Résumé : Hakim prend Meriem au dépourvu on lui dévoilant qu'il nourrissait de profonds sentiments envers eIle. Il lui parle de ses projets, et lui dévoile ses intentions de prendre son avenir en main. Sa mère s'était déjà assez sacrifiée pour eux... Meriem acquiesce : -C'est une femme qui ne se repose jamais... On devrait penser à lui proposer quelques jours de vacances. -Où ça ? -Eh bien, je me ferais un plaisir de l'accueillir à Paris. Nous avons un grand appartement maintenant, et tante Taos se sentira très à l'aise... Hakim se met à rire : -Ma mère à Paris ? -Pourquoi pas ? Hakim secoue la tête : -Ma mère ne consentira jamais à quitter le village... Et puis, à Paris, elle se sentira tellement dépaysée, qu'elle regrettera d'être venue... -Je ne la quitterai pas d'une semelle... -Même dans ce cas, elle ne se sentira pas à l'aise. La seule chose que tu pourras faire pour elle, c'est de consentir à m'épouser... Elle en serait enchantée... La phrase était lancée sans préambule... Rien ne prédisait cette proposition impromptue. Hakim tenait fermement le volant, et conduisait sans se départir de son sourire... Meriem demeure interdite... Elle se demandait si elle avait bien entendu, ou si son imagination lui jouait des tours. Mais les soubresauts du véhicule et la route en lacet qui menait vers le village lui confirmaient qu'elle vivait un tournant dans sa vie... Une demande en mariage ! Elle venait de boucler ses vingt-deux ans et de décrocher son diplôme ! Le mariage pour elle demeurait encore loin... À vrai dire, l'idée ne l'effleurait même pas. Elle se surprenait parfois à penser à ce bébé qu'elle avait mis au monde il y a quelques années... S'il avait vécu, que serait-elle devenue ? Elle n'aurait sûrement pas pu réaliser ses ambitions, et ses études ne seraient plus qu'un souvenir lointain... Cette pensée lui avait fait détester l'idée de se marier un jour... Et maintenant ? Elle regarde le profil de Hakim... Un bel homme. Un jeune plein de vie et de bonne volonté... Un homme qui pourrait bâtir son existence sur des bases solides. Et cette existence, il veut la partager avec elle ! -Tu es confuse ? Tu ne réponds pas ? Elle secoue la tête : -Je suis plutôt surprise... -Donc, tu ne penses jamais à moi, Meriem... -Si... Si... je... je pense à toi. Mais je... je ne pouvais deviner... -Que j'allais te demander en mariage aussi hâtivement? -Heu... Oui... C'est ça... Je... je ne m'y attendais pas... Hakim se tut, puis demande : -Tu as quelqu'un dans ta vie, Meriem ? -Hein ? Je... j'ai quoi ? -Je veux dire, si tu es en relation avec un autre jeune... En France, les unions libres sont légion et... -Non ! Elle l'avait interrompu d'un ton si brutal qu'il se retourne vivement vers elle : -Ne te fâche pas... J'ai lancé cette question comme ça... Et puis, entre jeunes, nous nous comprenons, n'est-ce pas ? Elle se mordit les lèvres, puis reprend d'une voix plus calme : -En France, mon père surveille toutes mes fréquentations... Même si je vis dans un pays où, comme tu dis, les unions libres sont légion, l'éducation que j'ai reçue est imprégnée de nos valeurs ancestrales. Je respecte trop le legs de nos aïeux pour badiner avec nos mœurs... Je suis désolée de le constater, mais tu me connais très mal Hakim. Désarmé, le jeune homme s'arrête sur le bas- côté de la route et essuie son front en sueur. Il avait parlé sans réfléchir et il le regrettait : -Excuse-moi Meriem. Je ne suis qu'un imbécile. Un homme jaloux et égoïste. L'idée que tu puisses appartenir à quelqu'un d'autre me rendait fou. (À suivre) Y. H.