour. À la question de savoir à quelle période cette frange de la société a connu cette dépendance, 37% des médecins avouent avoir commencé par curiosité contre 24% des fumeuses, 4% pour le prestige contre 47% des fumeuses et 7% estiment avoir imité les parents dont 5% pour les fumeuses. Aussi, révèle l'étude de la Forem, 72% des médecins consommateurs ont indiqué avoir connu des fumeurs dans leur propre entourage, et ce, même si 82% des cas ont avoué que leurs parents leur interdisaient de fumer. Pis encore, et à la question de savoir où les médecins consomment généralement le tabac, 6% ont répondu qu'ils fument en milieu de travail, comme les bureaux et leur service, 15% dans les toilettes et 79% à l'extérieur des hôpitaux. Aux yeux des médecins interrogés, 81% considèrent que le tabac est un tranquillisant et 2% comme un stimulant. En ce sens, 65% des cas estiment que la consommation du tabac influence positivement sur le travail et le rendement, et ce, même si 99% des sujets interrogés ont avoué que la consommation du tabac est nuisible pour la santé et ont l'intention d'arrêter de fumer. Au-delà de cette enquête qui a eu le mérite de mettre en lumière une frange qui connaît les dégâts que pourrait causer l'acte de fumer, le président de la Forem a indiqué que "la lutte contre le tabagisme ne peut se limiter à quelques lois ou quelques augmentations des prix des cigarettes. C'est d'abord une éducation et une sensibilisation. Tout en plaidant pour davantage d'implication du corps éducatif pour contrer ce fléau "aux coûts social et économique exorbitants", M. Khiati a révélé qu'"il n'y a plus d'enfants vendeurs de cigarettes dans la rue, mais il y a de plus en plus de fumeurs". En outre, M. Khiati a indiqué que "l'interdiction de fumer dans les écoles à tous les niveaux et dans tous les espaces doit être la base de toute politique contre le tabagisme (...) L'application de la loi doit être rigoureuse et les amendes réellement perçues. Là aussi, on est bien loin du compte". FARID BELGACEM