Être au service des puissants n'est pas toujours chose aisée, même si on a le sens de la diplomatie : la vie de philippe de Commynes en atteste. Après avoir été jeune écuyer et conseiller du Duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, Commynes passa au service de Louis Xl et perdit tous ses biens. Habile, il reconstitua sa fortune ; à la mort de Louis Xl, devenu conseiller de Charles Vlll, il choisit de s'allier avec le Duc d'Orléans, futur Louis Xll, et perd une nouvelle fois une partie de son patrimoine et se retrouve même en prison. Conseiller et diplomate, il fut un observateur privilégié de l'histoire politique et économique de son temps qu'il choisit de relater dans ses Mémoires (1489-1498). C'est sans doute cette observation du monde des rois et des princes, mais aussi les multiples aléas de sa vie qui l'ont conduit à affirmer dans cet ouvrage que "la fin justifie les moyens", ce qui pour certains s'apparentera à du cynisme pur et, pour d'autres, à une conception réaliste et pragmatique de la politique. Machiavel (1469-1527), un autre théoricien de l'art de gouverner : "Il faut donc qu'un prince qui veut se maintenir apprenne à ne pas toujours être bon, et en user bien ou mal, selon la nécessité." (Le Prince, 1532).